Un Chrétien ne doit avoir aucun commerce avec les folies du Cirque, avec l'impudicité du Théâtre, avec les cruautés de l'Amphithéâtre, avec la barbarie des Gladiateurs, avec l'infamie des Jeux de Flore ; C'est renoncer à Dieu que de s'amuser à ces vanités ; c'est se rendre prévaricateur de la Foi chrétienne que de rechercher après le Baptême les choses auxquelles on a renoncé en le recevant ; c'est à dire le Diable; ses Pompes, et ses œuvres.
Mais ce qui mit le comble à leur infamie, fut que les plus coupables estoient compris parmy eux comme des Victimes destinées aux plaisirs du Peuple, immolées à leur rage comme à celle des bestes. Dans une infamie égale parmy eux tous, le bon-heur fut fort different, car les esclaues faits en guerre n’auoient ny esperance ny resource, ou si le hazard leur en procuroit, c’estoit tres-rarement, & presque iamais. […] Mais l’infamie du mestier n’en empeschoit pas les richesses, & ces ames viles & mercenaires faisoient des profits incroyables du loüage ou de la vente des miserables qu’ils avoient achetez. […] Mais le second dependoit de la pure indulgence de l’Empereur, qui voulant reconnoistre le merite d’un Gladiateur qui avoit emporté un certain nombre de victoires, luy donnoit ce congé solemnel, & luy permetoit de gouster le repos & de vivre affranchy de la servitude & de l’infamie de sa premier profession. […] Tacite ne dissimule pas, que sous Neron les femmes & mesme les gens de qualité ne se soient exposez à l’infamie de ces Combats.
Elle y paraît sans honte et sans infamie.
Elle y paraît sans honte et sans infamie.
Enfin, on tire une fausse conséquence de cette maxime vrai en matiere criminelle, non bis in idem, « Si l’Acteur & l’Auteur sont infâmes, dit-on , dans l’ordre des Loix, il resulte de cette peine d’infamie, que la peine de la Loi contre un délit, détruit toute autre peine ; parce que la régle est certaine, qu’on ne doit jamais punir deux fois pour le même délit. Ainsi l’infamie prononcée par la Loi contre les Comédiens, les mettroit à couvert de l’Excommunication de la part de l’Eglise.
La tentation d’Eve par le serpent, celle de Notre-Seigneur dans le désert, les prestiges des magiciens de Pharaon, les possessions de l’Evangile n’ont rien de commun avec ce cahos de délire, aussi contraire au bon sens qu’à la religion & au bonnes mœurs : ce transport de sorciers dans le vague des airs, à cheval sur un bâton, par la vertu d’un onguent magique ; cette cohorte de démons, ce trône au milieu d’une campagne pour recevoir les hommages, ces cornes, ces pieds de chevre, ces danses, ces chants, ces repas, ces infamies, ce font les rêves d’un malade, les écarts d’un cœur corrompu, qui se livrent à toutes les images qui flattent la volupté. […] On choisissoit des forêts, des lieux déserts ; on prenoit le temps de la nuit, pour inspirer plus d’horreur, par la solitude, le silence & les ténebres, pour être plus libre, & mieux cacher les infamies qui s’y introduisirent ; on y venoit en foule, on y dansoit, chantoit, s’enivroit ; il s’y trouvoit des libertins, des mendians, des voleurs, quelques personnes de bonne-foi dont on avoit surpris la crédulité : voilà le Sabbat.