Mais s’il faut estimer les effets par la cause, juger l’action selon le dessein, combien celui d’Isabelle est-il recommandable, qui n’a eu autre désir de venir en France, que pour voir ce grand arbitre du monde, ce bien universel admiré de toute l’Italie, ce Roi reconnu de toutes les nations pour le plus grand de la terre, appelé et conduit de Dieu par la voix de ses merveilles, qui lui a donné cette couronne par son sang, de qui la valeur acquise par son bras, qui la conserve par sa bonté, la régit par ses lois, et par sa renommée possède le monde : les Antipodes ne voient point nos étoiles du Nord, mais ils ont vu la clarté de ce Soleil, qui nous a donné la lumière et la vie, qui d’une main a déployé le sceptre, de l’autre le pardon, étouffant la cause et la vengeance ensemble ; qui emportant une victoire, a toujours triomphé de deux, donnant le salut aux vaincus après avoir dompté les rebelles ; et ainsi que l’âme, qui n’est qu’une au corps, a plusieurs puissances en ce Roi, qui n’est qu’un, elle a vu les perfections de tous les Rois ensemble ; elle a vu l’aimant qui attire toutes les belles âmes, qui de ses sujects est autant revéré, comme Sauveur du pays, qu’honoré en Roi nécessaire ; et plus salüé en père qu’en Seigneur ; qui règne sur nous comme les intelligences au Ciel, et le Soleil sur la terre, d’où il me faudroit élever pour chercher dans les cieux des paroles célestes à une vertu divine. […] Pour opiner de l’un avec le vulgaire et juger de l’autre avec les sages, en dois-je chercher l’exemple en l’antiquité, puisqu’il y en a ici qui se montrent aussi ennemis du vice, que vrais admirateurs de la vertu. […] Continuez donc, belle, docte et divine Muse, à imiter les mouches d’Hymette, qui des fleurs dont nous ne tirons que la senteur et la couleur font le miel doucereux : Jugez qu’il n’y a rien qui puisse contenter ceux à qui la vertu et la félicité ne peut suffire : car l’une comprend tout ce qui est à faire ; et l’autre, ce qui se peut souhaiter ; mais nos souhaits ne doivent-ils pas être accomplis au transport de l’aise que nous sentons quand nous voyons cet Oracle du monde, dont le nom est porté par toute la terre : qui avec un port de Vestale, et les façons de Mars, fait voir Mercure sur ses lèvres, Minerve en sa poitrine, Apollon en l’esprit, qui comme un autre Soleil, attire par ses rayons notre vue et nos louanges, et nous fait avouer que la matière surmonte l’œuvre, et qu’elle est digne des honneurs qui élevèrent Hercule dans les cieux : Elle en sait imiter les astres, qui font un chemin tout contraire à celui du monde, et vont encore mieux que lui.
si ce n’est s’accoutumer à juger des choses par raison, et selon ce qu’elles sont en elles-mêmes ? […] Son éducation aura été pour lui une Philosophie continuelle, puisque vous lui aurez montré à juger des choses par leurs véritables idées, et non point par rapport à lui-même. […] Vous jugez bien, Eugène, que je ne prétends pas ici faire main basse sur tous les cabinets : il doit y en avoir où l’on voie les merveilles de l’Art et de la Nature ; et des Antiquités qui nous instruisent.
on peut avoir des relations bien fidèles d’un pays qu’on n’a jamais habité, on peut juger de ses mœurs par les naturelsb avec qui l’on vit ailleurs, de sa température par sa situation dans la zone torride, de ses productions par ses fruits et ses marchandises qu’on en apporte. Le commerce de la vie nous lie si fort avec les habitants de ce pays enchanté, et on répand si abondamment ses productions, qu’on peut en juger sans craindre de s’y méprendre.
Lisez : Jugez de mes sentimens par ce que vous vîtes hier, Mademoiselle : ils sont bien vifs, ils le sont trop.
Vous décideriez avec moins d’autorité, si vous aviez réfléchi, que pour bien juger de la pureté d’intention & du désintéressement d’un Auteur, il faudroit pénétrer dans son ame, pour y reconnoître l’accord de ce qu’il écrit avec ce qu’il pense réellement.
Mais ce n’est pas seulement celui qui peut probablement juger qu’une personne certaine péchera mortellement à l’occasion de la danse, qui se rend coupable de péché mortel : cela s’étend encore à tous ceux, qui sur ce que l’on sait arriver ordinairement, ont juste sujet d’appréhender en général, que dans l’assemblée qui se fait pour cet exercice, il y en aura qui pécheront grièvement.