« Combien de personnes qui, avant de connaître ce funeste plaisir, ne trouvaient de joie et de consolation que dans la pratique des œuvres de justice !
Sous les tyrans, la question n’est pas douteuse ; il est de la politique de rapprocher l’homme des bêtes, puisque leur condition doit être la même, et qu’elle exige également une patiente stupidité ; mais dans une constitution de choses fondées sur la justice et la raison, pourquoi craindre d’étendre les lumières et d’ennoblir les sentiments d’une multitude de citoyens, dont la profession même exige le plus souvent des vues nobles, des sentiments honnêtes, un esprit cultivé ?
Une justice toujours exacte dans la distribution des récompenses de la vertu, les a rendus dignes de la faire : le public a toujours applaudi à leur décisions, & tous les suffrages ont été réunis en faveur de la Rosiere couronnée ; tous les villages des environs qui viennent orner son triomphe y applaudissent. […] Qu’il restitue donc le Fief dont il jouit ; la Paroisse le prendra, & fera volontiers tous les frais : la Justice devroit l’y obliger. […] Du haut du Trône où le ciel aujourd’hui A vos côtés fait asseoir la justice, Daignez nous tendre une main protectrice. […] Les Intendans & leurs Subdélégués ne se mêlent que de la Justice, Police & Finances, & n’exercent nulle part les droits de Seigneur, ni ne concourent avec eux dans leurs terres.
Pourrait-il alors avec justice punir dans son fils une tache dont il l’a couvert et dont il s’est couvert lui-même ? […] Dieu fit à ce père infortuné une terrible justice ; le fils misérable fut enfin assassiné par un de ses compagnons de libertinage : « Prosenatore Parisino Thimelicum ignominiosum habuit, Histrionem flagitiosis artibus infamem, omni cura et solertia ad vindicandum e sordibus filium artes ludicras per urbes exercentem sequebatur, sed reducere non potuit, apatre exhæreredatus, tandem occisus, etc. » (Mornac, L. […] Il vaut mieux les laisser à eux-mêmes se pardonner mutuellement leurs galants exploits, ou s’en faire justice dans quelque scène mordante, et tâcher de sauver de la contagion ce qui reste encore de religion et de vertu dans le monde. […] Il n’est pas dans nos mœurs de faire fouetter personne en plein théâtre, ni personne publiquement qu’après une condamnation en justice ; mais dans toutes les villes du royaume le Magistrat chargé de la police fait sans façon emprisonner les Comédiens qui font quelque sottise, et leur fait faire sans bruit dans le cachot une correction paternelle.
Ne pouvant se défendre sur quelque point qu’on l’attaque, il se fâche, s’irrite, s’emporte jusqu’à la fureur ; quand il a pour lui la force, il se passe volontiers de la justice, et sacrifie sans pitié quiconque n’est pas de son avis. […] Mes frères, depuis longtemps les lumières et la civilisation ont fait justice de cette barbarie du fanatisme qui voue à l’enfer, des hommes, qui comme tous les autres, ont droit à notre estime, quand ils se recommandent par leurs vertus.
Nos Rois qui surpassent en grandeur et en piété tous les Princes de la terre, se sont montrés très sévères en ces rencontres, et ils ont armé leur justice et leur zèle autant de fois qu’il s’est agi de soutenir l’honneur des Autels, et d’en venger la profanation. […] Et cet homme de bien appelle cela corriger les mœurs des hommes en les divertissant, donner des exemples de vertu à la jeunesse, réprimer galamment les vices de son siècle, traiter sérieusement les choses saintes ; et couvre cette belle morale d’un feu de charte, et d’un foudre imaginaire, et aussi ridicule que celui de Jupiter, dont Tertullien raille si agréablement ; et qui bien loin de donner de la crainte aux hommes, ne pouvait pas chasser une mouche ni faire peur à une souris : en effet, ce prétendu foudre apprête un nouveau sujet de risée aux Spectateurs, et n’est qu’une occasion à Molière pour braver en dernier ressort la Justice du Ciel, avec une âme de Valet intéressée, en criant « mes gages, mes gages m » : car voilà le dénouement de la Farce : ce sont les beaux et généreux mouvements qui mettent fin à cette galante Pièce, et je ne vois pas en tout cela, où est l’esprit ? […] Molière devrait rentrer en lui-même, et considérer qu’il est très dangereux de se jouer à Dieu, que l’impiété ne demeure jamais impunie, et que si elle échappe quelquefois aux feux de la Terre, elle ne peut éviter ceux du Ciel ; qu’un abîme attire un autre abîme, et que les Foudres de la Justice divine ne ressemblent pas à ceux du Théâtre : ou pour le moins s’il a perdu tout respect pour le Ciel (ce que pieusement je ne veux pas croire) il ne soit pas abusé de la bonté d’un grand Prince, ni de la piété d’une Reine si Religieuse, à qui il est à charge, et dont il fait gloire de choquer les sentimentsq.