Un jour on y représenta la bataille de Pavie, on y faisoit paroître François I demandant la vie au Capitaine Espagnol, qui lui renoit le pied sous la gorge.
Quelle est cette renommée portée au pied du trône, qui vole dans toute la France, affichée dans les Journaux, que le Messager des Dieux, avec son caducée & ses talonnieres, fait rouler d’Académie en Académie ?
Dans ce tableau on voit une grande salle (le bal de l’opéra) jonchée de fleurs, éclairée par des lustres ; d’un côté des filles qui dansent, d’un autre des gens à table, d’autres enfin qui écoutent des instrumens de musique (un Wauxhal) ; Comus au milieu, couronné de roses, comme tous les autres, la joie dans les yeux, le souris sur les lèvres, enivré de plaisir, se soutenant à peine sur ses pieds, s’appuyant d’une main sur un épieu, tenant nonchalamment de l’autre un flambeau allumé qu’il laisse pancher.
La raison, enivrée, enchaînée de fleurs, est couchée à ses pieds.
Comme si on y faisait un aveu, que le Théâtre ne peut subsister sans galanterie, on crée un personnage, un Misaël amoureux de Judith, un jaloux follement transporté, pour ne la quitter jamais, et pour lui faire tenir le langage des amants sans religion, se prosterner aux pieds de Judith372, l’appeler beauté immortelle, faire cent réflexions sur ses appâts, et ne parler que de mouvements jaloux qui l’agitent sans cesse 373, c’est son caractère et l’exercice qu’on lui donne.
Il faut être au courant ; passionner le vice, le jetter aux pieds de l’idôle, & la couvrir de diamants, pour être cité comme un homme essentiel, dans les coulisses de l’Opéra.