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116. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VIII. Crimes publics et cachés dans la comédie. Dispositions dangereuses et imperceptibles : la concupiscence répandue dans tous les sens.  » pp. 30-40

Ne sentez-vous pas qu’il y a des choses, qui sans avoir des effets marqués, mettent dans les âmes de secrètes dispositions très mauvaises, quoique leur malignité ne se déclare pas toujours d’abord ? […] Son exemple et sa doctrine nous apprennent à quoi est propre la comédie : combien elle sert à entretenir ces secrètes disposition du cœur humain, soit qu’il ait déjà enfanté l’amour sensuel, soit que ce mauvais fruit ne soit pas encore éclos. […] Si l’on ne connaît de maux aux hommes que ceux qu’ils sentent et qu’ils confessent, on est trop mauvais médecin de leurs maladies.

117. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE XII. Réflexions sur les Evêques et les Prêtres de la primitive Eglise, et de l’Eglise moderne, suivies de réponses aux reproches de M. de Sénancourt, sur le même sujet. » pp. 212-222

de Sénancourt blâme la surveillance, qu’on voudrait exercer sur la conduite de quelques mauvais prêtres de nos jours. […] M. de Sénancourt, en me prêtant de mauvaises intentions, me fait un crime d’avoir invoqué les canons de plusieurs saints conciles, pour rappeler aux évêques et aux prêtres, qu’ils devraient montrer l’exemple en pratiquant les vertus de la primitive église. […] Si M. de Sénancourt pouvait être soupçonné de remplir la tâche d’un écrivain vénal, et si on avait l’injustice de croire, que le clergé l’eût pris pour en faire son défenseur et son panégyriste, on serait obligé de convenir, que les évêques auraient choisi un avocat bien mauvais et bien malhabile.

118. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des caractères & des Mœurs Tragiques. » pp. 131-152

Sans cela on ne peut faire mêmes de mauvaises Piéces. […] On s’est fait une habitude de tourner les meilleures choses en ridicule, & cela suffit pour les faire trouver mauvaises & pitoyables. […] On a sa cabale, dont les ouvrages sont toujours bons, & ceux de la cabale contraire, toujours mauvais. […] Qui ne sauroit mauvais gré à Corneille d’avoir mieux soutenu le caractère de Rodogune au prix de tant de beautés ?

119. (1664) Traité contre les danses et les comédies « LETTRE DE L’EVEQUE D’AGNANI, Pour la défense d’une Ordonnance Synodale, par laquelle il avait défendu de danser les jours des Fêtes. Au très Saint et très Bienheureux Père Paul V. Souverain Pontife. Antoine Evêque d’Agnani, éternelle félicite. » pp. 154-176

Quoique les spectacles ne soient pas toujours mauvais, et qu’ils ne soient pas de leur nature contraires à la vertu ; les Pères de l’Eglise, et les saints Docteurs, ne les ont jamais néanmoins permis, ni les jours des Fêtes, ni au temps qui est destiné pour la pénitence, parce que les Canons les défendent en ces jours : et comme dit saint Ambroise, ce serait une témérité insupportable et une désobéissance criminelle, si le peuple faisait des actions qui sont défendues, ou dans l’Ecriture sainte, ou par les Constitutions des Papes, ou par les Lois Ecclésiastiques, et les Canons. […] Celui qui délivre son frère d’un si grand péril, se rend digne d’une récompense éternelle ; et celui qui néglige de l’aider, ne peut être que coupable devant Dieu ; parce que, comme dit saint Ambroise, celui qui pouvant empêcher le mal, ne l’empêche pas par négligence, sert à rendre plus hardi celui qui le commet, et participe par conséquent à son péché ; et celui-là semble commettre une mauvaise action, qui pouvant la défendre la souffre sans rien dire par lâcheté de cœur, et par défaut de zèle. […] Enfin celui-là peut passer pour complice d’un crime, qui pouvant aller au-devant de celui qui est en disposition d’y tomber, et prévenir l’effet de sa mauvaise inclination par des remèdes efficaces, lui laisse la liberté d’agir selon ses désirs. […] Et mon dessein aurait heureusement réussi pour la gloire de Dieu, et pour le bien des âmes, n’eût été l’exemple d’une permission, qu’on dit avoir été accordée à la ville d’Alatre, voisine de mon Diocèse, contre une ordonnance semblable à la mienne, et comme l’on croit sans que votre Sainteté en ait eu aucune connaissance ; En vertu de laquelle concession, néanmoins, le peuple de cette ville croit pouvoir en sûreté de conscience persévérer dans sa mauvaise coutume, de célébrer la fête de saint Sixte Pape et Martyr, qui est le Patron de ce lieu, en dansant, et en assistant à d’autres semblables spectacles.

120. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

Une mauvaise éducation laisse ignorer les lois de la décence, la paresse néglige de les observer, la dureté du caractère refuse de s'y assujettir. […] Cela n'est jamais dans la tragédie, où les rebelles jouent les premiers rôles, ni toujours dans la comédie, où les amis et les parents donnent de mauvais conseils. […] Il est vrai, et voilà le mal du genre dramatique ; il met dans la nécessité de donner de mauvais exemples, de composer et de jouer des rôles vicieux, de faire dire des sottises. […] La nécessité de faire mal que s'impose celui qui fréquente de mauvaises compagnies et se met dans l'occasion prochaine, justifiera donc le mal qu'il fait ? […] Il est très possible que dans le grand nombre des Orateurs qui ont paru en chaire ou au barreau, il s'en soit trouvé d'assez peu sages pour choisir de si mauvais modèles ; ils ont mal connu l'esprit et les devoirs de leur état, et c'est un nouveau grief contre la comédie d'avoir porté son haleine empestée jusqu'à faire profaner le sanctuaire de la religion et celui de la justice.

121. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « VII. ENTRETIEN. » pp. 193-227

La bonne et mauvaise Poésie … Les effets de la Comédie. […] Ceux qui reprennent le vice, ou qui en montrent le ridicule par des bouffonneries, produisent-ils d’aussi mauvais effets ? […] Et par conséquent ils ont fait bien des mauvais plaisants, qui sans songer à se reformer eux-mêmes, attribuent aux autres des défauts souvent imaginaires. […] Ce lui sera une leçon qu’il ne pourra jamais soutenir une mauvaise cause sans être mauvais Orateur ; puisqu’il ne peut y avoir d’évidence dans la fausseté.

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