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42. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SEPTIEME DISCOURS. De la Magnificence des Princes dans les Habits, dans les Festins et dans les Spectacles publics. » pp. 202-209

Mais si nous en voulons juger sans prévention, nous avouerons que plus elle est charmante, plus elle est dangereuse ; Et j’ajouterais même que plus elle semble honnête, plus je la tiens criminelle. […] L’homme est entièrement perverti depuis le péché, les mauvais exemples lui plaisent plus que les bons, parce qu’ils sont plus conformes à son humeur ; quand on lui représente sur le Théâtre le Vice avec ses laideurs et la Vertu avec ses beautés, il a bien plus d’inclination pour celui-là que pour celle-ci : Et comme les Poètes ne sont pas exempts de ce désordre qui n’épargne aucune personne, ils expriment beaucoup mieux les passions violentes que les modérées, les injustes que les raisonnables, et les criminelles que les innocentes : Si bien que contre leur intention même ils favorisent le péché qu’ils veulent détruire, et ils lui prêtent des armes pour combattre la Vertu qu’ils veulent défendre.

43. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IX. » pp. 158-170

Si néanmoins on s’étoit expliqué en leur faveur, & qu’on les ait declarés libres de toute censure, ils gagnent bien peu à ce privilége ; puisqu’ils sont en état de péché mortel, comme la Troupe Françoise, incapables d’être reçus à la participation des Sacremens, tandis qu’ils perséverent en une profession que j’ai fait voir criminelle de sa nature. […] Il y a une Providence qui veille à nos besoins essentiels ; celui qui nourrit les animaux, qui habille les fleurs de la Campagne, n’oublie pas une créature qu’il a faite à son image & pour sa gloire ; c’est entre ses bras qu’une Actrice doit se jetter, en renonçant aux secours qu’elle recevoit d’une main criminelle ; le nécessaire ne lui manquera pas : si les délices lui sont enlevés, elle doit s’en consoler, puisqu’elle rentre dans l’état d’où elle n’auroit jamais dû sortir.

44. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XIX. Prétexte frivole du délassement. »

Mais de-là faut-il conclure, que la Comédie, qui est un amusement criminel, est permise ?

45. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « La criticomanie — Autres raisons à l’appui de ce sentiment, et les réponses aux objections. » pp. 154-206

Si dénaturer et embellir les couleurs qui sont propres aux vices, ou flatter les traits des personnages immoraux et criminels en les représentant aimables et séduisants, comme le font beaucoup d’autres auteurs, est un moyen infaillible de corruption, l’excès contraire est aussi très-funeste. […] Outre les voies criminelles, inconnues, que ces écrivains possédés par la passion de faire preuve d’imagination, de donner du neuf, du fort, des scènes à effet révélèrent continuellement aux méchants et aux fourbes, ils les obligèrent à en chercher aussi eux-mêmes ; c’est-à-dire à changer leurs stratagemes, à rafiner leurs moyens, à user de plus d’industrie dans leurs fourberies, laquelle industrie, toujours secondée et excitée de la même manière, se lègue, ou se perpétue en augmentant, reste avec ses découvertes dans la société qu’elle infecte et désole de plus en plus. […] Ils doivent s’en réjouir comme le sectaire se réjouit de voir souiller et vilipender les attributs distinctifs de la secte qu’il combat, comme les impies et la roture révolutionnaire se sont réjouis il y a vingt-cinq ans de voir des polissons et des animaux courir les rues couverts des ornements du sacerdoce et des décorations de la noblesse, ou comme des criminels condamnés et subissant leur peine se réjouiraient de voir jeter parmi eux des coupables vêtus de l’habit de leurs juges. La sage précaution que prend la politique de dégrader et dépouiller de toutes les marques de ses dignités, pour ne pas les avilir aux yeux du peuple, l’homme en place convaincu de forfaits, avant de l’envoyer à l’échafaud, est la censure la plus frappante de cet usage inconséquent de traduire sur les tréteaux du ridicule et de l’infamie, sur cette autre espèce d’échafaud d’autres criminels tout parés des couleurs, ou sous les formes respectables de la vertu que, je ne puis cesser de le répéter, les satires et les critiques intempestives et déplacées ont fait ainsi tomber dans le mépris et conspuer.

46. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

un objet trop mondain vu par hasard, un mot trop libre dit sans dessein, une lecture peu modeste faite sans malice, mettent en danger la vertu la plus affermie, et sont très souvent des sources de réprobation : et tout ce que la passion a de plus vif et de plus empoisonné, tout ce que l’art de tenter a de plus fin et de plus poli ; un assemblage de tout ce qui peut séduire, ne sera ni une occasion prochaine de péché, ni un manifeste danger à des gens nourris, la plupart dans une criminelle mollesse, nourris même dans le péché ! […] Mais on n’a nul motif criminel, dit-on ; c’est la curiosité, ce sont les voix, c’est la symphonie qui nous attirent, comme si ces voix, ou cette symphonie pouvaient être séparées des spectacles. […] Et ces Pasteurs lâches et complaisants qui laissent dévorer leurs brébis pour ne les pas retirer du danger, qui ne pensent pas même qu’il y ait du péril ; ces Pasteurs molsc et indolents, qui, par une ignorance criminelle, ou par une complaisance aussi coupable, les laissent paître dans des champs, à la vérité agréables et fleuris, mais où l’air est contagieux, et où elles trouvent la mort dans le pâturage.

47. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE III. Qu'une Mère est très coupable de mener sa fille aux Spectacles. Que c'est une erreur de croire que la Comédie soit destinée à corriger les mauvaises mœurs. Que rien au contraire n'est plus propre à les corrompre. » pp. 65-75

Car pour la galanterie criminelle, certainement il ne l'a pas corrigée. […] N'est-ce pas une présomption criminelle que de croire, « Præsumptio nequissima unde creata es ? 

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