Mais à la bonne heure, me direz-vous, que ceux qui connoissent leur foible, s’en éloignent, en cherchant dans une vie retirée, un asile à leur innocence, & qu’ils ne chargent point les autres du soin de leur salut ; mais ceux qui n’on rien à craindre de ce côté là, ne peuvent-ils pas y assister sans s’en faire un point de conscience ? […] Je fonde, Messieurs, ce danger sur ce que ces spectacles nous mettant devant les yeux tout ce que le monde a de plus contagieux, il est toûjours à craindre que ceux qui y trouvent tant de plaisir, ne se conforment enfin à cet esprit du siecle & du monde, que Saint Paul juge si pernicieux aux Chrétiens, qui y ont si solemnellement renoncé : Nolite conformari huic sæculo. […] Si donc c’est un crime & une espece d’Apostasie, comme nous avons dêja dit, d’aimer & de rechercher les vanitez de ce monde, n’est-ce pas un sujet de craindre qu’on ne les aime, & qu’on ne s’y attache, que de s’y plaire, d’y courir avec ardeur, & d’en faire son plus grand divertissement ? […] Que si ces spectacles nous mettent ainsi en danger de prendre l’esprit du monde, il n’y a pas moins de sujet de craindre qu’il ne nous en imprime les sentimens, & les maximes, sur lesquelles ensuite l’on regle sa vie & sa conduite ; puisque ces spectacles sont comme une école, où l’on enseigne une Morale toute contraire à l’Evangile, & à la Religion. […] Ne me dites point, que vôtre âge, vôtre profession & vôtre état vous mettent à couvert de ce danger ; car cela même est le plus dangereux ecueïl où vous puissiez donner, de croire contre le sentiment de tous les Saints, & contre l’experience de tous les hommes, que vous n’avez rien à craindre des surprises d’une passion, que les Solitaires mêmes, aprés avoir blanchi dans les austeritez de la penitence, ont crû si redoutable, & qui n’ont pû trouver d’autre moyen de s’en défendre, que la fuite des occasions, & des objets capables de l’exciter.
n’est-il pas à craindre qu’elle ne soit de celles des sages du monde, qui ne savent s’ils sont chrétiens ou non, et qui s’imaginent, comme dit encore Bossuet, avoir rempli tous les devoirs de la vertu, lorsqu’ils vivent en gens d’honneur, sans tromper personne, pendant qu’ils se trompent eux-mêmes en donnant tout à leurs plaisirs et à leurs passions ? Mais quand ces hommes, si vertueux et invulnérables suivant eux, n’auraient réellement rien à craindre pour eux-mêmes, n’auraient-ils pas toujours à craindre le scandale qu’ils donnent aux autres ? […] Mais il n’en est pas de même de ceux qui n’y assistent que par curiosité ou par récréation ; ils ne pèchent que véniellement, pourvu qu’ils se proposent de résister à tout mouvement charnel qui peut survenir, ou qu’ils n’aient pas lieu de craindre de se laisser aller à quelques fautes graves. […] Enfin, on y met une autre condition encore : pourvu qu’ils n’aient pas lieu de craindre de se laisser aller à quelques fautes graves. Mais on se persuadera encore ordinairement, pour ne pas dire toujours, qu’on n’a rien à craindre de ce côté-là, et, en attendant, on va s’exposer volontairement, par curiosité ou par récréation, c’est-à-dire sans nécessité, à un danger prochain de péché mortel que l’on ne peut manquer de trouver dans un spectacle notablement obscène.
Ils saisissent le tems où notre Eglise dans le deuil pleure la perte d’un pere également tendre & vigilant ; & la voyant encore dans la viduité, ils se hâtent de prévenir ce qu’ils auroient à craindre du zéle & de la piété de son Successeur. […] & si dans l’yvresse des amusemens & des plaisirs on étouffe tous les remords de la conscience, ne doit-on pas craindre qu’ils ne se réveillent & qu’ils ne deviennent plus cuisans, mais trop tard, à l’heure de la mort ?
Mais toi-même, bientôt, en te rendant justice, N’as-tu pas du Démon reconnu l’artifice, Qui pour mieux préparer son funeste poison, Sait donner à l’erreur un faux air de raison : Content que l’on affecte un dehors de sagesse, Plonge insensiblement les cœurs dans la mollesse ; Et fait du fol amour de si charmants portraits, Qu’on cesse d’éviter et de craindre ses traits ? […] De sa gloire invisible on sent la majesté ; On y craint sa justice, on chérit sa bonté.
Il semblerait que certains fanatiques, voulant se rendre importants et se faire craindre, font parade d’un faux zèle, qui est si indiscret et si orgueilleux, qu’il ne produit que du scandale et nuit essentiellement à la religion. […] Chacun, de toute part, exprimait son mécontentement ; on voyait la foule irritée grossir à vue d’œil, de moment en moment, et l’agitation générale faisait craindre de voir renouveler les désordres et les scènes scandaleuses que produisirent toujours les refus de sépulture.
Il fut errant en Piemont, en Espagne, en Hollande, par-tout connu & craint par son talent dangereux. […] Il craignit que la Cour ne l’approuvat pas ; comme en effet il est peu convenable qu’un homme chargé des affaires de l’Etat se marie dans une Cour étrangere sans la permission de son maître. […] Pourquoi ne pas craindre les autres dangers ? la vertu ne craint-elle qu’un écueil ? […] Dans une ville pestiferée tout le monde n’est pas malade, il suffit qu’un grand nombre des habitans soient atteints de la peste, pour craindre d’y être enveloppé, & devoir s’en éloigner.