Nous devons garder soigneusement nos yeux et nos oreilles. […] Car ces péchés ne sont pas médiocres, puisqu’on y voit des femmes qui ont perdu toute honte, qui paraissent hardiment sur un Théâtre devant le peuple, qui ont fait une étude de l’impudence, qui par leurs regards et par leurs paroles répandent le poison de l’impudicité dans les yeux et dans les oreilles de tous ceux qui les regardent et qui les écoutent : enfin tout ce qui se fait dans toutes ces représentations malheureuses ne porte qu’au mal ; les paroles, les habits, le marcher, la voix, les chants, les regards des yeux, les mouvements du corps, le son des instruments, les sujets même et les intrigues des Comédies, tout y est plein de poison, tout y respire l’impureté.
… On y voit des femmes qui ont essuyé toute honte ; qui paroissent hardiment sur un Théâtre devant tout un peuple ; qui ont fait une étude de l’impudence ; qui par leurs regards & par leurs paroles, répandent le poison de l’impudicité dans les yeux, dans les oreilles de tous ceux qui les voient, qui les entendent ; & qui semblent conspirer par tout cet appareil qui les environne, à détruire la chasteré, à deshonnorer la nature, & à se rendre les organes visibles du démon.
Les Spectateurs sont-ils innocens, lorsqu’ils ferment les oreilles au précepte du Sage qui leur prescrit de fuir les femmes dont la parure porte à la licence, qui enlévent les cœurs des jeunes gens, qui les engagent par la douceur de leurs lèvres, par leur chant, par leur habileté à peindre les passions, à se jetter dans leurs lacets , comme un oiseau dans les filets qu’on lui rend ?
Un grand cri se fait entendre & frappe ses oreilles ; la curiosité l’emporte ; il ne veut que voir ce qui se passe ; il se persuade que, quoi que puisse être, il s’en détournera & le méprisera : Ibid.
L’oreille y sert beaucoup, l’estude y ayde grandement, mais rien ne rompt tant les mauvaises habitudes du corps que l’exercice, & l’on ne profite point à beaucoup pres dans la Salle des Maistres, comme dans les Assemblés ou dans les Bals.
Enfin c’est une raison mille fois confondue, puisque quand il serait vrai qu’on aurait ôté de la Comédie tout ce qui peut blesser les oreilles chastes des Chrétiens et tout ce qui sent l’idolâtrie, on a fait voir que la Comédie ainsi épurée n’en est encore que plus dangereuse, en ce qu’elle empoisonne plus finement et plus spirituellement.