Abattu lui-même par la fatigue du corps auquel notre ame est si fort assujétie, plein des objets qui l’ont occupé ou plutôt enivré pendant ces violens & dangereux mouvemens, à quoi est-il propre lorsque, revenu de cette espece de délire, il veut s’occuper de quelque travail utile, & sur-tout de la piété ? […] 13.) pour peindre l’affreux débordement de Babylonne, & son épouventable punition, la fait voir renversée de fond en comble, couverte de ronces, livrée aux bêtes féroces, qui y dansent ; il y met des animaux de toute espèce, des serpens, des hyboux, des monstres aquatiques, &c. ainsi que dans le C. […] La facilité de se trouver, de se parler, de se donner des marques de tendresse, l’espèce de voile dont la foule, le tumulte, la confusion, le spectacle, couvrent tout le monde, cette espèce de labyrinthe où tout s’égare & se retrouve, excite les plus indifférens, enhardit les plus timides, aguerrit les plus stupides, corromproit les plus vertueux. […] L’impureté n’est pas le seul péché qui s’y commette, il n’en est presque d’aucune espèce dont ces criminels exercices ne soient les suites. […] peut-on sagement l’aimer avec passion, s’en occuper sans cesse, se faire une affaire bien sérieuse d’aller, venir, sauter, pirouetter, remuer ses pieds & ses mains, s’agitter comme une espèce de convulsionnaire, comme un malade que la fievre jette dans le délire ?
Non seulement il faut louer les Grecs d’avoir si bien connu ce qui convient à chaque espece de Poësie, il faut encore les louer d’avoir dans la Poësie Dramatique si promptement connu cette vraisemblance d’une Action, ces trois Unités, dont nous avons eu tant de peine à comprendre la nécessité. […] J’ai placé l’Epoque de sa véritable renaissance à Corneille, qui prit une route très-différente de celle des Grecs, & créa, pour ainsi dire, une nouvelle espece de Tragédie, qui est très-peu pleureuse.
Le second de signe na point, Dont pour acheuer nostre poinct Pierre, tenez les en uos mains, Et eulx deux, qui sont incertains Ou le signe est, n’en quelle espece, Viendront tirer chascun sa piece, Et celluy auquel escherra Le signe, subrogue sera Au lieu qui est ja devise. […] Après ces Dialogues des Démons, on en voit d’autres qui sont pires en leur espece ; car les Discours que l’on fait tenir à Dieu & à Jesus-Christ parlans l’un à l’autre sont entiérement indignes de la majesté du sujet. […] Ces Pelerins qui alloient par troupes, & qui s’arrêtoient dans les ruës & dans les places publiques où ils chantoient le Bourdon à la main, le Chapeau & le Mantelet chargez de Coquilles & d’Images peintes de diverses couleurs, faisoient une espece de spectacle qui plut, & qui excita la pieté de quelques Bourgeois de Paris à faire un fond pour acheter un lieu propre à élever un Theatre, où l’on representeroit ces Mysteres les jours de Fête, autant pour l’instruction du peuple, que pour son divertissement.
Les Sauvages les plus féroces chantent une espèce de Chanson, & se réjouissent au bruit de certains instrumens. […] Je le répète, cet assemblage des mêmes sons donne au chant une espèce de dureté ; si l’on veut écouter les Arriettes Italiennes avec attention, l’on en conviendra bien tôt. […] Le second morceau que chante Lubin, lorsqu’il arrive sur la Scène, dans l’espèce de Pastorale si connue d’Annette & Lubin, remplit toutes les conditions. […] Il y aura de tout tems une espèce de haîne entre les Musiciens de France & ceux d’Italie ; les prémiers, piqués d’être regardés comme les moins habiles, voyent toujours d’assez mauvais œil ceux qui leur disputent si fièrement la victoire : les seconds, se prodiguant eux-mêmes les honneurs dûs au mérite, sont indignés d’avoir des concurrens, & s’en vengent en les accablant du plus profond mépris. […] Origine singulière de l’espèce d’inimitié qu’on voit entre-eux.
La Pastorale & la Parodie lui conviennent mieux qu’aux autres Théâtres : observations particulières sur tous ce qui concerne le genre de ces deux espèces de Drames.
Nous crûmes la première fois, que ce n’était qu’une curiosité passagère d’un divertissement inconnu, dont vous vouliez vous désabuser, et nous eûmes quelque légère condescendance : mais puisque c’est une habitude de plaisir, et une espèce de libertinage qui se renouvelle tous les ans, nous connaissons que ce n’est plus le temps de se taire, et qu’un plus long silence pourrait vous donner lieu de penser que nous tolé- rons ce que l’Eglise condamne, et que nous condamnons avec l’Eglise. […] La Providence divine semblait nous avoir mis à couvert pour toujours de cette espèce de séduction, par la chute des premiers qui vous l’apportèrent.