Qu’on présente à une compagnie des estampes de toute espece, chacun s’arrêtera à ce qui lui plaira d’avantage. c’est une pierre de touche pour en faire le discernement ; les images font une compagnie ; on ne se plaît qu’avec des amis ; on ne se lie qu’à ce qui est d’intelligence avec notre cœur. […] Mais la plupart sont mauvaises, & c’est par-là qu’elles plaisent. […] Dans la parure mondaine & dans les nudités, personne n’ira révérer une sainte, admirer un Apôtre ; & dans la pudeur, la simplicité, qui devineroit la Déesse de Cythère : autant que l’une cherche à plaire ou plutôt à séduire, autant l’autre craint pour elle-même & pour les autres, les moindres occasions de péché. […] Les songes, il est vrai, ne sont pas des actions libres, puisque l’homme est alors plongé dans le sommeil, & par conséquent ils ne sont pas des péchés par eux-mêmes ; mais comme l’esprit s’occupe ordinairement dans le sommeil, des mêmes objets dont il s’occupoit pendant le jour ; les songes sont communément le portrait du cœur, & le fruit des passions, ils les entretiennent même, & il n’est pas rare qu’on se les rappelle pendant le jour, & qu’on se plaise dans l’impression voluptueuse qu’ils ont pu faire ; ils peuvent donc être volontaires dans leur principe, quand on s’est volontairement occupé de l’objet criminel qui les a produit, ou dans leurs suites, lorsqu’on se rappelle volontairement, pour goûter encore les plaisirs criminels qu’ils ont fait goûter en dormant, les songes font alors un très-grand mal ; les rêves sont des peintres qui copient les originaux, les multiplient, les embellissent, les rendent plus piquants ; source féconde de péché, que la peinture & la sculpture ouvrent sans cesse.
Comment se peut plaire en ces images d’impudicité, celui qui ne doit pas même avoir les vices en la pensée ? […] Examen des palliations et prétendues justifications, de ceux qui se plaisent aux jeux comiques et tragiques de ce temps. […] Ou certes, si nous savons que ces turpitudes plaisent à Dieu, je n’empêche pas que nous les fassions sans cesse. […] Pensons-nous qu’une joie simple soit infructueuse, pour ne nous plaire à rire, sinon en offensant Dieu ? […] Et plût à Dieu que ces choses eussent seulement été faites ci-devant, et qu’enfin la débauche Romaine cessât de les faire !
Si quelques Auteurs du Théâtre Français voyent mourir leurs pièces à l’instant qu’elles viennent de naître, c’est qu’ils n’ont pas sçû démêler si l’événement qu’ils prenaient pour leur action plairait aux Spectateurs, ou les révolterait. […] Ils seront certains de plaire, d’attâcher d’avantage. […] Cette Pièce prouverait que des Riens nous plaisent & nous occupent. […] Au-lieu qu’en travaillant sur un modèle fait de main de maître, ils feraient moins de fautes & plairaient d’avantage.
Plut. […] Plut. des quest. […] Plut. de glor.
On le voyoit dans les rues chanter & danser avec le premier venu, comme les bohémiens & les chantres du Pont-neuf ; il devenoit amoureux de toutes les jolies filles, se déguisoit de mille manieres, il faisoit cent folies pour leur plaire ou tromper leurs parens, en officier, en magistrat, en marchand, &c. […] Notre seul but est de vous plaire ; Animez nos foibles accens, Divin Voltaire. […] Mais, ajoute-t-il, si on juge à propos de faire usage de ces exercices, tout dangereux qu’ils sont, il faut 1°. oublier qu’on donne un spectacle, il ne faut agir que pour agir, non pour plaire : le soin de plaire distrait & en fait manquer les moyens . […] Quel acteur, quelle actrice ne va fouiller dans cette mine de vices, & n’en tire dequoi plaire & égayer. […] Ses poësies, dit ce critique, ne plaisent que sur le théatre, & n’ont aucun mérite à la lecture ; parce qu’elles ne consistent qu’en images, pantomimes & ariettes, & ne disent rien à l’esprit.
Comme vérités originales les Spectacles seroient très-insipides & très-froids ; il n’y a que sous la forme d’image de ces mêmes vérités, qu’ils plaisent. […] Il est indigne d’elle de chercher à séduire : quand une représentation plaît ; c’est qu’elle est exacte. […] Non : c’est une occupation réelle, qui à la vérité, n’en a pas l’amertume, parce qu’elle plaît ; mais au fonds elle en a l’esprit & le caractère. […] La Promenade commence par plaire, & finit communément par ennuyer. […] L’amour ainsi présenté choque toujours & refroidit, loin de plaire & d’amuser.