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117. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

Les fautes où il est tombé, soit par la foiblesse humaine, soit par la liberté qui régnoit de son temps, ne sont pas des titres pour ses successeurs. […] Les tragi-comédies dans le siecle passé étoient aussi un composé de dignité & de gaieté, de personnages illustres & d’événemens réjouissans, & dans le vrai la vie humaine n’est qu’un tissu des choses les plus discordantes. […] On y décrie tous les états, tout le genre humain.

118. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

C’est le scandale commun à toutes les comédies : on commence par enseigner, offrir, mettre en action le péché, pour en venir au foible & tardif correctif de quelque mot de vertu, qui ne réparera jamais le coup mortel qu’ont porté au fond du cœur les attraits & les embellissemens du vice, & à la vertu le ridicule & les ombrages répandus sur ceux qui la pratiquent, dont on engourdit le zèle, énerve les bons exemples, détruit le crédit, affoiblit les exhortations, & empêche par respect humain d’embrasser les exercices. […] Ses appas sont célestes, sa splendeur plus qu’humaine, ses regards divins, sa douceur ineffable. […] L’inévitable nécessité de la passion dans les gens les plus pieux, à cause de la foiblesse humaine & de la délectation supérieure du plaisir : Mon sein n’enferme point un cœur qui soit de pierre.

119. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Quel ennemi du genre humain entreprendrait de bannir de nos plaisirs l’amour & les femmes ? […] Le Spectacle est un amusement permis de droit divin & de droit humain : il se trouve par-tout dans la nature ; le plus beau de tous est le Ciel lui-même : la majestueuse étendue des mers, la variété des sites & des campagnes, la sombreté des forêts, l’éclat des montagnes de neige, l’émail des prairies, nous en offrent de moins beaux à la vérité, mais plus à notre portée : les Armées, les Combats, les Assemblées, les Fêtes, les Cérémonies des Religions en sont un autre genre plus rapproché de l’homme : enfin, il y a des Spectacles proprement dits, que l’homme social se prépare, qu’il assaisonne de tout ce qui peut flatter cette avidité de voir qui lui est naturelle : les uns consistent en courses, en combats d’hommes & d’animaux, & sont purement matériels ; les autres (& c’est de ceux-ci dont il est question) satisfont la vue par les décorations d’un Théâtre, le jeu des Acteurs, en même-tems que par le Drame ils parlent au cœur & à l’esprit. […] Nulle puissance humaine ne peut obliger les hommes à observer une loi, qui aura plus d’inconvéniens que d’utilité ; ou, si l’on veut, qui serait en sa majeure partie, contraire aux intérêts de ceux qu’elle doit régir.

120. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

Qu'un homme du monde suive la mode, et que sans s'embarrasser des lois sévères de l'Evangile, il s'abandonne aux plaisirs qu'il voit régner dans les sociétés où il vit, c'est le torrent de l'exemple, c'est l'empire du respect humain. […] Contradictions et inconséquences humaines, êtes-vous plus déplorables que ridicules ? […]  » Ce pompeux panégyrique du théâtre est bon à faire à quelqu’un qui ne l'a jamais vu ; il fait rire ceux qui le connaissent, si l'enthousiasme ne leur met sur les yeux un verre coloré. « Lorsque Julien (on l'a appelé l’Apostat dans tout l'univers pendant quatorze siècles, il a cessé de l'être depuis que toutes les religions sont indifférentes) défendit aux premiers Chrétiens d'enseigner les lettres humaines, et à la jeunesse de les étudier ailleurs que dans les écoles payennes, (les jeunes gens eurent toujours la liberté d'apprendre ce qu'ils voulurent, il n'y eut que les Régents Chrétiens interdits.

121. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

« La Scene, comme vous le dites sort bien, est un tableau des passions humaines dont l’original est dans tous les cœurs. […] Ne serai-je point excité à l’amour de la foi chrétienne quand un miracle honorera la mort d’un martyr, parce que c’est un événement qui ne doit pas se rencontrer dans le cours naturel des choses humaines ? […] Chez vous enfin le Misantrope ne hait que la corruption du genre humain, et; chez notre Auteur la haine de cette corruption, et; même de ce qui n’en a qu’une foible apparence réjaillit jusqu’à un certain point sur les hommes. […] Qui vous a découvert les secrets les plus cachés du cœur humain, pour oser soutenir que les mêmes gens à qui vous prêtez tant d’amour pour le libertinage, ne désirent pas en sortir ? […] « Les cercles d’hommes ont leurs inconvéniens, sans doute ; quoi d’humain n’a pas les siens ?

122. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. —  De la Comédie.  » pp. 267-275

Ce ne sont pas là des vices que la faiblesse humaine enfante, ce sont des crimes, et il n’est pas permis à un particulier d’en parler ni en secret, ni en public ; C’est aux Tribunaux préposés pour maintenir les Loix, et pour décerner les punitions que méritent les Prévaricateurs, qu’il appartient d’en prendre connaissance.

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