Ils viennent d’apercevoir le tableau de toutes les scènes de leur vie : ils ont vu les ressorts si cachés de toutes les machines que font mouvoir devant eux leurs ministres et leurs flatteurs.
Ainsi mourut en se faisant lire des vers Petrone, Favori de Neron, & Ministre de ses plaisirs. […] Il dit à la Duchesse d’Étrée qui s’étoit brouillée avec M. de Sulli : J’aimerois mieux perdre dix Maitresses comme vous qu’un Ministre comme lui.
En faut-il davantage, pour vous prouver, que l’enseignement constant de l’Eglise, ne permet pas à de vrais Ministres de J.C. de regarder comme innocens, les partisans du Théatre ? […] Les Ministres du Seigneur ne cessent de monter dans les Chaires de vérité, pour inspirer aux fidéles l’horreur des spectacles, c’est de la part de l’Eglise, qu’ils leur défendent d’y assister, c’est en son nom, qu’ils leur déclarent, qu’elle en réprouve les Acteurs, qu’elle les met au nombre des personnes infames, qu’elle leur refuse les Sacremens & la terre Sainte, s’ils meurent, avant d’avoir renoncé à leur profession.
La Comédie fut regardée, dans sa naissance, comme un effet de la sagesse des Grecs, & elle resta long-tems dans la plus haute estime ; mais quand un Poëte osa se mocquer publiquement des Dieux, des Ministres de l’Etat, & des Philosophes les plus respectés, les choses changerent de face, & ces Comédiens, auparavant si aimés, furent alors chassés comme ils le méritoient.
Ce qu’on vient de rapporter suffit pour faire sentir combien l’esprit du théatre corrompt les choses les plus saintes, porte l’irréligion & le vice jusque dans le sanctuaire ; dégrade les Ministres qui en prennent le goût, fait mépriser les mysteres, les cérémonies, les exercices pieux, les images, les habits, les lieux, les livres saints, tout ce qui tient au christianisme, dont il est le renversement, & en abuse, pour les tourner contre la religion & la vertu.
Un ouvrier dont on paie les journées, un Ministre chargé de quelque affaire, un soldat commandé pour quelques travaux, un domestique employé à quelque service, etc., se rendent coupables par la seule omission de leurs devoirs, s’occupassent-ils d’ailleurs même à de bonnes choses.