L’armée des graces, les batteries des regards, tout doit être placé par une main habile ; les boulets seront d’autant plus aisément brêche, que le canon aura été mieux pointé. […] Je ne puis comprendre comment des Réligieuses après avoir travaillé des bouquets pour l’Autel, prophanent leurs mains à faire des fleurs, des pompons, des aigrettes, comme des coëffeuses le plus mondaines, pour les femmes les plus coquettes. […] Il étoit favori de Néron, parce qu’il étoit complice de ses débauches, soit par une vanité indécente d’un jeune homme qui se vante des faveurs des femmes, soit par une adresse criminelle de courtisan qui veut s’attacher un Prince, en lui donnant des maîtresses de sa main, Oihon vanta si fort la beauté de sa femme, que Néron voulut la voir, en devint amoureux, & la lui enleva, & pour se débarrasser d’un rival dangereux, l’envoya à quatre cent lieues de Rome, Gouverneur du Portugal. […] Ce Prince l’avoit toujours à la main, c’étoit son bouclier & son épée, il s’y contemploit sans cesse, & lorsqu’il alloit commander les légions, il regardoit soigneusement si les armes lui alloient bien : Quo te videbat armatum, cum tolli venilla juberet. […] Telles sont nos Dames qui portent toute la nuit un masque de pâte, de pommades ou des tranches de chair fraîche, & le matin à la toilette se démasquent, se lavent, se parfument ; tels sont nos militaires dont l’équipage guerrier est une vraie toilette ; leurs mains sont plus chargées de miroirs, de tabatieres, de bijoux, que d’épées ; ils se regardent plus eux-mêmes, que les armemens ; ils sont plus occupés de leur frisure, que de la discipline, aussi ont-ils chaque jour la comédie dans le camp.
Cet héritage passe de main en main à la derniere postérité ; les premiers maîtres ont formé leurs successeurs, leurs élèves perpétuent leurs leçons & leur esprit, & depuis le tombereau de Thespis jusqu’aux boulevards & aux parades de Vadé, c’est une chaîne de mauvaise doctrine & de mauvais exemples. […] Le même intérêt de passion qui les y mène leur met les armes à la main pour le soutenir. […] Voilés d’un air de modestie, & perçant la gaze légère qu’une artificieuse pruderie a tissue par les mains de la coquetterie, ils disent tout, en affectant de ne rien dire. […] La Clairon ravie, extasiée, hors d’elle-même, laissant dans ce palais enchanté tous les habitans ravis, extasiés, hors d’eux-mêmes, est allée en Provence, où les rayons d’un soleil brulant lui préparent des têtes faciles à enthousiasmer, cueillir à pleines mains de nouveaux lauriers malgré les ordonnances Iroquoises du Docteur de Genève, sans craindre de les voir changer en ciprès.
Cet extrait, par l’excès, la fadeur & la licence des éloges qu’il lui prodigue, décelle la main de l’Auteur du livre qui l’encense lui-même. […] Le Mercure (juin 1765) annonce l’établissement d’un Bureau de correspondance entre les théatres de province & celui de Paris, par lequel on sera instruit de tout ce qui se passe dans les temples de la déesse de Cythère, pour régaler chaque mois le public par la main du Mercure de ces importans événemens. […] Quelle est cette grace nouvelle, Qui sous la main de Phidias, Brille sur ce marbre fidèle Du seul éclat de ses appas ? […] Un jeune Abbé, riche & de condition, ayant vu jouer la Gaussin, alla se prosterner à ses pieds aux foyers, comme pour l’adorer, arrache son collet, lui offre son cœur & sa main, tombe en foiblesse ; il fallut l’emporter chez lui. […] Ce corps d’actionnaires a passé avec la ville un bail à ferme ; elle leur a cédé la salle du spectacle avec ses accompagnemens, décorations, magasins, & tous les droits d’entrée, & a promis protection & main forte pour y maintenir le bon ordre.
Les différends d’atelier ne se vident plus que l’épée ou le pistolet à la main. […] Mes deux champions étaient déjà rentrés dans Paris, je n’avais pas même jeté les yeux sur la carte que le jeune homme m’avait glissée dans la main, en me laissant à ma place, livré aux plus philosophiques des réflexions sur les effets, les causes et les suites de ce qu’on veut bien nommer le point d’honneur. […] tes jolies mains sont-elles faites pour porter des fers, remuer des baquets et se déformer dans des eaux mordantes ? […] Je m’informe à un homme raisonnable, qui en sortait, sa contremarque à la main, si le rideau portait encore la légende : Sicut infantes audinos. […] Rentré chez moi, le bonnet de nuit sur la tête, enveloppé dans ma robe de chambre et les pieds sur mes chenets, je récapitulai tout ce que j’avais vu, fait et dit dans le jour, et j’ajoutai à mes remarques que, dans le moment où l’autorité donne des commissaires aux premiers théâtres, sa sollicitude devrait s’étendre sur les théâtres du second ordre ; que le pouvoir, dans les mains d’un homme intègre et nullement intéressé dans les recettes, est nécessaire à la suppression des nombreux abus qui se commettent chaque jour dans les petits spectacles.
Car qu’est-ce que Mercure prenant la Pomme d’or pour la remettre entre les mains d’Apollon ?
Deux amans accordés, pour un mot dit ironiquement se querellent, se dédaignent, se fuient, se recherchent, comme des enfans qui boudent, & se raccommodent sottement par l’entremise d’une Servante qui leur prend les mains & les leur met l’une dans l’autre : Boutez-là, Lucas & Perronelle. […] Valère dit que Tartuffe a remis au Roi la cassette importante où sont les papiers d’un criminel d’État, & la scène suivante l’Exempt dit : De tous ces papiers Le Roi veut qu’en vos mains on dépouille le traître. […] Qu’est-ce que dépouiller quelqu’un entre les mains d’un autre ? est-ce à dire qu’on remettra entre les mains d’Orgon les papiers dont on dépouille Tartuffe ?