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8. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. Que le Musicien doit seconder le Poète, & que le Poète doit s’entendre avec le Musicien. » pp. 292-296

Je viens de jetter un coup d’œil général sur la musique des nouveaux Drames chantans, développons maintenant ce qu’éxigent leurs différentes parties musicales, afin de rendre mes observations plus utiles. […] Mettant eux-mêmes en musique leurs Pièces chantantes, ils en rendraient davantage l’esprit ; ils peindraient avec plus d’énergie les sentimens qu’ils veulent donner à leurs Personnages. […] La Musique fesait chez les Anciens partie de l’éducation. […] Il est vrai qu’il leur eût été difficile d’ignorer cet Art agréable, puisque la musique était une partie de l’Education. […] Peu de Poètes modernes savent la Musique.

9. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SIXIEME DISCOURS. Si le Prince peut apprendre les Arts Libéraux, comme la Peinture, la Musique, et l’Astrologie. » pp. 195-201

Si le Prince peut apprendre les Arts Libéraux, comme la Peinture, la Musique, et l’Astrologie. […] Les Grecs se servaient de la Musique dans le combat, et ils jugeaient que ses accords plus puissants que les fanfares des Trompettes inspiraient à leurs Soldats un généreux mépris de la mort. […] a cru que Dieu avait fait le Monde à la musique des eaux, et que ce doux murmure qu’elles rendent quand elles trouvent quelque petite résistance à leurs cours, avait été le divertissement de ce divin Ouvrier pendant qu’il bâtissait l’Univers. […]  » Partisans de la Musique ne manqueront pas de me dire que le Roi David l’a aimée ; que sa main qui étouffait les Lions et qui domptait les Géants, touchait agréablement une Harpe, et qu’il n’a guère moins fait de miracles avec sa voix qu’avec son épée. […] Le Prince imitera donc David ; s’il chante ce sera pour louer Dieu, et dans la Musique où les autres se divertissent, il s’instruira de son devoir, et pensera qu’il n’est assis sur le Trône que pour entretenir cette agréable harmonie qui fait la paix et le bonheur des Royaumes.

10. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VIII. Que le Compositeur doit chercher à peindre. » pp. 340-344

Mais, insistera-t-on, la musique instrumentale copie les passions, c’est pour cela qu’elle est jointe au Poème lyrique ; voilà ce qui l’élève, la distingue. Je répliquerai à mon tour, que puisqu’on permet à la musique instrumentale d’imiter des choses beaucoup plus difficiles pour elle que les éffets de la Nature, il me semble qu’il est tout simple de lui accorder aussi le privilège de peindre ce qui se rapporte particulièrement à son art. […] Il suffit de citer le Soldat Magicien, le Roi & le Fermier, Sancho-Pança, le Sorcier, le Bucheron, dont quelques morceaux de musique nous causent toujours un nouveau plaisir ; parce que le chant, & sur-tout la simphonie, sont des images détaillées de ce que contiennent les paroles. Observations sur le morceau de Musique qu’on appelle Ouverture. […] J’ai souvent vu telle Ouverture faire mal augurer de la musique de toute une Pièce.

11. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre II. Que la représentation des Comédies et Tragédies était un acte de Religion parmi les Grecs et Romains. » pp. 36-56

Sophocles introduisit trois Acteurs parlant ensemble dans la Tragédie, avec d'autres embellissements qui lui donnèrent sa dernière perfection ; et nous voyons clairement cette première vérité dans les écrits de Donat, et de plusieurs célèbres Auteurs, qui nous apprennent que ces deux Poèmes ne furent au commencement qu'un Hymne Sacré en l'honneur de Bacchus, chantée et dansée par de grands Chœurs de Musique dans les Temples. […] Démosthène écrit que faire des Jeux de Musique ou de Théâtre est révérer le Dieu Bacchus. […] , où les Poètes Tragiques, les Comiques et les Musiciens disputaient le prix de la Poésie et de la Musique ; et cette noble dispute d'esprit et d'art se fit aux trois plus grandes fêtes de Bacchus. […] reconnaissance envers les Dieux dans son triomphe de Corinthe et de l'Achaïe, en y mêlant les Jeux de Musique, dont le nom comprend la représentation des Poèmes Dramatiques, comme les autres Jeux du Théâtre, auxquels selon Plutarque elle futSymp. l. 5. […] La musique y chantait d'ordinaire les belles actions des Demi-Dieux, et les grâces que les hommes en avaient reçues ; la Danse les représentait en diverses postures convenables à ce que l'on en croyait.

12. (1576) De la Censure. pp. 611-613

C'est la propre charge des censeurs graves, et sévères, qui auront la discretion d'entretenir les honnêtes exercices de la gymnastique pour maintenir la santé du corps : et de la musique pour ranger les appétits sous l'obéissance de la raison. j'entends la musique« duabus potissimum rebus civitates conservantur » « γυμναστικῇ καὶ μουσικῇ », ut ait Plato in Timæo., qui signifie non seulement l'harmonie : ainsb encore toutes sciences libérales, et honnêtes : et prendront garde principalement, que la musique naturelle ne soit altérée, et corrompue comme elle est à présent : puisqu'il n'y a rien qui coule plus doucement aux affections intérieures de l'âme. Et pour le moins si on ne peut gagner ce point-là, que les chansons Ioniques, et Lydiennes, c'est-à-dire, le cinq et septième ton, soient bannis de la République, et défendus à la jeunesse, comme Platon, et Aristote disaient qu'il est nécessaire, pour moinsc que la musique Diatonique, qui est la plus naturelle, que la chromatique, et Enharmonique, ne soit corrompue par la mélanged des autres : et que les chansons dorienes ou du premier ton, qui est propre à la douceur, et gravité bien séante, ne soient déguisées en plusieurs tons, et déchiquetées, en sorte, que la plupart des musiciens en deviennent folse, et insensés : parce qu'ils ne sauraient goûter une musique naturelle, non plus qu'un estomac debiféf, et corrompu de friandises, ne peut goûter une bonne et solide viande.

13. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Corrections et additions. » pp. 364-368

mis en Musique ; lis. remis en Musique. […] une Musique étrangère ; lis. une Musique légère. […] Un homme de soixante & dix ans, dit-il, du commun, & qui avait rarement entendu des Pièces de Musique, se mit à chanter avec justesse la bâsse fondamentale d’un chant qui le frappa.)

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