Des gémissements remplacent les chants joyeux de l’oiseau de Lubin 16, et des incendies, des combats et des pillages se renouvellent chaque soir sur le terrain où la Vigne d’amour 17 charmait jadis leurs pères… Pauvres gens ! […] Je me rappelle un trait, qui peut servir d’histoire à beaucoup de nos modernes Panard : un grand seigneur fit une comédie, la fit jouer devant les parasites de sa cour ; ses gens l’applaudirent et le portèrent aux nues !
Le plaisir de gens sans mœurs qui fréquentent d’ordinaire le Théâtre, doit-il se payer par le fruit des sueurs & des travaux du laboureur tombant sous le faix ; du Citoyen religieux, qui compte pour peu le Théâtre ?
Des gens qui n’ont proprement rien à faire depuis le matin jusqu’au soir, dont la vie est un cercle perpétuel de divertissement auxquels ils n’apportent d’autre interruption que celle qui est nécessaire pour éviter le dégoût, s’ils y tombent et si l’envie les saisit, c’est que nous ne sommes pas faits pour des biens frivoles et que nôtre cœur sera toujours dans l’agitation jusqu’à ce qu’il se repose pleinement en Dieu que son fond réclame sans cesse.
Il est vrai que bientôt l’extrême licence des gens d’Église blessa la cour même ; il fut défendu de jouer des pièces qui eussent trait aux mystères de la religion et aux choses saintes.
Jésus-Christ paraîtrait sur le théâtre en la personne d’un acteur, d’une actrice effrontée, gens infâmes, même selon les lois des hommes !
Au reste, je ne veux pas plus m’écarter aujourd’hui que la première fois du langage qui convient entre gens bien élevés, et je n’en serai pas moins disposé à oublier l’âpreté du vôtre : il est permis, je le conçois, de montrer un peu d’humeur quand on doit, comme vous, s’avouer intérieurement que l’on a trois fois tort.