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32. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VIII. De l’excommunication des Comédiens. » pp. 176-199

C’est même une sorte de notoriété de droit : un état public toléré par le Magistrat, objet de l’inspection de la police, exercé journellement sous ses yeux, équivaut à des sentences et des dénonciations juridiques : l’acceptation du Magistrat le dénonce pour Comédien, la note d’infamie imprimée par la loi sur la profession et sur ceux qui l’exercent, est une dénonciation du crime. […]  5.), dit en termes exprès : « Nous ordonnons que tous les Comédiens soient séparés de la communion, tandis qu’ils exerceront leur métier. » Ce concile de toute l’Eglise d’Occident, et nommément des Eglises des Gaules, dont la plupart des Evêques s’y trouvèrent, est très respectable ; il est reçu partout, surtout en France, où il fut tenu : « De theatricis placuit quamdiu talia agunt à communione separari. » Un autre concile de la même ville, tenu trente-huit ans après (452), renouvela la même excommunication. […] Si les Comédiens veulent embrasser la foi, qu’ils renoncent à leur art, et promettent de ne plus l’exercer ; et « s’ils violent cette promesse, qu’ils soient retranchés de l’Eglise » : « Quod si facere contra interdictum tentaverint, ab Ecclesia projiciantur. » Le même concile (C. […] Ce Père porte la sévérité jusqu’à priver de la communion ecclésiastique un homme qui sans être Comédien lui-même, s’occupait à instruire, à former, à exercer les Comédiens, comme les Régents dans les collèges passent une partie de l’année à préparer les jeunes Acteurs.

33. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [N] » pp. 431-435

Par ce moyen, les jeunes Elèves s’accoutumeraient de bonne heure au vrai genre d’imitation, & s’exerceraient dans les Pièces même où ils seraient destinés à jouer par la suite. Pour dédommager les Grands Spectacles de ce qu’ils accorderaient au Théâtre-Ephébique, il suffirait que chacun d’eux eût le droit d’y prendre les Sujets exercés dans son genre, soit pour jouer instantanément dans les Pièces où ils auraient des rôles d’enfans à remplir, soit pour les attacher à leur Théâtre, lorsqu’ils paraîtraient suffisament formés.

34. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « La tradition de l'Eglise sur la comédie et les spectacles. Les conciles » pp. 53-68

Si des Comédiens veulent embrasser la Foi Chrétienne, Nous ordonnons qu'ils renoncent auparavant à leur exercice; et qu'ensuite ils y soient admis, de sorte qu'ils n'exercent plus leur premier métier. […] Si les filles qui sont de la race infâme des Comédiens refusent de monter sur le Théâtre, qu'on les y contraigne; si toutefois elles n'ont point encore fait profession de la Foi, et de la Loi de la très sainte et vénérable Religion des Chrétiens, pour la garder toujours inviolablement ; Nous ordonnons aussi, que les femmes à qui nous avons accordé par une grâce spéciale, de ne point exercer cet honteux métier, jouissent toute leur vie de cette exemption, sans qu'on les puisse contraindre de rentrer dans la Compagnie de Comédiens.

35. (1715) Dictionnaire de cas de conscience « COMEDIE. » pp. 739740-750

Et est-il croyable, qu’il ait voulu approuver une Profession, qui rend infâmes et excommuniés ceux qui l’exercent ? […] assemblé sur la fin du septième siècle, lequel défend aux laïques sous peine d’excommunication d’exercer la Profession de Comédien et de représenter des spectacles. « Omnino prohibet hæc sancta et universalis Synodus, disent les Pères de ce Concile, eos qui dicuntur mimi et eorum spectacula… atque in scæna saltationes fieri. […]  » Voilà une Loi expresse, qui prouve évidemment, que ces Empereurs, non plus que les Evêques, ne voulaient pas qu’on admit aux Sacrements les Comédiens, quoiqu’ils se trouvassent malades au lit de la mort, à moins qu’ils ne fissent une promesse authentique, entre les mains des Magistrats, de ne plus jamais exercer leur Profession ; et que même en ce cas, on ne leur donnât les Sacrements, que lorsque les Evêques le trouveraient à propos ; c’est-à-dire, qu’encore qu’on ne leur refusât pas l’absolution, quand ils donnaient des marques d’une sincère pénitence on ne leur accordait néanmoins la sainte Communion qu’avec l’approbation de l’Evêque. […] D’où il s’ensuit qu’on doit donc la refuser aux Comédiens, qui meurent sans donner des marques d’une sincère pénitence, puisqu’ils exercent publiquement une Profession criminelle.

36. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

Il nous est défendu d'être spectateurs des duels, de peur que nous ne devenions complices des meurtres qui s'y font: Nous n'osons pas assister aux autres Spectacles, de peur que nos yeux n'en soient souillés, et que nos oreilles ne soient remplies de vers profanes qu'on y récite; comme lors qu'on décrit les crimes, et les actions tragiques de Thyeste, et qu'on représente Terrée mangeant ses propres enfants; et il ne nous est pas permis d'entendre raconter les adultères des Dieux, et des hommes, que les Comédiens attirés par l'espoir du gain, célèbrent avec le plus d'agrément qu'il leur est possible: Mais Dieu nous garde, nous qui sommes Chrétiens, dans qui la modestie, la tempérance, et la continence doivent reluire, qui regardons comme seul légitime le Mariage avec une seule femme, nous chez qui la chasteté est honorée, qui fuyons l'injustice, qui bannissons le péché, qui exerçons la justice, dans qui la Loi de Dieu règne, qui pratiquons la véritable Religion, que la vérité gouverne, que la grâce garde, que la paix protégé, que la parole divine conduit, que la sagesse enseigne, que Jésus-Christ qui est la véritable vie régit, et que Dieu seul règle par l'empire qu'il a sur nous: Dieu nous garde, dis-je, de penser à de tels crimes, bien loin de les commettre. […] ils aiment ceux qu'ils condamnent, ils méprisent ceux qu'ils approuvent, ils estiment l'Art, et ils notent d'infamie ceux qui l'exercent: N'est-ce pas un étrange jugement que de flétrir un homme pour cela même qui le rend recommandable ? […] Puisque les hommes quelques favorables qu'ils soient aux divertissements de la volupté, jugent ceux qui en sont les acteurs, indignes d'être admis aux dignités, et qu'ils les notent d'infamie, combien plus sévère sera le jugement que la Justice de Dieu exercera contre eux ?

37. (1823) Instruction sur les spectacles « Table des chapitres. » pp. 187-188

Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. 15 Chap. 

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