Pour ce qui est de leurs divertissemens, il s’en trouve peu de choses dignes d’vne remarque particuliere : on y courut sur des Chariots attelez de deux Iuments : la jeunesse se piqua de courre aussi vîte qu’elles : & enfin la gloire de la course & de la vitesse s’y disputa en toute façon, tantost à pied, & tantost sur les meilleurs & les plus legers coureurs.
Cette nouveauté eust charmé beaucoup plus que certains artifices de nos ayeux, quoy que dignes d’admiratiõ par exẽple, celuy dont parle Belleforest : Ce fut au Mariage d’Isabelle de Baviere, qui passant sur le Pont Nostre-Dame receut d’un Ange qui estoit parti de dessus les Tours Nostre-Dame, une Couronne d’or qu’il luy mit sur la teste, & puis remonta d’où il estoit venu.
Mais il faut avouer que ces flétrissures & ces peines, effets de la barbarie des siècles d’ignorance, ont moins été prononcées contre des Comédiens proprement dits, que contre des Histrions ou Farceurs publics, qui mêlaient dans leurs Jeux toutes sortes d’obscénités : aujourd’hui que le Théâtre est épuré d’une manière digne de la Raison & de la Philosophie, il serait injuste de concevoir une opinion aussi desavantageuse de nos Comédiens.
Je ne suis donc pas surpris, MONSIEUR, que vous et d’autres personnes éclairées ayez cru voir dans les deux Discours sur la Comédie, quelque chose qui vous a paru digne de votre attention ; mais tout ce qu’on en a dit ne saurait me déterminer à les faire imprimer.
Ce soin paternel, sans doute, est digne de notre reconnaissance sous plus d’un rapport. […] Ce n’est cependant pas la faute de l’auteur, puisque lui-même, dans l’une des scènes précédentes, établit ainsi le vrai caractère qui distingue le prêtre digne de ce nom, du misérable fanatique qui le déshonore. […] Est-on digne d’admirer la sage politique d’Auguste, ou la noble fermeté d’Alceste, quand on déserte le Misanthrope ou Cinna, pour suivre M. de Bièvre ou Cadet Roussel ? […] Pour prix de tant de bienfaits, il n’aura point, il est vrai, de couronnes et de trophées publics ; mais, de nos jours, seraient-ils bien dignes d’exciter son désir ? […] Oui, nous touchons enfin à cette époque heureuse où nous n’y devons plus voir que des cœurs droits et désintéressés, que des orateurs dignes d’en porter le nom, et d’en offrir les talents et les modestes vertus.
Et n’est-ce point une Poësie imitative que son Banquet, dans lequel Aristophane parle d’une maniere très-digne de lui, & par conséquent très-peu convenable à une sage compagnie, & où Socrate tient sur l’Amour un langage, qui dans quelque sens qu’on veuille l’entendre (suivant la remarque de Denys d’Halicarnasse) n’est pas digne de Socrate. […] « Puisqu’il faut que la constitution d’une excellente Tragédie soit non pas simple, mais composée, & pour ainsi dire nouée, & qu’elle soit une imitation de choses terribles & dignes de compassion Φοβερων και ἐλεινων car c’est-là le propre de la Tragédie ; il est clair premiérement qu’il ne faut pas introduire des hommes vertueux qui tombent du bonheur dans le malheur, car cela ne seroit ni terrible ni digne de compassion, mais bien cela seroit détestable & digne d’indignation μιαρον. […] Il ne faut pas non plus qu’un très méchant homme tombe du bonheur dans le malheur : il y a bien en cela quelque chose [de juste &] d’agréable aux hommes, mais cela ne peut exciter ni Pitié ni Crainte, car on n’a pitié que d’un malheureux qui ne mérite pas son malheur, & on ne craint que pour ses semblables : ainsi cet événement ne sera ni terrible, ni digne de compassion. […] Mais quand il ne nous émeut que pour des sujets dignes de larmes, il excite en nous un sentiment qui ne peut ne nous porter qu’au bien, & qui nous fait honneur. […] Qu’ils soient toujours attentifs à ne nous faire pleurer que sur des Sujets dignes de larmes.