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100. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre III. Jurisprudence du Royaume. » pp. 51-74

Montaigne, qui se vantait de connaître le monde, croyait-il le public décidé pour la modestie, le protecteur zélé des bonnes mœurs ? […] Mais ici plus qu’ailleurs ce sont des questions de nom, personne ne se déclare pour la licence contre les mœurs ; mais qu’est-ce que licence ? qu’est-ce que bonnes mœurs ? […] O la belle réformatrice des mœurs ! […] Ce n’était pas du moins dans les habits des Actrices : était-ce bien dans leurs mœurs ?

101. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre III. But que le Spectacle moderne doit se proposer. » pp. 123-132

Il ne ressemble en rien à la Pastorale, quoique son intrigue soit ordinairement champêtre ; elle ne nous peint que les amours des Bergers, au lieu qu’il nous représente tout à la fois les mœurs naïves des gens de la campagne & les actions du menu Peuple de nos Villes. […] Son principe, sa loi primitive, est de s’attâcher à faire passer devant nos yeux les Villageois & les mœurs des Artisans, dont nous n’avions qu’une faible idée. […] *« L’Opéra-Bouffon est une peinture des mœurs de la vile populace. […] Chaque état aurait alors un Spectacle à sa portée, & propre à ses mœurs.

102. (1802) Sur les spectacles « RÉFLEXIONS DE MARMONTEL SUR LE MEME SUJET. » pp. 13-16

Le public comprend trois classes : le bas peuple, dont le goût et l’esprit ne sont point cultivés, et n’ont pas besoin de l’être, mais qui, dans ses mœurs, n’est déjà que trop corrompu et n’a pas besoin de l’être encore par la licence des spectacles ; le monde honnête et poli, qui joint à la décence des mœurs une intelligence épurée et un sentiment délicat des bonnes choses, mais qui lui-même n’a que trop de pente pour des plaisirs avilissants ; l’état mitoyen, plus étendu qu’on ne pense, qui tâche de s’approcher, par vanité, de la classe des honnêtes gens, mais qui est entraîné vers le bas peuple par une pente naturelle. […] Lui donner des salles décentes et une forme régulière, l’orner de musique, de danses, de décorations agréables, et y souffrir des mœurs obscènes et dépravées, c’est dorer les bords de la coupe où le public va boire le poison du vice et du mauvais goût.

103. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

Car elle corrompt les mœurs des hommes et les rend mols et efféminés, et les pousse et incite aux débauches et lubricités. […] Leur vie donc et leurs actions sont défendues afin qu’ils ne corrompent les mœurs des autres. […] Il faut que celui qui enseigne les bonnes mœurs commence par soi-même. […] Et toutefois nous nous flattons encore de la bonté de nos mœurs, et de la rareté de nos débauches ! […] Comprendre : celui qui accuse le théâtre est sans doute de bonnes mœurs mais il ne peut pas l’accuser en sauvegardant ses bonnes mœurs.

104. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

Cet écrivain, moins recommandable encore par la supériorité de ses talens que par la pureté de ses mœurs, composoit, toutes les années, des tragédies & des comédies pour les exercices accoutumés de sa classe. […] A l’exception de quelques pièces, le théâtre de Molière est le code de la bienséance, de l’honnéteté, des bonnes mœurs. […] Les comédiennes sont peu retenues ; mais qu’on attache de la considération à leur état, & elles auront de meilleures mœurs. […] Il leur garantit que cet établissement ne sçauroit nuire à la constitution ni au gouvernement de leur ville, ni à l’innocence de leurs mœurs. […] Ils sont très-peu reconnoissans du zèle de leur Démosthène : ils se plaignent qu’il les a mal peints, qu’il n’a crayonné que les mœurs de la populace.

105. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

Ainsi l’on pervertit les mœurs et l’on éteint la Religion dans ceux qui ont peu de lumières et encore moins d’expérience. […] l’Athéisme et le dérèglement des mœurs ne sont-ils donc que des peccadilles, dignes uniquement de compassion ? […] « bouffons et impertinents ceux qui plaisantent sans égard aux bonnes mœurs ni à la bienséance. […] Quelles mœurs ! […] pourquoi les mœurs des pays et les attentions dues à chacun selon son état, y sont-elles négligées ?

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