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169. (1709) Mandement de M. L’Evêque de Nîmes contre les Spectacles pp. 3-8

Nous crûmes la première fois, que ce n’était qu’une curiosité passagère d’un divertissement inconnu, dont vous vouliez vous désabuser, et nous eûmes quelque légère condescendance : mais puisque c’est une habitude de plaisir, et une espèce de libertinage qui se renouvelle tous les ans, nous connaissons que ce n’est plus le temps de se taire, et qu’un plus long silence pourrait vous donner lieu de penser que nous tolé- rons ce que l’Eglise condamne, et que nous condamnons avec l’Eglise. […] Vous croyez peut-être, Mes Très-chers Frères, qu’il est bon d’amuser et d’étourdir, pour ainsi dire, les craintes et les inquiétudes des peuples, et de leur mettre à la place de tant de tristes objets qui les environnent, des idées qui les divertissent. […] Ne croyez pas, Mes Très-chers Frères, que nous voulions vous effrayer : nous espérons aussi bien que vous, que nous aurons sujet de nous réjouir, et que le Seigneur bénira nos armes : mais sera-ce aux Dieux de l’Opéra que nous ironsp porter votre reconnaissance et vôtre joie ?

170. (1715) La critique du théâtre anglais « PREFACE DE L’AUTEUR » pp. -

Cependant, ils croiraient ce semble ne réussir qu’à demi, s’ils se bornaient à dérégler les mœurs, sans toucher à la religion ; et s’ils ne joignaient à leurs leçons de libertinage des leçons d’Athéisme. […] c’eût été un trop long ouvrage pour moi que de les recueillir tous exactement : et d’ailleurs dans la crainte de fatiguer le Lecteur, j’ai cru ne lui devoir montrer qu’un échantillon lequel suffît pour le faire juger de tout le reste.

171. (1823) Instruction sur les spectacles « Préface. » pp. -

Nous avons cru que dans un temps où la fureur pour les spectacles semble être parvenue à son comble, il ne serait pas inutile de faire paraître, sur cette matière, un petit écrit qui serait, en quelque façon, la quintessence des meilleurs qui en traitent. […] Quand même nous ne parviendrions à arracher qu’une seule âme à un scandale si redoutable, nous aurions la consolation de ne pas avoir inutilement pris en main les foudres dont Jésus-Christ arme ses ministres, et nous nous croirions trop bien récompensés de nos efforts et de nos peines.

172. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Et croyez-vous que saint Cyprien aurait fait plus de quartier aux enfants et aux neveux qu’à leurs aïeux dont il nous donne le portrait ? […] « Il demande entre autres choses, dit le Docteur en parlant de saint Thomas, ce que l’on doit croire des jeux et des divertissements ; et il se répond lui-même, que quand ils sont modérés, non seulement il n’y croit point de mal, mais encore qu’il y trouve quelque bien, et cette vertu qu’Aristote appelait Eutrapélie. […] Mais ce sont là de ces libertés de Théâtre qui ne laissent pas d’être honnêtes, et de ne blesser en rien le Christianisme, ainsi que parle le Docteur ; mais peut-il s’imaginer qu’on l’en croira sur sa parole ? […] Le Docteur poursuit de broder le premier moyen de sa persuasion, par une réflexion tout à fait indiscrète, et qu’il croit néanmoins fort judicieuse. […] Il croit, dit-il, « avoir suffisamment montré que les Comédies d’aujourd’hui sont tout à fait châtiées, et qu’elles n’ont rien que de modéré et que d’honnête ».

173. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Je crois que la premiere de ces questions doit résoudre toutes les autres. […] L’Avare, le Tartuffe sont des personnages vicieux : je crois qu’il est inutile de le prouver. […] Prédicateur né du genre humain, vous vous croyez seul appellé à cette importante fonction : vous pensez que tous ceux qui se mêlent d’instruire sont ennuyeux, toujours en vous exceptant de cette loi commune, à laquelle vous soumettez tous les autres. […] Je craindrois de vous refuter sérieusement, & je veux croire que vous sentez toute la fausseté de ce qu’une effervescence momentanée vous a fait écrire contre cette aimable moitié du genre humain. […] Devons-nous l’en croire aveuglément sur sa parole, parce qu’il a beaucoup vêcu ?

174. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De l’Indécence. » pp. 21-58

S’il daignait m’en croire, il rejetterait loin de lui tout ce qui peut blesser la délicatesse, & révolter la vertu scrupuleuse. […] Notre Opéra croit peut-être nous amuser innocemment. […] Aurait-on cru que de nos jours on eût osé mettre sur le Théâtre une pareille Scène ? […] je n’ai pas le tems de me remettre, pendant ce tems-là… » & plus bas, « & ne croyez-vous pas qu’ils songent à vous ouvrir ?  […] Je répète ce que j’ai dit plus haut, qu’il est ridicule de croire gâzer un sujet indécent, connu de tout le monde.

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