/ 446
307. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

Le sieur le Gros joue un grand rôle sur les trois théatres en faveur des actrices. […] Elles avoient une adresse singuliere à s’habiller, à se coëffer, à se plaindre d’une maniere lugubre ; à se donner l’air le plus triste, pour mieux jouer la douleur. […] C’est le revenant bon de leur chaste métier ; on a partagé cette tête creuse, on en a conservé le derriere, en le perfectionnant ; ce n’est plus qu’une calote ; elle avoit autrefois des cheveux empruntés, soit en peinture, ou en plâtre, ou réellement attachés, ce qui faisoit des chevelures blondes, noires, bouclées, frisées au gré de l’acteur, aussi-bien que les sourcils & la barbe, selon son goût ; on a conservé le derriere qu’on a rendu plus commode par des perruques à reseau, qu’on porte par-tout, aulieu que les anciens masques ne pouvoient servir que sur le théatre ; ils auroient été aussi incommodes que ridicules, par ce moyen, à peu de frais, & sans embarras, le vieillard rajeunit, la laide s’embellit, l’abbé, le magistrat se déguisent, la femme se travestit en homme, & l’homme en femme, on prend comme sur le théatre, les attributs du rôle qu’on veut jouer, & ce qui est très-commode, la moitié de la toilette se fait chez le baigneur, d’où l’on porte une très-belle tête toute faite, qu’on adapte au visage qu’on vient de fabriquer, ainsi se continue la comédie ; car la vie d’un joli homme, d’une jolie femme, n’est dans l’exacte vérité, qu’une comédie perpétuelle, où l’on joue les mœurs, la Réligion & le bon sens ; ces masques mobiles de la tête, font quelquefois sur le théatre & dans les piéces, les plus ridicules, le spectacle le plus comique, César qui étoit chauve, ne trouva d’autre coëffure pour cacher ce défaut, qu’une couronne de laurier.

308. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

A la Chine, au Japon, dans toute l’Inde on voit des troupes nombreuses de Comédiennes courir de ville en ville, de maison en maison, jouer toutes les pieces qu’on leur demande, & après la piece rendre tous les services que l’on veut. […] Qu’on vienne déclamer contre lui ; les anathèmes de l’Eglise, on les méprise ; les alarmes de la pudeur, on s’en joue ; barbarie chez les Grecs, qui en excluoient les femmes ; mysantropie chez les Romains, qui le couvroient d’infamie ; bizarrerie gothique parmi nous, qui laissons subsister les loix civiles & canoniques portées contre les Comédiens, & en faisons nos amis, nos modelles, nos oracles. […] C’est là qu’on apprend à les jouer, à les soupçonner, à les mépriser, à perdre pour elles tout respect. […] elles n’y vont & ne l’aiment pas moins, s’embarrassent fort peu de ce qu’on y dit, se jouent elles-mêmes, en rient les premieres.

309. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VI. Suite de l’infamie civile. » pp. 126-152

Il semble qu’elles continuent à jouer, comme sur la scène, le rôle des Reines et des Princesses. […] Un esclave qu’on aurait vendu sur le pied d’Acteur, n’est pas censé valoir moins, s’il refuse de jouer, ni le vendeur tenu à aucune garantie ; l’acheteur n’a pu ignorer ni désapprouver cette liberté dictée par les bonnes mœurs. […] Pour la Troupe qui joue à la Cour, il peut se faire que quand quelque Acteur excellent a voulu quitter, on lui ait témoigné du regret, et le Roi lui ait dit quelque parole obligeante pour le retenir. […] C’est beaucoup de tolérer la comédie ; ceux qui la jouent, doivent-ils s’attendre à des faveurs ?

310. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVII. Que les danses sont condamnées dans l’Ecriture, et par les Pères. » pp. 119-141

« Tu scis Domine quia numquam concupivi virum, et mundam servavi animam meam ab omni concupiscentia : numquam cum ludentibus miscui me, neque cum iis qui in levitate ambulant. » Et Job cet homme si droit, et si plein de grâce, marque très expressément, que la danse n’est pas une des moindres parties du dérèglement des pécheurs, lors qu’il dit, « Que leurs enfants s’assemblent, et que dans des assemblées ils jouent, et ils se réjouissent au son du tambour, et des autres instruments, mais qu’enfin ayant passé leur vie dans le plaisir, ils descendent en Enfer dans un instant. » Job. 21. […] Pierre de la Palud blâme absolument cette même action de la danse, comme mauvaise ; « Parce que, dit-il, saint Barnabé a donné sa malédiction aux hommes qui jouent, In 4.

311. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIV. La fréquentation des spectacles ne peut se concilier avec la vie et les sentiments d’un véritable chrétien. » pp. 118-132

n’est-ce pas là en un mot que le cœur, se voyant lui-même dans celui qui paraît épris d’un objet séduisant, devient aussitôt un acteur secret, qui, tandis qu’on joue une passion feinte, en éprouve lui-même une véritable ? […] N’est-ce pas se jouer de la sainteté de la religion et désavouer les promesses de son baptême ?

312. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE II. L’Impiété du Théâtre Anglais. » pp. 93-168

Se joue-t-on ainsi du Seigneur, sans se proposer d’en avilir, s’il était possible, la Majesté suprême ? […] Une Chapelle sert de Scène au premier Acte de l’Astrologue Joué : et afin qu’on sache d’abord à quelle intention se prépare ce lieu sacré, la Scène s’ouvre par des coquetteries, et par de bons mots sur la piété. […] et loger Samson une seconde fois dans la maisonAllusion au lieu où se joue la Comédie et aux spectateurs. […] On ne fait au reste ce changement de décoration que pour faire Rasor plus impie ; et son style ne devient conforme à son habillement que pour jouer la Religion d’une manière plus raffinée. […] Allusion au lieu où se joue la Comédie et aux spectateurs.

/ 446