Quelle petitesse, s’écrie-t-on, d’être toujours à l’affut d’une image ; de ne rien laisser passer sans en faire un tableau ! […] Il suffit de citer le Soldat Magicien, le Roi & le Fermier, Sancho-Pança, le Sorcier, le Bucheron, dont quelques morceaux de musique nous causent toujours un nouveau plaisir ; parce que le chant, & sur-tout la simphonie, sont des images détaillées de ce que contiennent les paroles. […] Il est du moins bien difficile à un Compositeur de lui faire peindre & èxprimer quelque chose ; Quelle peine ne doit-il pas se donner, s’il a dessein de la rendre èxpressive, & s’il veut qu’elle soit l’image de ce qui va se passer au Théâtre !
Ces spectacles, dit saint Augustin, ne sont que des images de la vérité, ou plutôt d’une chose imaginée à plaisir, comme la représentation d’une idole est la figure d’une divinité feinte, « eorum imagines lambunt cogitatione famelica »Lib. 1. […] Le bien y est appelé mal, le mal bien, les ténèbres lumières, on y fait passer le doux pour amer, et l’amer pour doux, on élève jusqu’aux Cieux des actions pour lesquelles Dieu précipite irrémissiblement dans les enfers ; plus elles sont colorées d’une image de grandeur et de générosité, plus leur représentation est dangereuse. […] En formant de grandes et pompeuses images des créatures, en les relevant sans cesse, en leur attribuant une grandeur, une force, une puissance qu’elles sont bien éloignées d’avoir, disons plus, une espèce de divinité, en sorte que l’esprit s’abat et se prosterne devant l’ouvrage de l’esprit d’un homme, comme faisaient autrefois les peuples abusés sous le règne de l’idolâtrie, devant celui d’un sculpteur ou d’un peintre. […] A l’image animée de ces passions, il ne manque guère de s’en élever de pareilles du fond de corruption qui est en nous, tel est l’empire d’une représentation vive sur le cœur humain, lorsqu’elle est accompagnée de discours passionnés, tout y concourt, la déclamation, le port, la geste, les ajustements, la symphonie, n’est-ce pas là jeter de l’huile sur du feu, et aplanir le chemin à un torrent ? […] Mais supposé qu’il n’y ait rien dans les comédies qui puisse blesser l’innocence, exciter des images dangereuses, et réveiller les passions, supposé qu’il n’y ait rien dans les ajustements, cultu meretricio Prov. 7.
C'est pourquoi quelque soin que l'on prenne de séparer de la Comédie et des Romans ces images de dérèglements honteux, l'on n'en ôtera jamais le danger, puisque l'on y voit toujours une vive représentation de cette attache passionnée des hommes envers les femmes, qui ne peut être innocente; et que l'on n'empêchera jamais que les femmes ne se remplissent de l'objet du plaisir qu'il y a d'être aimées et d'être adorées d'un homme ; ce qui n'est pas moins dangereux ni moins contagieux pour elles que les images des désordres visibles et criminels.
C'est pourquoi, quelque soin que l'on prenne de séparer de la Comédie et des Romans ces images des dérèglements honteux, l'on n'en ôtera jamais le danger, puisque l'on y voit toujours une vive représentation de cette attache passionnée des hommes envers les femmes, qui ne peut être innocente; et que l'on n'empêchera jamais que les femmes ne s'y remplissent du plaisir qu'il y a d'être aimées et d'être adorées d'un homme ; ce qui n'est pas moins dangereux, ni moins contagieux pour elles que les images des désordres visibles et criminels.
Car enfin, la plupart de ces Jeux, qu’on voit en usage parmi les Chrétiens, ne sont-ils pas une image vivante de ce que nous ont conservé les différents Ecrivains de l’antiquité. […] Quant à moi, je ne les ai jamais regardés que comme un reste des Spectacles des Anciens ; j’y ai trouvé par tout l’image vivante de la Lutte et des combats des Athlètes ; de la course des chariots ; des combats des bêtes fauves, etc. et je répète encore que, si les Savants, qui se sont donnés la torture pour découvrir les usages des morts, avaient bien étudié les vivants, ils seraient parvenus, peut-être, à expliquer bien des passages des Anciens, qui sont encore inintelligibles par les contradictions sans nombre de ceux qui ont entrepris de les interpréter. […] De-là vient que les Spectacles modernes sont une image informe des Spectacles des Anciens.
Celles qui roulent sur des expressions convenables à la dignité des personnes, & elles tiennent aux mœurs ; & celles, qui fondées sur la vérité du sentiment, offrent des images trop crues. […] L’image du vice ne blesse les yeux que quand la réalité est trop connue : Il y a cinquante ans, le Théatre étoit plus libre & les cœurs l’étoient moins. […] Dans ses mains, toutes les expressions font image. […] Sa muse fatiguée d’un travail inutile, ne lui inspire que des images communes, que des expressious traînantes.