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476. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVI. Il y a des divertissements plus utiles et plus décents que les spectacles. » pp. 138-149

« Brillants amusements d’un monde corrompu, Valez-vous ces vrais biens que donne la vertu ? […] C’est à elle qu’il appartient de faire goûter des plaisirs infiniment plus agréables et plus flatteurs que tous ceux que peuvent donner les amusements du monde. […] Son retour donne la vie à toute la nature. […] Les flots du Jourdain se retirent pareillement pour lui donner passage ; lorsqu’il veut entrer dans la terre promise, le fleuve remonte vers sa source.

477. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VIII. Du Stile. » pp. 287-319

N’est-il pas prouvé maintenant que les Auteurs de notre Opéra, font bien de ne point se donner la torture, afin d’écrire avec art ? […] On remarque encore que la cage est représentée sous trop d’aspects ; on lui donne des qualités, des attributs, qui lui sont trop étrangers ; elle est d’abord un berceau, ensuite un séjour plein d’attraits. […] Donnons-en des éxemples, Voilà qui est écrit fort à l’aise : « Doute cruel… quoi, douter ? […] A force de vouloir peindre la Nature, il donne dans le bas & dans des négligences de stile impardonnables. […] Mais relevons les éxemples que je vous donne par des autorités plus respectables.

478. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VI. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Romains. » pp. 145-175

La Religion, ou pour mieux m’exprimer, la Superstition, donna chez les Romains comme chez les Grecs, la naissance à des Représentations publiques. […] Ce Scipion étala dans un long discours les dangers de ces Spectacles, disant qu’il falloit laisser aux Grecs leurs vains amusemens Græcam luxuriam, & ne pas donner entrée à Rome à cette iniquité étrangere, peregrinæ nequitiæ. […] La différence des Sujets fit donner des noms différens aux Piéces de Théâtre. […] Et quel Poëte, capable d’en faire une bonne, eût voulu s’en donner la peine, lorsque l’Action qu’il eût mise en Vers, charmoit bien plus le Peuple quand elle étoit représentée par les gestes d’un Acteur muet ? […] César fit construire le premier sur l’idée qu’avoient donnée les deux Théâtres mouvans de Curion, dont j’ai parlé.

479. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V. Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. » pp. 51-75

Et fallait-il donner aux forfaits d’un brigand le coloris des exploits d’un héros ? A quoi donc aboutit la morale d’une pareille pièce, si ce n’est à encourager des Catilina, et à donner aux méchants habiles le prix de l’estime publique due aux gens de bien ? […] victimes de nos applaudissements insensés, n’apprendrons-nous jamais combien mérite de mépris et de haine tout homme qui abuse, pour le malheur du genre humain, des talents que lui donna la nature ! […] Suivez la plupart des pièces du théâtre français, vous trouverez presque dans toutes des monstres abominables et des actions atroces ; utiles, si l’on veut, à donner de l’intérêt aux pièces, mais dangereuses certainement, en ce qu’elles accoutument les yeux du peuple à des horreurs qu’il ne devrait pas même connaître, et à des forfaits qu’il ne devrait pas supposer possibles. […] C’est un grand vice d’être avare, et de prêter à usure ; mais n’en est-ce pas un plus grand encore à un fils de voler son père, de lui manquer de respect, de lui faire mille insultants reproches, et, quand ce père irrité lui donne sa malédiction, de répondre d’un air goguenard qu’il n’a que faire de ses dons ?

480. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE IV. » pp. 78-112

Donner son bien aux Comédiens, c’est un vice énorme. […] Il cite l’exemple de Floridor fameux Comédienai, qui fut fidèle à garder la parole qu’il avait donnée à M. […] Il aurait pu citer Arlequin à qui on n’a donné le Viatique qu’à la même condition. […] Il faut que cet Auteur ait une mémoire bien ingrate, puisqu’il ne se souvient pas de tant de bons Ouvrages qui ont été donnés au public l’année dernière, contre la Comédie, où l’on a solidement prouvé que les Comédiens sont excommuniés par l’Eglise : je viens de rapporter l’Abrégé de tous ces Ouvrages. […] [NDE] Ambroise Calepin (Calepino) (1435-1511), augustin italien, avait donné son nom à un vocabulaire polyglotte ou dictionnaire.

481. (1824) Du danger des spectacles « DU DANGER DES SPECTACLES. » pp. 4-28

C’est ce qu’il a voulu signifier dans les commandements qu’il a donnés aux ministres de l’ancienne loi, lorsqu’il leur recommande d’entretenir le feu sur l’autel, et de lui donner tous les matins de nouveaux aliments. […] « La classe supérieure de la nation a de grands avantages sur tout le reste ; sa richesse et son éducation lui donnent un degré de supériorité qui fait attendre d’elle des qualités et des vertus plus grandes : d’où vient cependant que l’immoralité et l’irréligion font autant de ravages parmi les personnes de cette classe que parmi les classes les plus abruties et les plus grossières ? […] Tout genre de vie qui contribue à obscurcir les lumières de l’esprit, à donner un emploi faux et une direction vicieuse à notre intelligence, à ne nous meubler la tête que de pensées frivoles, à allumer l’incendie de nos passions, à élever, en un mot, une barrière entre nous et l’esprit de Dieu, est dans tous les cas une cause certaine et une voie sûre de destruction, soit qu’il faille l’attribuer à une sensualité stupide, à une ignorance grossière, ou au coupable raffinement de nos plaisirs. S’il était donné à un mortel d’avoir la puissance d’un apôtre, l’éloquence d’un ange, quel meilleur usage pourrait-il faire de ces célestes dons, que de les employer à arracher les hommes à ces amusements dangereux que la fortune, la corruption et un excès de civilisation, ont malheureusement introduits parmi nous. Nous les appelons des plaisirs, et nous oublions qu’ils consomment l’œuvre de l’idolâtrie et de l’infidélité, qu’ils communiquent aux hommes un tel aveuglement et une telle dureté de cœur, que, non seulement ces insensés vivent sans la sagesse, mais encore n’en sentent pas le besoin, et, dans leur stupide indifférence, dépensent leur vie, ce trésor si précieux, sans donner même un seul coup d’œil d’attention à la scène terrible de la mort, au jugement, à l’éternité.

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