Tertulien, celui de tous les Peres qui a le plus écrit contre les Spectacles, & l’un des premiers en date, se borne, il est vrai, jusqu’au quatorziéme Chapitre de son Livre, à l’idolâtrie où l’on tomboit en se mêlant avec les Spectateurs ; mais à la suite il démontre le vice du Théâtre indépendamment des superstitions payennes dont il étoit pour lors infecté.
Jugez-en par vous-même : quelle femme vous plairoit davantage, ou celle qui se livre au premier mot, ou celle qui résiste & combat long-temps avant de se rendre, & par ses combats & ses résistances augmente l’amour, enflamme les désirs ?
En me servant de l’expression de Montagne, qui n’est pas noble, mais énergique, je dirai que si nos premiers Poëtes Dramatiques eussent frotté & limé leur cervelle contre celle des anciens Grecs, plutôt que contre celle des Italiens & des Espagnols, nous n’eussions pas eu des Opera, des Comédies sans comique, & tant de Tragédies galantes.
Par conséquent relâchement de travail : premier préjudice.
J’avais cherché à me convaincre moi-même, qu’on peut rendre instructive une passion aussi criminelle que celle de Phèdre ; la critique juste et solide d’un de mes amis m’a éclairé et m’a fait revenir à mon premier sentiment, qui était de croire cette Pièce insoutenable sur le nouveau Théâtre ; surtout quand je donne l’exclusion à des Tragédies qui, en comparaison de celle de Phedre, mériteraient presque d’être placées parmi celles que je conserve.
Il se tient derriere le fauteuil du Roi dans les assemblées ; il a les entrées par-tout & les honneurs de premier Gentilhomme de la Chambre ; il a toute inspection & autorité sur les Acteurs, Actrices, Danseurs, Tabarins, armée brillante, dont il est Général. […] On ne connoit dans ces heureux climats ni le luxe dévorant, qui dépouille la nature de tout ce qu’il prodigue à la vanité, ni cette licence d’opinions, qu’on peut appeler ce second luxe de notre siécle le luxe des esprits, parce qu’il marche toujours à la suite du premier, mais encore parce qu’il est le grand abus de la raison, comme l’autre est le grand abus des richesses.