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4. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XII. De la Déclamation Théatrale des Anciens. » pp. 336-381

Je me contenterai de donner une idée de cette Déclamation, telle que je l’ai conçue, après avoir combattu quelques sentimens qui ne me paroissent pas soutenables ; & j’avoue que dans cette matiere, il est plus aisé de combattre les opinions des autres, que de bien établir la sienne. […] Quoique l’opinion de l’Abbé du Bos soit contraire à toute vraisemblance, il faudroit pourtant l’adopter, si on y étoit forcé par des témoignages incontestables : mais les Passages qu’il rapporte ne la prouvent jamais, & souvent la détruisent. […] C’est s’arrêter trop long-tems à combattre une opinion qui n’a eû pour fondement que l’erreur de quelques Personnes, qui ont entendu un partage du geste & de la voix dans les passages des Anciens sur le partage qui fut fait entre la Danse & le Chant. […] Mais c’est trop s’arrêter à une opinion singuliere de l’Abbé du Bos. […] Ce seul mot prouve la fausseté de l’opinion de l’Abbé du Bos : il est étonnant qu’il veuille persuader une opinion si inconcevable, & encore plus étonnant qu’il la croie autorisée par le Passage suivant de Saint Augustin.

5. (1590) De l’institution de la république « SIXIEME TITRE. Des Poètes, et de leurs vertus, item quels Poètes on peut lire et quels on doit rejeter des Théâtres. » pp. 117-127

Toutefois quant à moy, je ne trouve point que cette raison soit suffisante de ce qu’ils ont par la raillerie de leurs fables méprisé les sottes opinions qu’avaient les Païens touchant les dieux, et touchant leurs vaines et folles superstitions. […] Telles opinions n’ont-elles pas souventefois séduit plusieurs peuples ? […] Cicéron en plusieurs lieux, et Quintilian au livre sixième de l’art Oratoire, suivent l’opinion des Poètes, l’appelant Esprit, lequel est mêlé par toutes les parties. […] Si ne suis-je toutefois d’opinion, que le populaire s’amuse à les lire. […] Touchant les Poètes héroïques, je suis d’opinion, non seulement qu’on les lise,Quintil. li. 10. ch. 1.

6. (1825) Encore des comédiens et du clergé « NOTICE SUR LE MINISTERE FRANÇAIS EN 1825. » pp. 87-100

On jugera avec certitude de leurs inclinations, de leurs opinions et de leurs talents personnels. […] En effet, indépendamment des préjugés qui leur sont propres et auxquels ils ne sont que trop souvent asservis, ils doivent encore caresser ceux des différents partis qu’ils ont promis de servir et auxquels ils doivent leur élévation ; ils sont de plus obligés de respecter, jusqu’à l’adulation même, les opinions du prince qui leur accorde sa confiance et qui seul a droit de les nommer et de les renvoyer selon son bon plaisir. […] Les ministres, ainsi que les gouvernements, font une grande faute de se livrer à un parti ; ils doivent au contraire les comprimer et profiter du conflit des opinions pour les diriger tous et s’en éclairer. […] Alors les opinions de ce parti prévalent sur les opinions et la conscience d’un chacun ; c’est de là qu’est née la corruption, l’hypocrisie et l’infâme morale des intérêts, dont les jésuites de tout temps et aujourd’hui les pères de la foi, profitèrent avec un si grand avantage.

7. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE III. De la comédie et des comédiens chez les païens et chez les chrétiens. » pp. 101-112

Il lui est bien libre, sans doute, d’avoir une opinion à cet égard, mais son opinion ne peut jamais constituer un crime, un délit ; cependant, si M. de Sénancourt était un juge, son opinion serait homicide, elle constituerait une peine, une punition plus ou moins grave. Cette opinion sur la tendance est donc purement inquisitoriale, ou du moins elle a une tendance à ramener l’inquisition, dont les conséquences inévitables sont les vexations, les persécutions, les arrestations, les assassinats judiciaires, et enfin la torture et les bûchers.

8. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XVIII.  » p. 474

N'écoutons plus ce penser suborneur. » Et la raison en est que les passions s'excitent par les objets et par les fausses opinions dont l'esprit est prévenu. L'opinion, que la chimère de l'honneur est un si grand bien qu'il le faut conserver aux dépens même de la vie, est ce qui produit la rage brutale des Gentilshommes de France.

9. (1675) Traité de la comédie « XVIII.  » pp. 300-301

Il ne faut pas s'imaginer que ces méchantes maximes dont les Comédies sont pleines ne nuisent point; parce qu'on n'y va pas pour former ses sentiments, mais pour se divertir: car elles ne laissent pas de faire leurs impressions sans qu'on s'en aperçoive ; et un Gentilhomme sentira plus vivement un affront, et se portera plus facilement à s'en venger par la voie criminelle qui était ordinaire en France, lorsqu'il aura ouï réciter ces Vers: « Mourir sans tirer ma raison : Rechercher un trépas si mortel à ma gloire ; Endurer que l'Espagne impute à ma mémoire D'avoir mal soutenu l'honneur de ma maison; N'écoutons plus ce penser suborneur. » Et la raison en est que les passions ne s'excitent pas seulement par les objets, mais aussi par les fausses opinions dont l'esprit est prévenu. L'opinion que la chimère de l'honneur est un si grand bien qu'il le faut conserver aux dépens même de la vie, est ce qui a produit si longtemps la rage brutale des Gentilshommes de France.

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