voici il te fera boire au torrent de ses délices, il t’enivrera de ce vin préparé par la sagesse divine qui dit, j’ai mixtionné mon vin, j’ai tué mes bêtes grasses.
Je conviens avec toi que des hommes pécheurs Devraient avoir toujours les yeux baignés de pleurs Je sais que l’Evangile en ses leçons divines N’offre pour le salut qu’un chemin plein d’épines Et que loin d’approuver les jeux et les plaisirs Il nous en interdit jusqu’aux moindres désirs, Ainsi la Comédie, étalant sur la Scène Les appas séducteurs d’une pompe mondaine, Sans doute est peu conforme à ces vœux solennels Qu’en naissant un Chrétien fait au pieds des Autels.
Implorons son secours par l’entremise de la divine Marie, et disons-lui pour cet effet avec l’Ange, Ave Maria.
détester comme les sources des calamités publiques & des vengeances divines ; Conc.
Nôtre cœur, tel qu’il soit, a une dureté naturelle, un fond de corruption, une opposition à la pieté : de là vient cette grande peine, qu’il a à goûter les choses divines. […] Je ne cesserai pas d’admirer la misericorde divine, si jamais elle me fait voir en cette mer de dangers un cœur, qui a la fermeté des citoiens de la Jerusalem celeste : mais si cette personne me demande, s’il lui est permis d’assister à la Comedie, je suspecterai sa devotion ; & si par un miracle je la trouve solide, je lui dirai nettement, qu’elle ne peut pas aller à la Comedie, sans s’en faire encore un point de conscience. […] Qu’une Dame, dont la malheureuse tâche est de se faire aimer jusqu’à la passion, qui n’est pas honteuse de permettre cent legéres libertés ; qu’une Dame, dont les yeux, les paroles, les habits, l’air vain & coquet cinquante fois par jour étudié au miroir montrent, qu’elle n’a aucun soin de son salut, aille à la Comedie : elle ne sera coupable que de ses propres pechés : mais celles, que vous me peignez en vôtre lettre, ont assez de reputation de vertu, pour servir par leur exemple de prétexte aux autres, qui s’exposent évidemment au peché : & par consequent on ne peut plus doûter qu’elles ne pechent, quand elles vont à la Comedie ; & que les Anges Gardiens des personnes, auxquelles elles auront été une occasion de chute, n’en demandent un jour vengeance à la Justice Divine. […] Mais afin que ce Pere n’attire pas sur lui & sur sa Fille les malheurs, que Dieu répand ordinairement sur les Peres, qui par leurs exemples, & par le mauvais usage de leur empire perdent les doux fruits d’un saint Sacrament ; je supplie ce Pere qu’il se souvienne, que la providence Divine ne lui a pas donné cette Fille pour lui, mais pour elle-même ; que, si cette fille est le gage de l’amitié de Madame son Epouse, elle est aussi le fruit du Sang de Jesus-Christ ; que, si elle est noble par sa naissance, elle est Chrêtienne par son Batême ; que cette seconde qualité lui est plus avantageuse, plus necessaire, & plus glorieuse que la prémiere, & qu’ainsi il n’est pas seulement obligé de l’élever en Fille de condition, mais qu’il est encore plus obligé de l’élever en Chrêtienne, & qu’il doit plus travailler à lui inspirer l’esprit de l’Evangile, que l’air, & les manieres du monde.
La danse dissipe et fait perdre ordinairement l’esprit de dévotion, et c’est la raison pourquoi elle est encore plus étroitement défendue ès jours de Dimanches et Fêtes, que nous sommes obligés de passer saintement, en assistant avec un esprit recueilli et attentif aux divins Offices et instructions Chrétiennes, comme aussi de vaquer à toute sorte de bonnes œuvres, ce qui est détourné par la danse, qui possède le cœur et les pensées de la plupart de ceux qui s’y adonnent. […] Au pays de Saxe, certaines personnes dansant dans un Cimetière la veille de Noël, et troublant le service divin, par une juste punition de Dieu, dansèrent sans cesse nuit et jour un an entier, et moururent presque tous incontinent après. 3.