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101. (1762) Apologie du théâtre adressée à Mlle. Cl… Célébre Actrice de la Comédie Française pp. 3-143

Non il s’en faire beaucoup : elle n’a point à l’exemple des autres, des faces captieuses, des dehors imposans. […] On peut juger combien le talent d’un Acteur est exquis par les difficultés sans exemple & sans nombre qu’il a à vaincre pour réussir. […] L’exemple est plus pressant que les peintures les plus vives ; & tel prête simplement son esprit à celle-ci qui ne peut refuser son cœur à l’autre. […] L’exemple est-il fréquent ? […] En fait d’amour l’exemple est impuissant, les leçons sont vaines, les maximes inutiles.

102. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

Quels exemples à embellir par la pompe de la scène et l’élévation du génie poétique, pour faire mieux goûter le mépris des Rois et des Dieux, que cette pièce, comme toutes celles de Corneille, donne pour des sentiments héroïques de la plus haute vertu Romaine ! […] Sont-ce là des leçons et des exemples à mettre sous les yeux du public ? […] Et vous sans redouter l’exemple de la mort, Vous semblez n’envier que son funeste sort. […] Il convient que c’est l’action la plus atroce : un fils qui égorge son père, un otage qui assassine le Chef de l’Etat, à qui il fut donné en otage, à qui le Chef de la religion en donne l’ordre de la part de Dieu, comme une révélation venue du ciel, qu’il appuie de l’exemple du sacrifice d’Abraham. […] Comme si des forfaits atroces qui sont sans exemple, étaient les mœurs ordinaires des hommes !

103. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

« Mais qu’est-il besoin d’exemples et de faits dans une matière où la simple raison déploie toutes ses lumières, où la nature même de l’homme, la trempe et la constitution de son cœur déposent contre les effets funestes du théâtre ? […] « Qu’avec cela l’antique religion reprenne ses droits, ses ministres leur première considération, que le zèle se rallume dans leurs cœurs ; que l’instruction des peuples soit appuyée de l’exemple des pasteurs. […] Pour un exemple récent qui a éclaté (celui du jeune d’Argent) il y en a dix mille anciens ; et dix mille modernes qui n’éclatent pas. […] Je ne cite que les exemples qui ont paru dans toutes les feuilles publiques et que j’ai consignés moi-même dans ce journal. […] Dans plus d’un cas (j’en puis citer des exemples avérés), les chandelles s’y sont éteintes : preuve indubitable d’un air capitalement méphitique.

104. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

J’ose même en appeler à la conscience ; malgré l’endurcissement où l’habitude & le mauvais exemple ont pu jeter, il n’y a pas de femme, il n’y a point de Comédienne, c’est tout dire, à qui la vue d’elle même ne cause des remords. […] & s’il est de l’indécence dans le monde, c’est de là qu’elle vient, c’est là que l’exemple apprend à secouer le joug, & de proche en proche la contagion se répand. […] sont-ce des exemples à donner ou à suivre ? […] L’exemple des mondaines qui s’oublient jusque dans le cloître, ne justifie donc pas les Actrices, & l’on est inexcusable d’imiter les Actrices jusques dans le cloître. […] Nous devons tous nous édifier par nos exemples.

105. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

Mais ici les gens en place se taisent, ou approuvent & autorisent, par leur exemple, la comédie ; princes, magistrats, évêques. […] On fait, sur eux, l’exemple qu’on faisoit autrefois sur les sorciers, sur beaucoup de rois & d’empereurs. […] C’est que la règle* est au-dessus des mauvais exemples de quelques ecclésiastiques. […] On dirigera l’amour vers une fin honnéte, lorsqu’on montrera « dans des exemples illustres, ses fureurs & ses foiblesses, pour nous en défendre ou nous en guérir ».

106. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IX. Que les Acteurs des Poèmes Dramatiques n'étaient point infâmes parmi les Romains, mais seulement les Histrions ou Bateleurs. » pp. 188-216

Aussi dans la suite, l'Auteur ajoute que ni la Noblesse, ni l'âge, ni la Magistrature n'empêcha personne de pratiquer à son exemple l'art d'Histrion, avec des gesticulations efféminées, indignes des hommes ; et tous les Auteurs qui ont blâmé Néron d'avoir monté sur le Théâtre, ne lui reprochent point d'avoir récité des Tragédies et des Comédies, mais d'avoir joué des Instruments et bouffonné sur la Scène, ce que Tacite « Ludicro Juvenalium Theatro sub Nerone mox Mimos actitavit. » Tacit. l. 5. […] Et si les Acteurs des Fables Atellanes ont été si favorablement traités, nous peut-il rester quelque scrupule pour les Comédiens et les Tragédiens, que les Romains tenaient dans un plus haut rang, qu'ils honoraient d'une bien plus grade estime, et que le cours des années n'a pas empêché de passer jusqu'à nous avec les règles de l'art, et les exemples des ouvrages qui les ont rendus si célèbres, et qui leur ont mérité l'affection des Grands, et l'applaudissement des peuples. […] Et Macrobe soutient que les Histrions n'étaient point infâmes, et le prouve par l'estime que Cicéron faisait du fameux Roscius Comédien, et d'Esope excellent Tragédien, avec lesquels il avait une étroite familiarité ; et par les soins qu'il prit de défendre les intérêts du premier devant les Juges ; où le mot d'Histrions ne signifie que les Joueurs de Comédie et de Tragédie, comme il résulte assez clairement de l'exemple qu'il en tire de Roscius et d'Esope seulement, et de ce que auparavant il avait montré que les Danses malhonnêtes et désordonnées, qui étaient propres aux Bouffons et vrais Histrions, étaient condamnés par tous les sages au siècle de ces deux célèbres Acteurs.

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