L’Auteur des Essais de Morale se plaint d’abord de la corruption de son siècle, qui est venue jusqu’à l’excès de vouloir allier la piété Chrétienne avec l’esprit du monde, par l’entreprise de vouloir justifier la Comédie.
Du côté du cœur & des bonnes mœurs, c’est encore pis ; il detruit la pudeur, la religion, la sincérité, la charité, l’humilité, la douceur, le goût de Dieu, la pensée des choses saintes, l’amour de la pauvreté, de la pénitence, la lecture des bons livres, les pratiques de piété, des Sacremens, l’étude, la parole divine, en un mot tout l’Evangile. […] La Danse, le Poëte, le Mercure, qui le rapportent avec éloge, écoutent-ils ici les loix de la décence & les regles de la piété ?
Il se moque très-mal-à-propos d’une pratique louable, observée en bien des endroits, de bénir le lit nuptial le jour des noces, & du conseil donné quelquefois aux nouveaux mariés qui ont de la piété, de passer les trois premieres nuits dans la continence. […] Les paroles de son prétendu sermon, qu’assurément cet Ecrivain n’a pas vu, ne sont point du tout de son style, plein de noblesse dans ses réponses, plein d’onction dans ses ouvrages de piété ; c’est le style de Poisson, principal Acteur de la Colonie.
On pourra nier cette conséquence et dire qu’il y avait un milieu entre s’acquitter de tous les devoirs que la religion et les autres vertus prescrivent, et s’abandonner aux désordres de la dernière école, se vautrer dans la fange du vice ; qu’il était possible de garder la pureté de son âme, de rester attaché de cœur aux principes, à la sagesse, à la piété, aux mœurs ; qu’il suffisait, pour éviter la persécution, de s’abstenir des vertus pratiques, en s’isolant des deux partis, en fuyant également les disciples des écoles qui étaient aux prises, et leurs errements, ou leurs exercices et habitudes, etc.
Cette Abbaye fut si célebre par la piété qui y régnoit, que le fils du Roi d’Aragon vint si faire Moine.
La Comédie est entièrement opposée à l’esprit du Christianisme, et détruit les maximes fondamentales de la piété.