Ne nous informons point des malades qu’il a guéris, des élèves qu’il a faits en médecine, des chefs-d’œuvre de gravure & d’orfévrerie qu’il a finis, des ouvriers qu’il a formés, des monumens de son industrie.
Si ceux qui font profession de connaître Jésus-Christ, et de croire en lui, dépendaient, comme ils doivent, de ses enseignements ; et travaillaient à se former peu à peu, sur le modèle de la perfection qui s’est vue en lui, durant les jours de sa chair ; afin que nous fussions ses imitateurs, selon les salutaires exemples qu’il nous a laissés : il ne serait pas besoin de travailler à les détourner de plusieurs actions des enfants du siècle, auquel ils se disent avoir renoncé. […] Est-il pas bienséant à des femmes vertueuses, et à des filles sages, de voir et contempler sur le Théâtre des femmes, ou des hommes travestis en femmes, en habits de garces, et là former leurs voix, leurs paroles, et leurs actions pour donner du plaisir aux spectateurs ? […] Machiner : former un mauvais dessein.
« Il n’a point prétendu, à votre jugement, former un honnête homme, mais un homme du monde… ainsi voulant exposer à la risée publique tous les défauts opposés aux qualités de l’homme aimable, de l’homme de societé, après avoir joué tant d’autres ridicules, il lui restoit à jouer celui que le monde pardonne le moins, le ridicule de la vertu : c’est ce qu’il a fait dans le Misantrope. » La vertu n’a jamais de ridicule, elle ne peut pas même en avoir, mais on peut joindre beaucoup de ridicule à la maniere dont on s’est projetté d’être vertueux. […] Je ne vous suscite point une querelle sur le renversement que vous faites de la piéce, en vous abusant dans vos citations, puisque vous avertissez, en cet endroit même, que peut-être vous vous trompez à cet égard : cependant cette erreur vous a fait donner à gauche dans l’idée que vous vous êtes formé du Misantrope. […] Dans l’idée que chaque homme s’est formé des duels, il a cru son honneur engagé à ne les pas regarder honteux, par la crainte d’être soupçonné de poltronnerie. […] Je voudrois qu’il me fut permis de nommer ici toutes les Actrices qui joignent des talens supérieurs à la régularité des mœurs, on verroit que si, malgré tous les piéges qu’on leur tend, il en reste encore un si grand nombre qui sont dignes de notre estime, il est conséquemment indubitable qu’on réüssiroit aisément à former une troupe de Comédiens telle que le sage M. d’Alembert la propose à la République.
Ce sont des scenes detachées qui devoient avoir place dans les plans qu’il avoit formé ; comme si un Architecte faisoit valoir les fondemens de quelque muraille qu’il vouloit bâtir.
Il faut que ce goût, ou plûtôt cette fureur soit bien dominante, pour avoir fait penser à une personne qui paroît d’ailleurs sage & pieuse, qu’une éducation théatrale formera de bonnes mœurs, qu’en dégradant l’Écriture on donnera de la religion, qu’une tête pleine depuis l’enfance de décorations, de parures, de farces, fera une bonne fille, une bonne mère, une femme chrétienne, & que les Communautés Religieuses porteront l’aveuglement jusqu’à adopter un systême d’éducation qui choque les premiers principes de la religion & de la vertu.
Pour fortifier un jeune homme dans ses exercices, pour le former et lui procurer la vigueur nécessaire, on doit lui proposer un but auquel il ne semble pas naturel qu’il puisse atteindre, afin qu’en multipliant ses efforts et ses tentatives, il acquière la force et l’adresse nécessaires pour y parvenir dans la suite.