S’il se montre dans-leurs discours, si l’on croit le connaître aux pensées relevées, aux réfléxions, aux maximes qui leur échappent ; l’illusion se dissipe ; & l’homme de goût siffle avec mépris ce que le Poète s’applaudissait souvent d’avoir écrit.
Voilà les saintes maximes de la religion chrétienne sur la comédie.
» Le Concile ajoute : « Le Prédicateur fera voir que les Comédies et les autres spectacles sont la source de presque tous les désordres qui déshonorent le Christianisme ; il fera voir combien ils y sont contraires, combien ils sont conformes aux maximes des Païens, et avec combien de ruse et d’artifice le démon les a inventés ; ce qui suffit pour montrer qu’on les doit entièrement exterminer.
Et dans le cas où nos Tragédies deviendraient plus utiles, en célébrant les Héros de la Nation, en retraçant leurs glorieuses actions, en nous fesant entendre de leur bouche, les belles maximes qu’ils ont pratiquées & qui les ont illustrés à jamais, on pourrait leur élever un Théâtre, convenable tout-à-la-fois, & aux Drames, & à la puissance de la Monarchie. […] La manie des maximes le choquait davantage encore. […] Ces Maîtres éclairés par l’expérience, cultiveront avec soin les dispositions de ceux qui en montreront davantage : tandis que d’un autre côté les Instituteurs ordinaires veilleront à ce que les mœurs de leurs Elèves soient d’une pureté, capable de donner un nouveau prix aux maximes qu’ils seront destinés à faire goûter à leurs Concitoyens. […] J’ai fait depuis une observation à ce sujet ; la voici : Les Paysans & les gens sans étude, emploient naturellement des maximes, dans la conversation, ce sont leurs Proverbes. On pourrait en conclure que l’usage des maximes est naturel & dans la plus grande vraisemblance.
Les Dames composent en ces occasions la meilleure partie de l’assemblée : et n’est-ce pas une maxime dans la société civile, que quiconque jure en présence du sexe doit apprendre à vivre ? […] cette Religion si glorieuse par son fondateur, si raisonnable dans ses maximes, attestée par tant de miracles, signée du sang de tant de Martyrs, appuyée sur toutes les preuves de fait les plus fortes ; cette Religion servira de Comédie à une ville et de jouet à des bouffons ? […] De plus, Sophocle, ainsi que je viens de dire jette en passant quelque maxime saine pour servir comme de contrepoison au mal.
Tu verras, dans la suite, chère Ursule, par qui le plaisir de la Représentation doit nous être procuré : si des maximes saines sont efficaces dans une bouche impure : quel serait le moyen de parer à cet inconvénient, & de rendre en tout sens notre Théâtre une école de vertu. […] Tant pis, si les mœurs de nos Acteurs ne s’accordent pas avec les maximes qu’ils sont chargés de nous débiter ; je viens de faire comprendre qu’il est indispensable de détruire cette opposition.