Ces estampes de femmes sont appellées Mignardes : terme équivoque & jeu de mots qui marque autant le caractere de l’ouvrage que le nom de l’auteur. […] On Voit dans les anciens Auteurs une foule de noms divers de chants & de danses, comme chez nous. […] Les corps militaires des anciens les rapportoient à quelques batailles, ou à quelque belle action, dont ils portoient le nom ; ils portent aujourd’hui le nom de quelque femme, de quelque Opera, des Ariettes des Italiens. […] Le regne des femmes s’étend presque sur le titre des pieces ; &, malgré la dignité de l’homme, leur nom dans la plupart tient la premiere place. […] Combien d’autres qui ne portent que le nom d’une femme, Zaïre, Athalie, Psyché, Armide, Mariamne, Semiramis, &c. quoique les hommes y jouent d’aussi grands rôles.
Si la poësie est bien nommée une peinture parlante, c’est sur le theatre que ce nom se verifie dans toute son étenduë. […] Lactance les avoit déja qualifiez du nom infame de meurtriers des ames ; il s’étonne du peu de sentiment de ceux qui s’en faisoient un jeu. […] Nous leur devons une partie du respect que nous rendons à celuy qui les éleve à la participation de son autorité, & qui les honore mesme de son nom, comme les Cesars donnoient leur nom à ceux qu’ils associoient, & quelquefois à ceux qu’ils destinoient à l’empire. […] Prosper qui luy donne ce nom, sauva quelque temps sa teste des foudres de l’Eglise, & du mépris de ses disciples. […] Tertullien avouë qu’il n’y a point de lieu dans l’Escriture où la Comedie soit défenduë sous ce nom.
Au reste ces idées cent fois ressassées, de Mémoires & Lettres Persanes, Juives, Chinoises, Cabalistiques, Péruviennes, Espion Turc, &c. où sous le nom, les mœurs, les sentimens, les usages d’un étranger, on fait la satyre des nôtres, & on veut faire passer les folies, les horreurs de l’impiété & de la débauche, sous un masque qui la déguise, n’ont plus de sel aujourd’hui, & n’en imposent à personne. […] Mais ce qui n’est pas pardonnable, il cherche par préférence ce qu’il y a de plus obscène ; il roule continuellement sur des nudités, des grossieretés, des crimes réels ou inventés, marche de l’imagination la plus libertine, tout cela mêlé des folies, des débauches, des Prêtres idolâtres, appliqué aux Papes, aux Evêques, au Clergé séculier & régulier ; & afin qu’on ne se méprenne pas dans l’application, il substitue, contre la vérité & le costume, autant que contre la religion & la décence, aux noms du pays, Bonze, Derviche, Talapoin, &c. les noms de Moine, Ecclésiastique, Souverain Pontife. […] On blâme avec raison Moliere d’avoir introduit dans son Avare un amant dans la maison de sa maîtresse sous le nom de valet de son père. […] On a voulu depuis peu leur donner un air de nouveauté, & presque de découverte d’un nouveau genre, en leur donnant le nom de Proverbes dramatiques, dont on vient d’imprimer un recueil en deux tomes, & bien-tôt en cinquante ; car il n’y a qu’à ouvrir ces innombrables Recueils de Contes, bons Mots, Facéties, Passetemps, Ana, Adajes, qu’on trouve par-tout, & faire jaser des interlocuteurs, & on aura des proverbes, de bons mots, des contes, &c. dramatiques.
Quelque philosophe qu’on soit, il est impossible d’aller à l’opéra sans ressentir des mouvements que la plus héroïque vertu ne saurait étouffer. » Dès 1581 un Italien, nommé Balthazarini, qui prit le nom de Beaujoyeux, accompagné d’une bande de violons dont il était le chef, fut employé par Catherine de Médicis pour donner des ballets à la Cour. […] Le premier opéra représenté devant le Roi, fut une pièce Italienne intitulée, la Forta dela finta parla ; deux ans après il en fit donner une nouvelle sous le nom d’Orfiò et Euridice. […] Enfin pour célébrer le mariage du Roi et les amours, sous le grand nom d’Hercule, il fit donner un troisième opéra Italien intitulé, Hercole amante. […] Richelieu avait donné l’Europe, où sous les noms maussadement déguisés de Francion, Ibère, Germanique, Ausonie, il insultait tous les Souverains. Mazarin fit jouer le mariage du Roi avec l’Infante sous les noms de Lysis (la France), et d’Hespérie (l’Espagne).
Il faut avoir une envie étrange de se munir du nom des Auteurs graves, & de se donner des garants d’importance, pour vouloir nous persuader par l’autorité de quelques Critiques de réputation qui ont eu de l’indulgence pour Moliere, que ces vices qu’il a corrigés fussent autre chose que des maniéres extérieures d’agir & de converser dans le monde. […] On voit bien par la maniére dont il a confondu les choses, qu’il étoit franc Novice dans la dévotion dont il ne connoissoit peut-être que le nom, & qu’il avoit entrepris au-dessus de ses forces. […] Il parut du moins sur cette Comédie en 1667. une Lettre apologétique in-12, dont l’Auteur qui dit avoir assisté à la premiére représentation, & qui en rend un compte exact à un ami, ne donne par tout à l’Hypocrite que ce nom de Panulphe.
Enfin, c’est lui qui a ordonné qu’on louât son saint Nom en ces jours de bénédiction, par des Psaumes et par des Cantiques, et qu’on rendît hommage par les offrandes et par les sacrifices, à son infinie sainteté. » « Vere ornans tempora, annique coronam festivitatibus, dedit etiam decus in earum celebrationibus, ut Hymnis, Psalmis et Canticis laudent nomen sanctum Domini, et amplificent mane Dei sanctitatem. » Ecclesiast. […] Mais les paroles de Malachie, ou plutôt de Dieu par sa bouche, sont plus fortes et plus expresses : « Si vous ne voulez pas m’écouter et apprendre mes volontés afin de les suivre, et si vous n’entrez du fond du cœur, et en vérité dans le dessein de glorifier mon nom, je répandrai sur votre visage le fumier de vos solennités. » « Si nolueritis audire, et si nolueritis ponere super cor ut detis gloriam nomini meo, ait Dominus, dispergam super vultum vestrum stercus solemnitatum vestrarum, et assumet vos secum. » Malach. […] On ne peut donc point douter qu’un Evêque ne soit dans l’obligation de corriger les vices qu’il remarque dans son troupeau, et principalement de remédier à ceux qui sont publics et scandaleux : et celui qui étant constitué dans cette dignité et dans cette charge, ne reprendrait pas et ne ferait pas ce qui dépendrait de lui pour ôter ces scandales, mériterait plutôt, suivant la pensée de saint Grégoire, d’être appelé « un chien mort, que de porter le nom d’Evêque ».