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2. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VIII. Crimes publics et cachés dans la comédie. Dispositions dangereuses et imperceptibles : la concupiscence répandue dans tous les sens.  » pp. 30-40

Tout ce qui nourrit les passions est de ce genre : on n’y trouverait que trop de matière à la confession si on cherchait en soi-même les causes du mal. […] C’est une racine envenimée qui étend ses branches par tous les sens : l’ouïe, les yeux, et tout ce qui est capable de plaisir en ressent l’effet : les sens se prêtent la main mutuellement : le plaisir de l’un attire et fomente celui de l’autre, et il se fait de leur union un enchaînement qui nous entraîne dans l’abîme du mal.   […] On a le mal dans le sang et dans les entrailles avant qu’il éclate par la fièvre. […] Si l’on ne connaît de maux aux hommes que ceux qu’ils sentent et qu’ils confessent, on est trop mauvais médecin de leurs maladies. […] N’en croyons donc pas les hommes sur leurs maux ni sur leurs dangers, que leur corruption, que l’erreur de leur imagination blessée, que leur amour-propre leur cachent.

3. (1579) De l’Imposture et Tromperie « Livre premier. Des jeux et autres observations séculières retenues de l’ancien Paganisme. Chapitre 22. » pp. 101-107

Car il n’y faut pas rien penser de mal, vilain, deshonnête et dissolu, tout en doit être référé à honnêteté : comme celui des filles qui disent jeu sans mal et sans vilénie. S’il y a du mal, de la vilénie, du dolt, de la tricherie et de l’avarice, ce n’est plus jeu, il perd son nom – au moins sa nature. […] Il y a aussi des joueurs desquels le jeu ne plaît qu’à eux, pource qu’ils font toujours mal. De telles manières de gens Salomon entend parler disant : « Le fol malin fait le mal comme en riantEs Proverbes 10. [10, 23]. […]  » Autant en dit l’Ecclésiastique : « Les contes des pécheurs sont odieux et leur ris est en mal faire et en péchéEcclésiastique, 27. [27, 13.

4. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Seconde lettre contre les spectacles. » pp. 60-145

Quel mal, aprés tout, y a-t-il d’assister aux spectacles ? […] Chrysostome, en 399, quel mal faisons nous &c ? […] N’est-ce pas un mal de désobéir à l’Eglise ? […] En conclurez-vous, que l’empoisement n’est pas un si grand mal ? […] Que ceux qui consentent à un mal, y participent.

5. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 3. SIECLE. » pp. 107-119

Si Dieu, qui est la souveraine vérité, fut entré dans ce détail, il aurait mal jugé du naturel de son Peuple, car l'expérience nous fait voir que souvent il vaut mieux ne point exprimer en particulier ce qu'on défend, pour ne pas donner occasion de le faire, puis qu'on se porte d'ordinaire aux choses défendues. […] Néanmoins tout le monde va aux Spectacles ; On se plaît à cette infamie publique, ou pour y reconnaître ses vices, ou pour les apprendre; on court à ce lieu infâmes, à cette école d'impureté, afin de ne faire pas moins de mal en secret, qu'on en a appris en public, et à la vue pour ainsi dire des Lois, on commet tous les crimes qui sont défendus par les Lois. […] On s'accoutume facilement aux crimes dont on entend souvent parler: L'esprit de l'homme ayant une pente au mal, que fera-t-il s'il y est encore porté par les exemples des vices de la chair, auxquels la nature se laisse aller si aisément. […] Chacun selon son sexe se représente à son imagination dans ces Spectacles ; on les approuve lors qu'on en rit, et non seulement les enfants-là qui on ne doit point faire gouter le mal, avant même qu'ils le puissent connaître ; mais aussi les vieillards, à qui il est honteux de commettre des péchés qui ne sont plus de leur âge, emportant les vices du Théâtre, s'en retournent plus corrompus en leurs maisons. […] Comme c'est par la vertu, et par les travaux que Dieu nous appelle à la vie ; c'est par la volupté que le Diable nous conduit à la mort : comme on acquiert le véritable bien par de faux maux, on se procure les véritables maux par de faux biens.

6. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

Ils ne savent pas même ce que prononce l’apôtre saint Paul : que ceux qui consentent à un mal, y participent. […] Elle ignore donc qu’il n’est jamais permis de faire le mal par complaisance pour des amis, que le devoir de la charité exige de ne pas faciliter aux autres les occasions de péché, et qu’il suffit de se joindre à ceux qui font le mal pour mériter la même punition, quoique le mal se fût fait sans eux. […] Que pensez-vous d’un malade, qui ne sent plus ses maux ? […] N’est-ce pas encore un grand mal, demandent St.  […] On le tolère à Rome comme un mal nécessaire, mais on le surveille afin d’en diminuer le mal.

7. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VI. Ce que c’est que les mariages du théâtre.  » pp. 25-27

Mais il y a encore une autre raison plus grave et plus chrétienne, qui ne permet pas d’étaler la passion de l’amour, même par rapport au licite ; c’est, comme l’a remarqué, en traitant la question de la comédie, un habile homme de nos jourse ; c’est dis-je, que le mariage présuppose la concupiscence, qui selon les règles de la foi est un mal auquel il faut résister : contre lequel par conséquent il faut armer le chrétien. C’est un mal, dit Saint Augustin, dont l’impureté use mal, dont le mariage use bien, et dont la virginité et la continence font mieux de n’user point du toutDe Nupt. et Conc. […] Ce qu’on y veut, c’en est le mal : ce qu’on y appelle les belles passions, sontf la honte de la nature raisonnable : l’empire d’une fragile et fausse beauté et cette tyrannie qu’on y étale sous les plus belles couleurs flatte la vanité d’un sexe, dégrade la dignité de l’autre, et asservit l’un et l’autre au règne des sens.

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