y Il n’y a donc rien dans ce passage qui favorise les comédiens : au contraire, on peut remarquer que Dieu voulant faire voir à un grand saint que dans les occupations les plus vulgaires il s’élevait des âmes cachées, d’un rare mérite, il ne choisit pas des comédiens dont le nombre était alors si grand dans l’empire, mais un homme qui gagnait sa vie à jouer d’un instrument innocent : qui encore se trouva si humble qu’il se croyait le dernier de tous les pécheurs, à cause, dit-il, que de la vie des voleurs il avait passé « à cet état honteux : fœdum artificium » : comme il l’appelait : non qu’il y eût rien de vicieux, mais parce que la flûte était parmi les anciens, un des instruments les plus méprisés ; à quoi il faut ajouter, qu’il quitta ce vil exercice aussitôt qu’il eut reçu les instructions de Saint Paphnuce ; et c’est à quoi se réduit cette preuve si décisive, qu’on prétend tirer de Saint Thomas à l’avantage de la comédie.
Ceux-ci prennent du dégoût pour des mystères qu’ils voient tourner en ridicule, du dégoût ils passent au mépris, du mépris à l’incrédulité.
Il a banni tout à fait le théâtre de sa république, parce que tout ce qui s’y passe tend à la corruption du cœur et à l’illusion de l’esprit44 : et ceux qui s’y rencontrent n’ont pas toujours l’antidote qu’il faudrait opposer à ce poison subtil.
Il ne dit pas : Ils s’entre-tuent ou ils se battent, ils se querellent, ils s’enivrent, ils cajolent les filles ; mais ils se réjouissent à jouer, ils se plaisent au son du tambour, du fifre et des violons ; ils se divertissent, ils passent le temps et ils descendent en enfer en un moment.
Pour se débarrasser du soin de recevoir des Ambassadeurs, il alla demeurer trois mois a Lyon, y passa son temps à acheter, à un prix exhorbitant, des petits chiens, des singes & des perroquets, alors fort rares, & établit avec de gros appointemens une multitude d’hommes & de femmes pour en avoir soin. […] Il leur fit faire de magnifiques obseques, & dresser de superbes mausolées de marbre ; de sorte que quand on en vouloit à quelque Favori, il étoit passé en proverbe de dire, je le ferai tailler en marbre. […] D’abord après la mort de son mari, quoique jeune encore, d’une beauté rare, jouissant d’une grande fortune, & ayant tout ce qu’il faut pour plaire au monde, elle renonce à tous les plaisirs, se sépare de toutes les compagnies, s’ensevelit dans la retraite, se couvre de la cendre & du cilice, passe ses jours dans la priere & le jeûne. […] Le jour & la nuit se passent à rêver aux opérations de la campagne ; toute l’étendue, la subtilité, la fécondité de leur esprit y est épuisée : Alexandre, César, n’étoient pas plus occupés de leurs conquêtes. […] Tout ce qu’on a mis en œuvre, & dans tous les siecles & dans toutes les nations, passe en revue sur la scène, & se répand rapidement dans le beau monde.
Mais quant au regard des Comédiens qui n’ont point de Compétiteurs ni de personnes pour corriger la liberté de leurs pièces, ils représentent sans considération d’offenser la vertu de leurs Auditeurs ; A quoi je réplique ; qu’il n’y a point de ville bien policée, où leurs Comédies ne passent par la coupelleq des Magistrats, et où il ne leur soit défendu de n’exposer aucun sujet sur le Théâtre, qui puisse choquer l’honneur de Dieu, le service du Roi, et la réputation du prochain (Dictionnaire de l’Académie, 1694). […] Qu’il considère combien la Calomnie est préjudiciable à la réputation des hommes, et comme elle opprime la vertu des plus justes actions, que sa rigueur a troublé les plus grands des siècles passés, qu’elle a décoché ses traits contre les plus vertueux, qu’elle a été le fusil de la division des choses, qu’elle a ruiné l’harmonie de l’amitié des hommes, qu’elle a pris l’innocence à partie, qu’elle a essayé de corrompre toute la terre, bref qu’elle n’a rien exempté du joug de son pouvoir, puisque Dieu même a subi la force de sa tyrannie ; par le blasphème des Juifs, qui l’appelaient séducteur, corrupteur des lois, ennemi de l’Etat, un séditieux, un larron, et autres impiétés opposées diamétralement à l’éclat de ses belles vertus. […] [NDE] Au sens figuré, passer par un examen severe.