Combien les Conciles ont-ils décidé, ordonné, défendu de choses dans l’Église, sur l’autorité de la Tradition ? […] Ainsi, c’est mal raisonner pour un homme qui se dit Théologien, de dire que quoique tous les Pères et les Conciles défendent la Comédie, on peut néanmoins y aller ; parce que l’Écriture ne défend pas en termes exprés d’aller à la Comédie. […] Qu’il soit défendu à tous Laïques d’assister aux Spectacles ; car il a toujours été défendu aux Chrétiens d’aller aux lieux qui sont souillés par les blasphèmes. […] Quatre ans aprés, d’autres Comédiens étant encore venus à Paris, le Parlement leur défendit de jouer, à peine d’amende arbitraire, et de punition corporelle. […] qui défend aux Chrétiens d’ouvrir jamais la bouche pour laisser échapper aucune parole de badinerie et de bouffonnerie.
Ils s’en défendit. […] nos Rituels, nos Conciles, nos Evêques, nos Théologiens, ne défendent-ils que les pantomimes de Rome ? […] Il y a au contraire une foule de Canons qui la défendent. […] Le Prince de Conti n’est pas plus épargné ; il sit en 1669 un livre contre la comédie, que l’Abbé de Voisin a défendu & fort augmenté. […] Celles-là sont des péchés ; la loi les défend.
Et de là peut-on voir, combien peut parmi les hommes, une coutume invétérée, pource qu’encore que le Pape Innocent III l’eût défendue par loi expresse, toutefois on ne pouvait empêcher le cours de cette coutume, qui éludait la loi, de laquelle voici les termes. […] Ce qu’il condamne et défend au même lieu. […] Tertullien31 au livre qu’il a fait contre les spectacles, en use ainsi, contre ceux qui s’en défendaient et se « flattaient, disant que cette abstinence n’était point expressément défendue. […] Aussi les constitutions Ecclésiastiques défendent l’un et l’autre, tant d’être acteur, que d’être spectateur ; ce que nous entendrons plus particulièrement ès témoignages des Anciens que nous allons produire. […] On accourt à ce bordeauda de l’ignominie publique, à cette école d’impureté ; afin qu’on ne fasse pas moins en secret, que ce qu’on apprend en public, et on enseigne entre les lois, ce qui est défendu par les lois.
Sous ce titre : Discours sur la Comédie où l’on voit la réponse au Théologien qui la défend, avec l’Histoire du Théâtre, et les sentiments des Docteurs de l’Eglise depuis le premier siècle jusqu’à présent. […] Boursault fit imprimer son Théâtre, et mit à la tête de son Recueil, une Lettre d’un Théologien, illustre par sa qualité et par son mérite, consulté par l’Auteur, pour savoir si la Comédie peut être permise, ou doit être absolument défendue V.
On lit dans cet Auteur Italien que quoique la Musique soit un amusement dangereux, mais qui peut être innocent, on ne doit pas toujours l’interdire aux femmes que leurs richesses ou leur condition mettent à couvert de ses suites ; mais qu’il en faut défendre l’étude aux filles pauvres et de basse naissance, parce que cette science en fait des Chanteuses et des filles de Théâtre ; profession avec laquelle il est impossible d’allier la vertu et le Christianisme. […] Vous venez de voir que, suivant la pensée de Riccoboni, les sentiments les plus corrects changent de nature en passant par la bouche des Acteurs : bien entendu qu’il y comprend aussi les Actrices, à qui il nous apprend13 qu’Innocent XI défendit de monter jamais sur aucun Théâtre ; c’est nous dire assez qu’à Rome on est sur cet article plus sévère qu’en France. […] Ils plaçaient leur honneur à défendre leurs Compatriotes, et non pas à les traiter en ennemis déclarés. Le premier16, attaqué par un faux Brave dont il avait repris les blasphèmes, disait qu’après avoir osé défendre la cause de Dieu, il ne devait point la trahir pour les maximes d’un honneur mal entendu. […] Ajoutons ce que nous lisons dans la Gazette de France du 19 Février 1759, du Règlement du Souverain Pontife Clément XIII, aujourd’hui régnant, qui défend aux Ecclésiastiques d’assister aux représentations qui se font sur des Théâtres publics.
Un arrêt du Parlement de Paris du même temps (1. oct. 1588.) les défend à tous bateleurs, joueurs de farce, et semblables, esdits jours de fête. Bien plus, le Concile de Sens (en 1528.) défend d’employer des acteurs ou des violons, et autres instruments du théâtre, dans les motets qui se chantent dans l’Eglise, et même de les y laisser entrer : « Prohibemus ne Histriones aut Mimi intrent Ecclesiam ad pulsandum tympano, cythara, aut alio instrumente musicali. » D’où il est aisé de conclure qu’on ne doit pas souffrir que les Organistes, Musiciens, ou instruments du Chapitre, aillent chanter ou jouer au théâtre. […] Les mêmes Conciles défendent, les jours de fête, les danses publiques, les jeux de hasard, la fréquentation des cabarets. […] Les raisons de dispense des œuvres serviles, sont le culte divin, pour parer les autels ; la charité du prochain, pour servir un malade ; une perte considérable, pour cueillir la moisson exposée à l’orage ; un danger de naufrage sur mer, une incendie à éteindre, une ville assiégée à défendre, un besoin pressant, un pauvre qui n’a pas un morceau de pain, les aliments ordinaires à apprêter, etc. […] Le précepte de leur sanctification est, et négatif, en ce qu’il défend les œuvres mauvaises et les œuvres serviles, et affirmatif, en ce qu’il ordonne des œuvres de piété ; d’abord la messe, d’une manière précise et absolue ; et l’office divin, la parole divine, l’approche des sacrements, etc., autant qu’il est possible.