Voilà pourquoi les Lois politiques laissent beaucoup de péchés impunis, parce qu’elles ne peuvent les empêcher : Mais cette tolérance ne prouve nullement, que ce ne soient pas des péchés. Les Lois civiles ne punissent que les crimes qui sont contraires à la société humaine ; les faux témoignages, les vols, les assassinats, les blasphèmes, les impiétés publiques, et d’autres crimes scandaleux : Si l’on permet de certaines choses, qui sont visiblement mauvaises, c’est pour empêcher que les hommes ne s’abandonnent à de plus grands dérèglements ; mais la complaisance des Magistrats ne dispense pas de la Loi de Dieu, qui condamne tout ce qui porte au péché : Or il est visible que la Comédie, et ce qui l’accompagne, augmente la corruption de la nature, rend l’homme plus sensuel, et le porte insensiblement à l’oubli de Dieu.
Leurs Lois étaient-elles plus saintes et plus sévères que les nôtres ? […] Quelles Lois ce Philosophe n’aurait-il pas faites contre les Tragédies, si Thespis eût mis sur le Théâtre tout ce que nous y voyons aujourd’huik. […] Non, car comme l’usage n’est pas pour ces Pièces, je m’en tiens là, et je ne veux pas me donner la peine d’examiner, si ces sujets ont quelque chose d’incompatible avec les lois de la Tragédie.
L’histoire a conservé le nom de toutes les Vestales qui ont été punies pour avoir manqué à la loi de la continence (on pouvoit en prendre un, sans aller fabriquer celui d’Ericie, qui n’exista jamais). […] Au reste j’ai dit, en parlant des Vestales, la loi de la continence, non le vœu de la chasteté, comme l’Auteur a affecté vingt fois de le dire, pour présenter de véritables Religieuses.
Scipion le second Africain, parlant contre une loi de Cracchus, se plaint qu’on donne une si mauvaise éducation aux enfans : Docentur præstigias in honestas cum sambuca, plaustris eunt in ludum histrionum, discunt saltare quæ majores ingenuis probet ducier voluerunt. […] S’ils étoient instruits de la sainteté, de la modestie de la loi chrétienne, que penseroient-ils de leur religion ?
D'où vient que Justinien par ses nouvelles Lois, condamne en de grosses peines ceux qui faisaient jurer ces femmes de ne point quitter la scène ; et pour leur donner la liberté de se convertir, il déclare ce serment nul et de nulle obligation.
Je veux ensuite juger si, à la rentrée des chambres, le système des lois de tendance doit prévaloir et si l’imprimerie et la librairie vont être entièrement envahies.