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95. (1788) Sermons sur les spectacles (2) « Sermons sur les spectacles (2) » pp. 6-50

Je sais, mes Frères, que la plupart des pièces de théâtre sont exemptes de ces grossières équivoques, de ces paroles licentieuses qu’on y entendoit autrefois ; les mœurs de notre siècle devenues plus décentes, sans être, en effet, plus pures, ont exigé qu’on donnât un frein à l’impudence, & qu’on retranchât ce qui choquoit trop ouvertement l’honnêteté. […] rend-elle la morale du théâtre plus pure & plus conforme à celle de Jésus-Christ ? […] Appliquez-vous à vous-mêmes, mes Frères, cette réflexion : le Spectacle ne fait point sur vous d’impression dangereuse ; mais il en feroit sur un cœur pur & encore novice dans la connoissance du mal ; mais il en fait sur cette jeune personne que vous y conduisez ; il lui fait éprouver un sentiment jusqu’alors inconnu ; il remplit son esprit d’une curiosité inquiète, son cœur de désirs confus, son imagination de fantômes importuns.

96. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Les idées de la morale la plus pure (la plus licencieuse) font sur elles une impression d’autant plus profonde, que l’instruction ne se présente que sous la forme du plaisir (c’est son poison). […] De jeunes personnes bien élevées & pleines de candeur donnent à leurs personnages un caractère de vérité que ne peut imiter qu’imparfaitement tout l’art des Actrices, ce n’est qu’à des ames innocentes & des voix pures (elles cesseront bien-tôt de l’être) qu’il convient d’emprunter le langage de la vertu. […] tout cela peut former des mœurs pures, & enseigner une morale évangélique.

97. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « La criticomanie — Autres raisons à l’appui de ce sentiment, et les réponses aux objections. » pp. 154-206

La plus dangereuse est la peinture à faux, dramatique, de l’homme et de la société, ou cette infidélité des tableaux vivants qui sont censés être ceux des mœurs ou de la vie commune de tel rang, de telle corporation, ou de tel âge ou bien de telles personnes que la malignité désigne, et qui vont être décriées, flétries, peut-être mises au désespoir ; il consiste aussi dans la solennité et l’éclat des représentations, avec tous les prestiges du théâtre ; c’est encore en réunissant la fiction à la vérité, en accumulant à plaisir les vices, en les combinant et faisant supposer une liaison naturelle entre eux ; c’est l’éternelle image des passions humaines les plus honteuses sous les traits sacrés de la vertu qu’enfin on ne croit plus voir nulle part qu’en apparence, que l’on méconnaît et décourage par trop de défiance, ou qu’on insulte par malignité ; enfin, c’est en créant ainsi et faisant agir avec toute l’énergie possible, sous les yeux de la multitude des personnages monstrueux qui servent d’excuse et d’encouragement aux méchants, qui font horreur aux bons et, comme je l’ai déjà dit, portent l’agitation dans les esprits faibles, l’inquiétude ou l’animosité dans les cœurs, exaltent la tête de tous, et vont de la scène publique provoquer la persécution, porter les désordres dans les scènes privées de la vie, où toutes les passions excitées imitent la hardiesse des auteurs, cherchent à réaliser leurs chimères jusques sur la vertu la plus pure : « Là de nos voluptés l’image la plus vive ; Frappe, enlève les sens, tient une âme captive ; Le jeu des passions saisit le spectateur ; Il aime, il hait, il pleure, et lui-même est acteur. » Voilà plus clairement comme il arrive que ces critiques vantées manquent leur but, sont de nul effet contre le vice audacieux, sur l’hypocrite impudent qui atteste Dieu et la religion en faisant bonne contenance au rang des victimes nombreuses des aggressions aveugles et des calomnies effrontées. […] Voilà ce qu’on nous dit dès l’âge le plus tendre, et ce que nous apprenons dans nos premières lectures ; or cet avis d’une source divine et pure que tant d’exemples malheureusement justifient et rappellent continuellement à tout le monde, et que, d’ailleurs, on peut souvent renouveler par cette méthode calme qui réveille l’attention sans réveiller les passions et les porter à confondre l’apparence avec la réalité ; cet avis, dis-je, était suffisant à cet égard, et rendait inutiles les leçons magiques et inflammatoires du théâtre.

98. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Du Législateur de Sans–souci. » pp. 93-109

Parmi ces empêchemens, il en est de droit divin comme le premier degré de parenté ; il en est de droit naturel, comme l’erreur, la violence ; de l’objet & de la nature du mariage, comme l’impuissance ; de droit ecclésiastique, comme le crime, la difference de religion ; de pure discipline, comme le temps prohibé de l’Avent & du Carême, (que ce Prince a abrégé de son autorité), la publication des bans ; il en est qui sont secrets, tels que l’adultere avec la promesse du mariage, l’homicide pour se remarier ; qu’on n’ira certainement pas confesser au Secretaire d’Etat du Roi de Prusse, au risque de se faire pendre, &c. […] La branche vaut mieux que le tronc, le ruisseau est plus pur que la source ; une dispense de ce caractere n’est pas nouvelle dans le Luthéranisme.

99. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Avertissement. » pp. -

L’homme de génie, guidé par un sentiment pur, par un enthousiasme qui tient de l’instinct, suit les principes de son art, quoique leur influence soit insensible.

100. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XI. De l’amour & de ses impressions dans le Poéme Tragique. » pp. 165-178

Et comme il est plus aisé de descendre du grand au moindre, que de monter de celui-ci à celui-là, on peut d’avance leur répondre qu’alors ils partageront la gloire des maîtres de l’art, qui nous ont laissé des chefs-d’œuvres dans la Tragédie de pure action, & dans la Tragédie épisodique.

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