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116. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

Qu’il n’est pas permis aux Ecclesiastiques d’y aller, non plus que d’assister aux farces, aux boufonneries & aux Marionnettes. […] Et Aristotem ne veut pas que les Legislateurs permettent aux enfans d’aller aux Comédies, ni aux Tragédies. […] Parce qu’ils sont moins honnêtes que la comédie, à laquelle il ne leur est pas permis d’aller. […] Les attouchemens que l’on croit illicites en d’autres rencontres, semblent devenir permis au bal. […] Faisons voir maintenant aux Ecclesiastiques que la danse leur est encore plus particulierement défenduë, & qu’il ne leur est pas même permis d’y assister.

117. (1607) Prologue de La Porte, Comédien

Les Princes en général y consentent ; les Gouverneurs de ses provinces les favorisent, et les magistrats les permettent, en temps et lieu toutefois, et sans rien confondre du nécessaire au délectableak. […] Migne, tome 3, col. 1184-1185, mais le texte est différent), « Le jeu est nécessaire à la conservation de la vie humaine et au commerce des hommes ; mais on peut choisir, parmi les occupations permises, celles qui sont nécessaires à la conversation des hommes. […] [NDE] Le roi permet aux comédiens de manier l’épée devant lui (sous-entendu : si leur rôle le demande), comme ils le font sur cette scène de théâtre où La Porte parle : tirer l’épée est un privilège de la noblesse, et c’est un crime de lèse-majesté que de le faire en présence du roi. […] [NDE] Comprendre : les magistrats permettent les représentations, mais dans les moments et les lieux appropriés, et sans introduire de confusion entre ce qui relève de l’utile (les affaires, la piété) et ce qui relève des distractions.

118. (1694) Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie, avec une réfutation des Sentiments relachés d’un nouveau Théologien, sur le même sujet « Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie. » pp. 1-132

Le Conseil de conscience soussigné, estime que les demandes de l’exposé dépendent d’une principale, qui est de savoir si la Comédie est une chose permise ou non ? […] Jamais les Pères, ni les Conciles ne sont demeurés d’accord que les Comédies fussent permises ou que l’usage en fût quelquefois licite. On trouve des Canons12 qui permettent à quelques personnes, dans la vue de quelque utilité et non de quelque plaisir, qui permettent, dis-je, de lire les Comédies et les Fables des Anciens ; mais on n’a jamais permis d’assister aux Comédies et d’en être spectateurs. […] La seconde est, qu’on ne peut pas dire non plus que Saint Charles ait défendu les Comédies de son temps, par rapport seulement aux grandes impuretés dont elles étaient remplies, puisque ceux qui entreprennent la défense de la Comédie et de la justifier, prétendent que ce grand Prélat ne la condamne que pour les Fêtes et pour les heures du Service divin, et qu’il l’a cru permise les autres jours ; il faut donc supposer que ces grandes impuretés et ces grandes dissolutions n’étaient pas dans ces Comédies : car autrement ce grand Saint ne les aurait pas cru permises les autres jours. […] S’il n’est pas permis d’aller à la Comédie, au moins quelquefois, dira-t-on, il ne reste presque plus de divertissement dans une grande Ville comme Paris, où il y a beaucoup de gens qui sont occupés à des travaux purement d’esprit.

119. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre V. Autres Mêlanges. » pp. 121-140

L’obligation n’est pourtant pas réciproque ; le Théatre régulier n’a garde de l’interdire, les écarts qu’il permet & son zele pour la régularité n’empêchent pas qu’il ne fasse des excursions sur les terres de la bouffonnerie, & ne mêle les lazzis de l’Arlequin à la majesté d’Auguste, & le dérangement des fragmens aux regles d’Aristote, & par-tout les graces & la bonne volonté des actrices aux maximes de la morale & aux vertus des héros. 3°. […] Pourquoi ne permettre au génie de se faire entendre que dans un lieu, tandis que les sottises & le mauvais goût ont tant d’endroits pour étaler leurs malheureuses productions ? […] Comme s’il étoit plus permis d’être vicieux aux forains qu’aux citoyens, aux ambulans qu’aux permanens, comme si l’on devoir tolérer la licence sous le nom de gaieté, & approuver une gaieté dont le caractere est la licence. […] Vous n’êtes pas venue à l’âge où je vous vois Sans vous être permis quelque essai de vos droits. […] On nous permettra de quitter brusquement cette triste ville où nous plaignons sincerement l’auteur de s’être ennuyé pendant treize ans.

120. (1687) Instruction chrétienne pour l’éducation des filles « CHAPITRE XIII. Des jeux, des spectacles, et des bals, qui sont défendus aux Filles Chrétiennes. » pp. 274-320

Grégoire, qu’il y a des jeux et des divertissements permis, et que l’on en peut prendre, comme on prend une médecine pour purger le corps de ses mauvaises humeurs, et le rendre plus capable et plus propre au travail : mais nous entendons parler ici de ces jeux défendus, qui ruinent les familles, qui remuent et excitent les passions, et font perdre le temps, qui est si précieux. […] La danse chez les Romains n’était pas permise aux honnêtes gens ; c’est pourquoi Salluste reproche à Sempronia Dame Romaine, d’avoir trop bien dansé pour une honnête femmee ; et Cicéron dans l’Oraison pro Murena, dit que la danse est une espèce d’ivresse défendue aux personnes qui font profession de vertuf. […] [Liber de virginibus], compare tous ces baisers, qu’on permet dans les bals, ces attouchements de mains, ces cajoleries, et autres indécences qui s’y commettent, aux attouchements du feu. […] Pères qu’il y en a fort peu qui y regardent de si près ; car toutes ces dissolutions criminelles passent dans le monde pour des enjouements permis. […] Il y a néanmoins d’honnêtes divertissements, qui sont permis, et que l’on peut prendre sans crime ; et il y a, dit l’Apôtre aux Philippiens, une sainte joie, qui est selon Dieu.

121. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien premier. Sentiment du reverend Pere Bourdaloue de la Compagnie de Jesus, touchant les Bals & les Comedies en general. » pp. 8-16

Il dit que l’ignorance de l’esprit de l’homme n’est jamais plus presomptueuse, il ne pretend jamais mieux philosopher, & raisonner, que quand on lui veut interdire l’usage de quelques divertissemens, & de quelque plaisir, dont elle est en possession, & qu’elle se croit legitimement permis. […] Ainsi, par exemple, ces representations profanes, ces spectacles ou assistent tant des mondains oisifs & voluptueux, ces assemblées publiques & de pur plaisir, ou sont reçûs tous ceux qui amene, soit l’envie de paroître, soit l’envie de voir, en deux mots, pour me faire toûjours mieux entendre, Comedies & Bals, sont-ce des Divertissemens permis ou défendus ? […] JE soussigné Provincial de la Compagnie de Jesus, dans la province de France, permet au Pere François Bretonneau de la même Compagnie, de faire imprimer un Livre qu’il revû, & qu’il a pour Tître Sermons du Pere Bourdaloue de la Compagnie de Jesus, pour les Dimanches, lequel Livre a été vû & approuvé par trois Theologiens de nôtre Compagnie, en foi de quoi j’ai signé la presente Permission.

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