On ne sauroit croire combien elle excite l’émulation des bonnes mœurs : tous les habitans de ce village composé de cent quarante-huit feux, sont doux, honnêtes, sobres, laborieux, contents de leur sort.
Foix) où de jeunes filles voluptueusement parées s’assemblent à cinq heures du soir pour étaler sur un théatre tout ce qui est le plus capable d’exciter des désirs violens & des passions criminelles ; elles dansent avec indécence, chantent d’une voix luxurieuse, déclament avec des graces séduisantes, & emploient tout leur art à allumer des feux sur lesquels est fondé le plus beau de leurs revenus.
enchassés à chaque ligne, comme dans nos opéras ces mots, amant, chaînes, fers, feux, flammes ; charmes, appas, &c.
Les habitants d’Aix tiennent singulièrement, dit-on, à l’institution de ces jeux, et à la mémoire de leur ancien souverain ; je suis loin de blâmer leur goût pour ces sortes de plaisirs, et encore moins la déférence qu’ils témoignent à la mémoire de ce prince ; mais je leur accorderais, dans le temps de carnaval, tous les jeux institués par le roi René, en retranchant les sujets religieux, et j’ordonnerais pour la solennité de la Fête-Dieu, une procession imposante et respectable qui nourrirait l’esprit et le feu sacré dans l’âme des fidèles, sans obscurcir leur vue par des sujets profanes et des masques hideux. […] Romain prit cette bête, lui mit son étole au cou ; et lors, toute férocité cessant, la bailla audit prisonnier criminel, qui l’amena sans résistance jusque dans la ville, où publiquement elle mourut, et fut consumée par le feu.
Saint Clément représente en détail quelques maux auxquels les Spectacles donnent lieu28. « C’est dans ces Assemblées, dit ce Père, où les personnes de différents sexes se trouvent, et où les hommes et les femmes s’accoutumant à se regarder trop librement, donnent lieu à des mouvements et à des désirs qui ne servent qu’à irriter davantage la concupiscence ; le loisir qu’ils prennent pour se donner un divertissement qui leur doit servir de relâche, est une occasion qui augmente en eux le feu des passions. […] Jean de Salisberya Evêque de Chartres qui vivait au même temps, a réprouvé les Spectacles, quand il a dit que de son temps les Spectacles allumaient le feu de l’impureté, que les Comédiens entretiennent l’oisiveté de ceux qui ne peuvent vivre sans quelque amusement, que c’est un dérèglement pernicieux, puisqu’une simple oisiveté serait encore plus avantageuse qu’une si honteuse occupation59. « Dans le siècle où nous vivons, dit ce savant Evêque, où l’on est fort adonné à tout ce qui ressent la fable et la bagatelle, on ne se contente pas de prostituer ses oreilles et son cœur à la vanité ; mais on est encore ravi de charmer sa paresse par le plaisir des oreilles et des yeux, on est ravi d’enflammer la luxure en cherchant à fomenter le vice.
Dans les campagnes, les laboureurs et leurs familles, après l’accomplissement spontané de leurs devoirs envers Dieu, se réunissent sous l’arbre séculaire, seul monument qui s’élève au milieu de leurs toits de chaume ; ils viennent y chercher quelque ombrage contre ce soleil dont ils ont bravé les feux pendant six longues journées ; et là, sous les yeux des anciens, les jeunes femmes et leurs maris, les jeunes garçons et les jeunes filles s’y livrent à des danses rustiques le plus souvent nonchalantes et sans expression, et qui se ressentent de la lassitude de la semaine, ou à des jeux qui rapprochent innocemment les sexes, et préparent les unions que la loi de Dieu a prescrites.