Quoi, mes Dames, mettre cinq ou six heures de tems a se parer & à se peindre le visage, pour aller ensuite dans une assemblée tendre des pieges à la chasteté des hommes, & servir de flambeau au demon, pour allumer par tout le feu de l’impudicité, demeurer les nuits entieres exposées au yeux & à la cajollerie des jeunes fous, & de tout ce qu’il y a de libertins dans une ville, emploïer tout ce que l’art & la nature ont de plus dangereux pour attirer leurs regars, & pour leur renverser l’esprit, deguiser vos personnes & vôtre sexe, pour n’avoir plus honte de rien, & pour ôter à la grace ce petit secours, qu’elle trouve dans la pudeur, qui vous est si naturelle. […] Combien pensez-vous qu’il y ait en effect d’heretiques, lesquels, pour me servir des termes du même Pere, amassent des charbons de feu sur nôtre teste, c’est-à-dire, qui se fortifient tous les jours dans leurs erreurs à la vûë de nos debauches, & qui par un aveuglement étrange, à la verité, mais que nous prenons plaisir de rendre tous les jours plus incurable, rendent peut-être graces à Dieu de les avoir fait naître hors d’un Christianisme si corrompu ?
Il parle néanmoins encore avec une tout autre douceur, lorsqu’il se fait entendre dans le cœur, et qu’il y fait sentir ce feu céleste dont David était transporté en prononçant ces paroles : « Le feu s’allumera dans ma méditation »Ps.
Non : c’est dans le feu du génie, dans les sources fécondes d’un talent embrasé. […] Tout son feu est consentré sans sa tête : rien n’est capable de le rappeller dans l’extérieur de sa personne, ni de l’y distribuer. […] Pour rendre un rolle il faut un feu céleste, une sorte d’inspiration divine ; tandis que pour le composer, avec des connoissances & du talent un Auteur en est quite. […] On voit au contraire que non-seulement il approche de l’Auteur ; mais qu’il j’emporte sur lui pour toutes les qualités rares : le feu du génie, la chaleur de l’imagination, le goût de la nature & le talent de la précision. […] Les choses importantes ont cela de particulier, qu’en attirant nos soins elles sçavent les mériter : on le sent d’avance par l’espéce de feu & d’intérêt avec lequel on s’y attache ; au lieu qu’en fait de riens, de bagatelles, fussent-elles même d’un agrément sensible, on n’en a pas plûtôt ris, qu’on les oublie : eh pourquoi ?
Voilà ce que Jesus-Christ est venu faire dans le monde ; embrâser les cœurs du feu de la charité, former des justes ; voilà l’unique but des mystéres qu’il a opéré sur la terre.
Croit-on que le feu qu’elles auroient jetté dans un cœur deja trop disposé par lui-même à aimer en quelque maniére que ce soit, s’éteindroit par l’idée seule de l’honnêteté nuptiale ?
Que le courroux du Ciel, allumé par mes vœux Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux.