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2. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XI. Du jeu des Acteurs. » pp. 345-354

Le geste même était aussi noté ; c’est-à-dire que des signes particuliers indiquaient les mouvemens qu’il fallait faire. Mais ce qui nous paraîtrait extrêmement ridicule, c’est que chez les Romains un Acteur fesait souvent les gestes de celui qui déclamait. […] Mais on ne veut voir rien de forcé dans son geste, dans son ton, ni dans sa manière de se présenter. […] S’il est nécessaire que la nature règne dans les ouvrages de Théâtre, il faut qu’elle paraisse aussi dans les gestes & dans tout ce que fait l’Acteur. […] Il est pourtant naturel que celui à qui l’on tient un discours flatteur, en témoigne sa joye par ses regards, par ses gestes, & par des mouvemens qui éxpriment le plaisir qu’il éprouve.

3. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [O] » pp. 436-440

On appelait ainsi chez les Romains, des Acteurs, qui par des mouvemens, des signes, des gestes, & sans s’aider de discours, exprimaient des passions, des caractères & des évènemens. Le nom de Pantomime, qui signifie, Imitateur de toutes choses, fut donné a cette espèce de Comédiens, qui jouaient toutes sortes de sujets avec leurs gestes, soit naturels, soit d’institution. […] En effet, plusieurs gestes d’institution étant de signification arbitraire, il falait être habitué au Théâtre, pour ne rien perdre de ce qu’ils voulaient dire. […] Je n’ignore pas que les Danses des Grecs avaient des mouvemens expressifs ; mais les Romains furent les premiers qui rendirent par de seuls gestes le sens d’une Fable régulière d’une certaine étendue. […] Cet Art aurait eu sans doute beaucoup plus de peine à réussir parmi les Nations Septentrionales de l’Europe, que chez les Romains, dont la vivacité est si fertile en gestes, qui signifient presqu’autant que des phrases entières.

4. (1646) Science du chrétien « Des comédies. » pp. 638-643

Mais s’il est question de parler des autres où l’on fait profession de faire des actions et des gestes tout à fait impudiques, je dirai hardiment qu’à grande peine se trouve-t-il chose plus scandaleuse à l’honneur du Christianisme, plus préjudiciable à la jeunesse chaste, et plus dangereuse pour pécher mortellement ; car ce sont des filets, et des pièges que le diable dresse pour attraper une âme chaste ; ce sont des dispositions aux sacrifices de Venus, ou des degrés pour monter à l’autel de Baal. Si je croyais que vous et moi dussions jamais assister à ces vilaines comédies, je demanderais à Dieu qu’il envoyât son foudre pour nous écraser, et ce coup du Ciel ne nous serait pas si funeste, que le geste d’un comédien lascif, ou la parole d’une effrontée comédienne. […] il ne faut qu’un moment, il ne faut qu’un instant, un seul geste lascif, une œillade, un seul attouchement peut allumer des brasiers qu’une éternité de temps ne pourra pas éteindre.

5. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre V. De l'impudence des Jeux Scéniques. » pp. 104-134

aventures de leurs Dieux ; quelques vieilles Fables, ou quelques Moralités, et le faisaient avec tant d'art, que leurs actions, leurs postures et leurs gestes expliquaient comme au naturel le sens des paroles. […] C'est pourquoi Lucian écrit que la danse est une science de contrefaire toutes choses, un art d'imitation, qui dépeint tout par les gestes, en sorte que le Spectateur puisse entendre celui qui danse, encore qu'il ne parle point. […] de danse et de gestes, entre lesquelles ont été célébrés Luceïa que Pline appelle Mime, et Galéria Embolaire ou Joueuse d'intermèdes, Caramelle qui fut nommée la dixième des Muses et la quatrième des Grâces, Helladie à qui fut dressée une statue à Anches, et qu'on disait avoir été visitée de Jupiter, sous l'apparence de l'or, tant elle devint riche par ce métier. […] , célèbres en son temps, qu'ils parlaient, non pas en ouvrant la bouche ; mais d'un geste éloquent, des genoux, de la jambe, d'un signe de tête, et en se roulant. […] Elle était célébrée par les Ecclésiastiques dans les Eglises durant le service Divin, avec des masques de figure bizarre, et des habillements de femmes et de fripons ; et en cet équipage ils dansaient à la mode des Histrions, et leurs danses étaient accompagnées de chansons malhonnêtes ; et sans avoir aucune honte, ils couraient la Ville et les Théâtres, et faisaient rire les Spectateurs par des gestes impudents, par des paroles indignes de leur profession, et par d'autres abominations, dont la pensée est capable de faire rougir.

6. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [F] »

L’enthousiasme de son art montait les ressorts de son âme au ton des sentimens qu’il avait à exprimer ; il paraissait ; on oubliait l’Acteur & le Poète : il parlait ; c’était Mithridate ou César ; ni ton, ni geste, ni mouvement qui ne fût celui de la nature. […] Toutes les délicatesses de l’expression & du geste ne pouvaient être senties sur les vastes Théâtres des Anciens.

7. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

quelle dévotion elles doivent inspirer au Maître & aux élèves, qui par dévotion encore imitent en cadence par symmétrie, ces gestes, ces attitudes, ces mouvemens célestes ! […] Il faut d’abord former les pas, & ils sont sans nombre, régler les attitudes du corps, les gestes, les regards ; cela seul feroit un art. […] Les livres de Choregraphie ou d’Orcherographie, comme on les a quelquefois appelés, à la faveur de quelques lignes, tracent les pas, les gestes, les figures, comme on marque les tons, les demi-tons, jusqu’aux soupirs dans la musique. […] Les Nègres de la Guinée, les plus stupides des hommes, ont inventé des danses les plus expressives, entr’autres une appelée Kalenda, où par les gestes les plus lubriques ils représentent toutes les infamies de la volupté. […] Mais c’est là le véritable portrait des danses théatrales ; les gestes, les attitudes, les entrelassemens des danseurs & des danseuses font à tous momens des groupes lascifs.

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