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4. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. Des différens genres qu’embrasse le nouveau Théâtre. » pp. 14-20

L e nouveau Théâtre nous offre pareillement plusieurs genres de comiques, les uns plus relevés, ou moins bas que les autres : aussi s’étonnera-t-on sûrement que dans le cours de cet ouvrage j’aie quelquefois nommé le Théâtre moderne Opéra-Bouffon, & que j’aie désigné aussi quelquefois ses Drames en général par la même épithète. […] Il est vrai que la Comédie nous offre aussi des Drames tout-à-fait enjouées, & d’autres qui sont plus graves ; mais encore une fois, le fond de ses Poèmes ne perd jamais le caractère propre à la Comédie. […] Celui qui ne contient que des Ariettes, dont le sujet est extrêmement gai, dans lequel il y a plus d’action que de paroles, & qui offre une intrigue basse, ainsi que des caractères communs ; doit être appellé Opéra-Bouffon.

5. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre prémier. Le sujet. » pp. 160-182

Le Drame du Jardinier & son Seigneur ne peint rien de considérable, un Paysan a dans son Jardin un lièvre qui ronge ses Choux & ses Navets ; il supplie son Seigneur de vouloir bien lui faire la Chasse ; celui-ci vient avec une suite nombreuse, & les Potagers du manant sont tout-à fait détruits ; voila une intrigue peu fatiguante à suivre : on verra dans un autre Chapitre, ce qu’elle offre de peu vraisemblable. […] Ils sont comme autant de mignatures qui représentent en petit ce que la Comedie nous offre en grand. […] La Tragédie est donc plus séconde que sa Rivale, & par conséquent moins difficile, puisque les sujets sérieux viennent s’offrir sans peine. […] Si on ne sçaurait faire un pareil reproche aux Français, on a lieu de s’étonner qu’ils ayent été plus d’un siecle à ne représenter sur la Scène tragique que des Héros Grecs & Romains, sans considérer que leur propre Histoire offrait des sujets aussi frappans & plus dans leurs mœurs. […] Le sujet qui offrira un ridicule frappant à peindre, qui ne fera paraitre que des actions enjouées, ou qui n’ayent rien de triste, est du vrai genre de la Comédie.

6. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — A SA MAJESTÉ IMPERIALE ELISABETH PREMIERE, IMPERATRICE DE TOUTES LES RUSSIES. » pp. -

MADAME, Ce n’est point un sentiment de vanité qui m’a fait rechercher l’honneur de placer votre Auguste Nom à la tête de mon Ouvrage : la flatteuse espérance de procurer à toute l’Europe un avantage qu’elle ne peut devoir aujourd’hui qu’à VOTRE MAJESTÉ IMPERIALE, m’a seule encouragé à lui offrir La Réformation du Théâtre. […] J’offre donc à Votre Majesté Impériale les idées que de longues réflexions m’ont inspirées sur les moyens de réformer le Théâtre.

7. (1758) Lettre à M. Rousseau pp. 1-42

Vos mains cruelles déchirent les grâces, et à leur place, vous m’offrez les Euménidesb. […] A peine était-il endormi, que des êtres charmants s’offraient à son imagination. […] Je ne disputerai pas sur le nombre, mais il n’en faut qu’une à un honnête homme ; elle existe, elle est devant vous, et je vous l’offre…. Vous me l’offrez ? […] Oui, j’avoue que dans l’absence de la raison, dans ces moments que la nuit soumet à l’erreur, la femme que vous peignez s’est quelquefois offerte à mes sens….

8. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXI. Si les Comédiens épurent les mœurs. Des bienséances qu’ils prétendent avoir introduites sur le Théatre » pp. 86-103

si on ôtoit tout ce qu’elle offre de vicieux, elle seroit reduite à rien. […] Celles qui roulent sur des expressions convenables à la dignité des personnes, & elles tiennent aux mœurs ; & celles, qui fondées sur la vérité du sentiment, offrent des images trop crues. […] Vous ne leur avez offert qu’un palliatif. […] Elles lui offrent encore leur poids au bout de cinquante vers.

9. (1764) De l’Imitation théatrale ; essai tiré des dialogues de Platon : par M. J. J. Rousseau, de Genéve pp. -47

Mais celui qui trace une perspective, flatte le peuple & les ignorans, parce qu’il ne leur fait rien connoître, & leur offre seulement l’apparence de ce qu’ils connoissoient déjà. Ajoûtez que la mesure, nous donnant successivement une dimension & puis l’autre, nous instruit lentement de la vérité des choses ; au lieu que l’apparence nous offre le tout à la fois, &, sous l’opinion d’une plus grande capacité d’esprit, flatte le sens en séduisant l’amour-propre. […] Quand il nous offre un Philosophe en méditation, un Astronome observant les astres, un Géometre traçant des figures, un Tourneur dans son attelier, sçait-il pour cela tourner, calculer, méditer, observer les astres ? […] Quelles ressources nous sont offertes contre ces erreurs ? […] Ne pouvant être en lui tel qu’il veut, il tâche au moins de s’offrir aux autres tel qu’il doit être.

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