Ce n’était plus alors que des mélanges de farces à la fois pieuses et impures, dont les spectateurs, il est vrai, n’avaient pas l’esprit de voir tout le ridicule, mais qui ne devaient pas moins servir un jour de prétexte à la critique. […] Ceux qui avaient introduit l’usage des spectacles en France, jaloux de se voir disputer et enlever un si précieux privilège, suscitèrent des anathèmes contre leurs concurrents, et travaillèrent les esprits pour rendre le théâtre méprisable aux yeux du monde.
C’est, Monseigneur, ce qui me fait prendre la liberté d’écrire à VOTRE GRANDEUR vous reconnassant pour mon Juge né et d’institution divine en matière de Doctrine, comme vous l’êtes aussi de tout le Troupeau qui vous est confié, dont je me fais honneur d’être, et auquel le saint Esprit vous a donné pour Pasteur, établi par Jésus-Christ même, et me tenant par cette raison obligé de faire cette déclaration de mes sentiments entre vos mains, pour la rendre publique sous votre autorité, si vous le jugez convenable. […] Je reçois, Monseigneur, de tout mon cœur et dans un esprit de parfaite soumission, cette discipline Ecclésiastique, et la doctrine qui en fait le fondement ; et je souscrirais sans réserve tout ce qui est dit dans votre Rituel, soit contre les Comédiens directement ou indirectement, soit en toute autre matière.
Vint-il jamais dans l’esprit d’un homme raisonnable d’approvisionner une ville qu’on veut prendre par famine ? […] Cette musique est ingénieuse & facile, conforme à l’esprit d’Henri, & supplée aux endroits où elle est employée comme une décoration. […] L’Esprit d’Henri IV, ou Anecdotes, Réparties, &c. […] Il avoit de l’esprit : on pourroit faire un recueil très-agréable de ses bons mots. […] Un écrivain, homme d’esprit, a fait ingénieusement son portrait en deux mots.
» Sans m’amuser à leurs risées, je prie les fidèles, de considérer, si les contredisants ont autant de sujet de se rire de moi, comme ils en donnent à Satan, de se moquer d’eux, s’étant laissé persuader, de tenir pour indifférent, voir pour bon, utile, et louable, un Exercice que les anciens Chrétiens appelaient peste des Esprits, chaire de pestilence, subversion d’honnêteté, boutique de turpitude, fêtes de Satan, Abrégé du service que rendaient les Païens à leurs faux Dieux, lesquels en temps calamiteux, ils estimaient ne pouvoir mieux apaiser, qu’en leur vouant et jouant des Comédies et Tragédies. […] Celui qui sans nécessité mangerait des chiens, ou autres immondices, serait à bon droit jugé malsain de corps, et d’esprit ; mais ce jugement n’a plus de lieu sur la mer, quand le biscuit est failli, ni quelquefois sur la terre, quand les munitions sont consommées. […] » Item, « Ecoutez, si votre entendement ivre des erreurs busch depuis si longtemps, vous permet de considérer quelque chose de sain : Les Dieux pour faire cesser la peste des corps, commandaient qu’on leur jouât des jeux : Mais votre Pontife Scipion, pour empêcher la peste des Esprits, défendait de bâtir un Echafaud : S’il vous reste quelque peu de lumière, pour préférer l’esprit au corps ; choisissez, à quoi vous devez servir ; Car pour avoir reçu cette plaisante folie, et rage des jeux Scéniques parmi le peuple, qui n’était accoutumé qu’aux jeux, qui se jouent en la lice ; la peste des corps n’a point cessé, mais l’astuce des malins esprits, voyant que cette peste-là cesserait, par le terme qui lui était ordonné, mit peine, de faire entrer par cette occasion une autre peste beaucoup plus dangereuse, non aux corps, mais aux mœurs, qui a aveuglé les âmes de ces misérables, par ténèbres si épaisses, les a souillées d’une telle difformité, que même à présent, après le sac de la ville de Rome, ceux que cette peste-là possède, et qui s’en étant fuis, ont pu arriver à Carthage, enragent tous les jours, d’envie qu’il ont, de voir les bateleurs aux Théâtres. […] Ainsi en se proposant cette fin, de la dextérité de la jeunesse ; faut considérer, si les moyens qui l’y conduisent, sont légitimes et conformes à la parole de Dieu ; c.à.d. dignes, et convenables à la jeunesse Chrétienne : l’Esprit de Dieu nous avertissantRom. 12. […] En premier lieu, nous pourrions alléguer les plus sages d’entre les Païens, et apprendre d’un Sénèque, qu’il n’y a rien plus contraire à l’honnêteté des mœurs, que s’amuser à voir des spectacles, « d’autant , dit-il,que les vices se glissent plus aisément ès esprits par le plaisir qu’on y prend ; et que l’on ne revient jamais avec les mêmes mœurs de la foule d’un théâtre, que l’on y est allé, etc.
» Que si la prière qui doit attirer l'Esprit de Dieu sur tout le corps de nos œuvres est elle-même souillée, que doit-on juger de tout le reste des actions ?
Cette mondanité est très-opposée à l’esprit de l’Eglise & à la vraie dévotion. […] Sulpice, si respectable par les vertus qu’on y pratique, les sciences qu’on y enseigne, les services qu’on y rend à l’Eglise, où l’on se fait gloire d’aller puiser l’esprit Ecclésiastique, & où l’on trouve en effet les plus belles leçons & les plus grands modeles, le croiroit-on ? […] Le Philosophe Aristippe, Auteur de la secte Cirrenaïque, mettoit sans détour la béatitude dans la volupté sensuelle, bien différent d’Epicure qui la cherchoit dans les plaisirs de l’esprit & de la vertu, ce qui lui a mérité des apologies & des panégyriques. […] Les parfums exhalent une odeur de mort, une odeur d’infirmité, une odeur de pourriture, qui par les réflexions qu’il fait faire, ne saisit pas moins l’esprit que l’odorat ; la femme parfumée est une espece de momie, un cadavre embaumé qui court au tombeau, & en porte déja les avant-coureurs. […] Le Saint Esprit nous donne un exemple bien frappant de ces vérités dans la mort de l’impie Antiochus.