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128. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XVII.  » pp. 471-473

Je l'ai vu, j'ai vengé mon honneur et mon père; Je le ferais encor, si j'avais à le faire. » C'est par la même corruption d'esprit qu'on entend sans peine ces horribles sentiments d'une personne qui veut se battre en duel contre son ami, parce qu'on le croyait auteur d'une chose dont il le jugeait lui-même innocent. […] Telle est de mon honneur l'impitoyable loi, Lorsqu'un ami l'arrête, il n'a d'yeux que pour soi, Et dans ses intérêts toujours inexorable Veut le sang le plus cher au défaut du coupable. » Personne aussi ne s'est jamais blessé de ces paroles barbares d'un père à un fils, à qui il donne charge de le venger.

129. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XX.  » pp. 478-479

Car si personne ne doute que ce ne fût une vie très criminelle que celle d'un homme qui ne ferait que manger, et qui serait à table depuis le matin jusqu'au soir ; ce que le Prophète condamne par ces paroles : « Vae qui consurgitis mane ad ebrietatem sectandam, et potandum usque ad vesperam » ; il est facile de voir que ce n'est pas moins abuser de la vie que Dieu nous a donnée pour le servir, que de la passer toute dans ce qu'on appelle divertissement ; puisque le mot même nous avertit qu'on ne le doit rechercher que pour nous divertir et nous distraire des pensées et des occupations laborieuses, qui causent dans l'âme une espèce de lassitude qui a besoin d'être réparée. […] Car il est visible qu'ils n'y vont pas pour se délasser l'esprit des occupations sérieuses, puisque ces personnes, et particulièrement les femmes du monde, ne s'occupent presque jamais sérieusement.

130. (1675) Traité de la comédie « XX.  » pp. 306-308

Car si personne ne doute que ce ne fût une vie très criminelle que celle d'un homme qui ne ferait que manger, et qui serait à table depuis le matin jusqu'au soir, ce que le Prophète condamne par ces paroles : « Vae qui consurgitis mane ad ebrietatem sectandam, et potandum usque ad vesperam » ; il est facile de voir que ce n'est pas moins abuser de la vie que Dieu nous a donnée pour le servir, que de la passer toute dans ce qu'on appelle divertissement ; puisque le mot même nous avertit qu'on ne le doit rechercher que pour nous divertir, et nous distraire des pensées et des occupations laborieuses, qui causent dans l'âme une espèce de lassitude qu'on a besoin de réparer. […] Car il est visible qu'ils n'y vont pas pour se délasser l'esprit des occupations sérieuses; puisque ces personnes, et particulièrement les femmes du monde ne s'occupent presque jamais sérieusement.

131. (1788) Sermons sur les spectacles (2) « Sermons sur les spectacles (2) » pp. 6-50

Mais ce reproche, ne pouvons-nous pas l’adresser à une infinité de demi-Chrétiens qui veulent concilier Jésus-Christ & le monde, & jouir tout-à-la-fois des divertissemens du siècle, & des consolations de la piété ; à ces personnes de l’un & de l’autre sexe que l’on voit, tantôt prosternées aux pieds des saints Autels, priant avec des démonstrations de piété & de ferveur, écoutant avec respect la parole du salut ; & tantôt confondues dans la foule des mondains, imitant leur luxe & leurs vaines parures, prêtant l’oreille à leurs fausses maximes, partageant leurs plaisirs les plus frivoles & les plus dangereux ; à ces personnes, par exemple, qui, après avoir satisfait aux devoirs extérieurs de la piété, ne croient point en perdre le fruit & le mérite, en assistant aux Spectacles du théâtre ; & qui regardent comme permis & innocent, ce que l’Eglise a toujours condamné avec tant de sévérité ? […] Autant vous avez de goût pour les Spectacles, autant vous avez de mépris pour ceux qui vous les donnent ; & il n’est personne parmi vous qui n’aimât mieux voir ses enfans dans le tombeau que sur le théâtre. […] N’avons-nous pas entendu des hommes du monde reconnoître qu’on ne pouvoit y être attiré que par l’appas même de la licence, & avouer qu’en grossissant la foule des spectateurs, ils auroient eu honte d’y conduire les personnes dont ils avoient intérêt de conserver l’innocence & la vertu ? […] Les personnes qui ont eu le malheur de fréquenter les Spectacles, savent mieux que moi que ces maximes sont la corruption même, réduite en art & en systême ; & celles dont les oreilles n’ont pas encore été souillées de ces discours anti-Chrétiens, n’ont rien de plus à désirer que de les ignorer toujours. […] N’en seroit-ce pas un, mes Frères, & même un des plus affligeans pour la religion, de retrouver au théâtre les mêmes personnes qui nous édifient maintenant dans cette Assemblée.

132. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Suite d’Anecdotes Ecclésiastiques. » pp. 106-132

La sensibilité des personnes intéressées lui avoit donné un éclat momentané qu’elle ne méritoit pas. […] Il étoit malin, médisant, fertile en sarcasmes, sans égard pour personne. […] Ninive écouta la voix de Jonas, & un grand nombre de personnes se convertirent sincerement. […] La beauté même de tous ces êtres, quoiqu’attachée à votre personne, n’est pas à vous. […] De quatre cens personnes il ne s’en sauva que sept sur quelque planche, qui, après avoir vogué sept à huit jours, aborderent enfin sur la côte du Bresil.

133. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE IV. Suite des Masques. » pp. 82-109

L’ordonnance de François I, 1539, défend à toute sorte de personnes de recevoir & de loger des gens masqués & déguisés, d’aller masqué & déguisé dans les villes & campagnes, sous peine de confiscation de corps & de biens. […]  198, veut que l’on sonne le tocsin sur les personnes masquées, & qu’elles soient arrêtées sur le champ & punies. […] Dieu réprouve la confusion des sexes, des personnes, par des déguisemens, sur-tout dans l’homme, qu’il a fait à son image. […] Le véritable mot Latin pour exprimer le masque de théatre, c’est persona, personatus, qui marque le visage qu’on prend pour jouer un rôle, & tendre la personne, le personnage qu’on joue. […] Ne sont-ce pas les personnes les plus impudiques qui aiment le plus les travestissemens, parce qu’ils y trouvent l’aliment de la concupiscence dans l’image de l’objet qu’ils aiment ?

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