L’enchantement causé par ces prodiges de sagesse, tourne au profit des femmes sans honneur. […] Mais, découragé par un abandon si funeste, l’orateur, chargé de la défense de ses concitoyens, abandonnera-t-il le champ de l’honneur ? […] Tandis que l’homme frivole court après un honneur vain et chimérique, il gémit lorsque la nécessité le force d’entrer en lice pour y dévoiler publiquement les plaies honteuses qui déshonorent la société. […] Rien n’est trop fort, rien n’est trop grand quand il s’agit de conserver la vie ou de sauver l’honneur de ses concitoyens. […] Tant il est vrai que rien n’est plus calme et plus doux qu’un guerrier français après la victoire : soit pendant, soit après le combat, il est toujours au champ de l’honneur.
Ce seroit leur faire trop d’honneur ; aucun dramatique, ni Grec ni Latin, n’ont connu les saints livres. […] Il se maria, & prit dans sa patrie une charge qu’il remplit avec honneur. […] Mais il quitta trop jeune la Capitale & les belles lettres, pour se livrer aux fonctions de sa chargé, & mériter mieux que Moliere les honneurs d’un éloge couronné. […] Il n’en est peu qui n’étalassent toutes leurs graces, si les loix de l’honneur ne le leur interdisoient. […] En Angleterre on fait plus, on accorde les honneurs royaux aux Actrices, on les enterre dans le tombeau des Rois.
Il est pourtant vrai que cette consécration religieuse ne dura pas toujours ; ce ne fut que dans les premiers siècles, où l’on n’avait à Rome que des théâtres mobiles, qu’on dressait à l’occasion de quelque fête publique, pour donner des jeux à l’honneur des Dieux. […] Depuis ce temps-là on voit distinguer dans les Auteurs les jeux sacrés qui se donnaient en l’honneur des Dieux, et les jeux ordinaires du théâtre ; les jeux sacerdotaux, où devait toujours se trouver quelque Prêtre qui offrît des sacrifices, et où il était défendu aux bouffons et aux mimes de se trouver, et les jeux profanes, auxquels Julien l’Apostat défendait aux Prêtres d’assister, pour imiter, disait-il, la retenue et la modestie des Prêtres Galiléens (c’est-à-dire Chrétiens). […] I. du Philosophe malgré lui), ouvrage sensé et ingénieux, dit, en parlant du théâtre : « Dans nos réduits champêtres, la voix mélodieuse d’un musicien, les sons enchanteurs d’un instrument dangereux, ne versent point la mollesse dans nos cœurs, comme dans ces temples somptueux d’où la vertu ne peut approcher sans crainte, où Bélial est la Divinité qu’on adore, et l’honneur la victime qu’on immole, l’indécence et la débauche le seul but où tendent ses adorateurs. […] Voyez ces loges peuplées d’amateurs, qui viennent à l’envi puiser à la source ; ils écoutent religieusement leurs savantes leçons, forment leur goût à leur toilette, se familiarisent avec leurs fonctions religieuses, apprennent à secouer le joug d’une incommode décence, à braver les lois gênantes de l’Evangile et de l’honneur, à se débarrasser d’un importun remords, et employer mille ruses pour faire réussir leurs projets, tromper la jalouse vigilance d’un père, d’une mère, d’un mari, d’un maître, et tourner en ridicule leur gothique régularité et leur dévot radotage. […] Cette excommunication, cette horreur de l’Eglise, cet éloignement des Chrétiens, cette privation de prières, d’honneurs funèbres, de sépulture, cet abandon à Satan, voilà une image, hélas !
On y chanterait sans cesse, sans cesse on y répéterait à son honneur ces hymnes séditieux : « O liberté, aimable liberté, mère des plaisirs, unique source du parfait bonheur ! […] Il élevait un Théâtre, mais moral : un Théâtre qui tournât au profit du cœur et de l’esprit ; qui formât des Citoyens, des Pères et des Mères de famille, des Enfants et des Sujets dociles ; qui ne respirât que l’honneur et la probité ; qui rectifiât les fausses idées et les remplaçât par de plus justes ; qui mît un frein aux passions et apprît à les régler ; qui fût ennemi déclaré du vice et épargnât le vicieux : persécuteur infatigable de tout ce qui conduit au détriment de la Société : protecteur zélé de ce qui en serre les liens ; qui montrât le crime et le vice dans toute leur difformité, et la vertu dans tout son lustre : en un mot, qui ne proposât que de bons exemples, et couvrît de confusion les mauvais. […] J’ai appris dans ce Catéchisme qui nous vient de Rome, au rapport de M. de Voltaire, comme dans celui de Paris et dans tous les autres de l’Univers, que notre vie appartient à Dieu et à la Patrie ; que nous en sommes seulement les dépositaires ; que le véritable honneur consiste à les bien servir ; que le courage est moins dans le mépris de la mort, que dans le motif qui l’inspire ; que la vengeance est un crime, l’homicide un forfait, le suicide une extravagance qui ne peut partir que d’un cerveau troublé par de noires fumées. […] Ils plaçaient leur honneur à défendre leurs Compatriotes, et non pas à les traiter en ennemis déclarés. Le premier16, attaqué par un faux Brave dont il avait repris les blasphèmes, disait qu’après avoir osé défendre la cause de Dieu, il ne devait point la trahir pour les maximes d’un honneur mal entendu.
Je ne sais si dans les circonstances de la révocation de l’Édit de Nantes c’étoit bien faire sa cour de dire la favorite Protestante, du moins c’est la louer bien élégament de dire d’elle, qui par la vertu seule captive un Roi puissant ; qui charme toûjours, & jamais ne lasse ; qui fatiguée des vains honneurs, met toute sa gloire à s’oublier elle-même ; qui dans la retraite s’occupe à cultiver des fleurs (les Demoisell. […] On aime à contrefaire & à voir contrefaire les autres ; & la populace même dans ce tas d’ordures qu’elle vomit, lâche souvent des traits pleins de sel, des saillies ingénieuses & agréables, dont un bel esprit se feroit honneur. […] C’est une injustice : l’honneur est un bien précieux, qu’il n’est pas plus permis d’enlever que de dépouiller des autres biens. […] Voilà son vrai mérite, voilà ce qu’on y dévore, ce qu’on en retient, ce qu’on en débite, & dont on se fait honneur. […] Ce sont les pointes les plus dégoûtantes ; il n’est pas même plaisant pour le peuple, & il est insupportable aux gens d’honneur.
Le Philosophe immortel qui fait tant d’honneur à notre siècle, rira de mon sentiment : sans ôser combattre ce grand homme, je vais proposer mes idées ; s’il trouve que je sois dans l’erreur, il daignera me faire grâce ; il sait trop que les malheureux humains sont sujets à se tromper. […] Rameau ne fait-il pas honneur au siècle où il vivait, à sa patrie & à l’art enchanteur qu’il perfectionna en partie ? […] Zoroastre est un des grands Opéras auxquels ils ont fait cet honneur. […] Monsigi fait particulièrement honneur au goût Français ; & qu’on retient d’abord par cœur tous ses Ouvrages, tant ils sont simples & chantans. […] Rousseau contre notre musique, font plutôt honneur à son esprit qu’à la vérité.