Je leur réponds ; qu’ils doivent savoir, que vraiment tous moyens de sauver sa vie ne sont pas licites ; et que suivant les Maximes posées ci-dessus ; le vrai fidèle n’entreprendra jamais rien, dont il n’est résolu, et assuré en sa conscience, ni ne tâchera à sauver la vie terrienne, en hasardant la céleste : Mais qu’ils diffèrent donc ces déguisements, tant que le cas de nécessité le requiertbq : Qu’ils se souviennent, que nécessité n’a point de loi ; Que les circonstances selon les causes, les fins, les temps, et les lieux, rendent les actions, non seulement diverses, mais bien souvent, contraires, comme il appert par les exemples susdits. […] Jusques ici nous avons examiné les Jeux Comiques et Tragiques, par leur matière, et par leur forme, tant extérieure, qu’intérieure, et le tout bien pesé, à la balance qu’il faut, n’avons trouvé que mal, tant au dehors, qu’au dedans ; tant en la circonstance, qu’en la substance ; et les objections contraires se sont montrées froide, ridicules, absurdes : pour achever cette anatomie, ou analyse, il y faut ajouter quelque mot de leur cause efficiente, et de leur cause finale : Celle-là a déjà été touchée au commencement de ce Traité, où a été dit, que le vrai père et cause efficiente de ces Jeux, c’est le Diable ; qui a voulu, que ses fêtes fussent ainsi solennisées ; l’Idolâtrie Païenne, en a été la Mère. […] Nous savons, grâces à Dieu, et ne sentons que trop, ce que demande l’état de la vie humaine en ce monde : Nous ne faisons la guerre, ni à la nature, ni à la société ; nous accordons tout ce qu’on peut alléguer, pour la nécessité des recréations ; mais nous disons, qu’elles doivent être séantes aux Chrétiens, non contraires à Jésus-Christ, ni à son Evangile ; que l’on doit en user selon la raison, non selon notre passion ; que l’on doit viser à ce qui est agréable à Dieu, et convenable à notre profession ; Qu’il faut éprouver et discerner toutes choses, et retenir ce qui est bon : Qu’il faut combattre, et repousser les mauvaises coutumes, et les scandaleux exemples, comme les plus pernicieux ennemis de l’intégrité de nos mœurs : Que si entre les Païens tels exercices de farceries et bateleries, étaient indignes d’un personnage de qualité, voir suffisaient à déshonorer ceux qui s’en mêlaient, il préjudicient bien plus à la gravité et sainteté requises en un Chrétien. […] En premier lieu, nous pourrions alléguer les plus sages d’entre les Païens, et apprendre d’un Sénèque, qu’il n’y a rien plus contraire à l’honnêteté des mœurs, que s’amuser à voir des spectacles, « d’autant , dit-il,que les vices se glissent plus aisément ès esprits par le plaisir qu’on y prend ; et que l’on ne revient jamais avec les mêmes mœurs de la foule d’un théâtre, que l’on y est allé, etc. […] [NDE] leur est contraire.
» Il y a dans ce grand nombre de Pièces qu’on vient de récapituler, quelques vices qui, au premier aspect, paraissent plus réels et plus essentiellement contraires aux bonnes mœurs, comme le libertinage qu’on a prétendu attaquer dans le Festin de Pierre, l’hypocrisie dans le Tartuffe, l’avarice dans l’Avare. […] Le sentiment d’autrui n’est jamais pour lui plaire ; Il prend toujours en main l’opinion contraire, Et penserait paraître un homme du commun, Si l’on voyait qu’il fût de l’avis de quelqu’un. […] Bien loin de corriger, ces Pièces produisent un effet tout contraire. […] Il faut toujours qu’il y ait du transport ; que la jalousie y entre ; que la volonté des parents se trouve contraire, et qu’on se serve d’intrigues pour faire réussir ses desseins. […] C’est dire : cet ouvrage n’est pas bon, parce qu’il est contraire à mes sentiments ; car cela ne veut pas dire autre chose.
Le défaut contraire n’est pas moins funeste aux pièces dragmatiques.
On ne les connaissait pas du tems d’Aristote, puis qu’il dit dans sa Poétique ; « Les noms ne signifient rien, même doubles & séparés, comme Théodore, si l’on désunit les deux noms qui le forment, ni l’un ni l’autre ne signifient rien12. » Je crois avoir prouvé le contraire ; je vais le faire sentir encore mieux par ce même mot Théodore, que notre Philosophe soutient ne signifier qu’un simple nom d’homme.
C’est ainsi qu’après avoir parcouru successivement tout ce qui peut tenir à la gloire comme à le décadence de la Chaire, du Théâtre et du Barreau, et « en comparant chacune de mes idées avec l’idée éternelle du vrai et du juste, j’ai vu qu’il n’y avait de bien que ce qui était utile à la société et conforme à l’ordre, de mal, que ce qui leur était contraire. »(Eloge de Marc Aurèle.
Pour nous, qui n’avons bougé de Lyon depuis, nous sommes assurés du contraire, certains que de tous ceux qui étaient présents en l’action, soit acteur, soit spectateur, aucun n’est mort comme ayant été effrayé du foudre, ou du tonnerre. […] L’approbation des autorités religieuses et judiciaires de la ville est manifestée par l’attestation du Prévôt et des Echevins qui clôt le texte de Gaule : « Nous Prévôt des Marchands et Echevins de la ville de Lyon, qui avons vu un petit discours, en forme d’épître à nous adressé intitulé Conviction véritable […], attestons et certifions en vérité, que le contenu en ladite conviction est aussi vrai (au fait) que ledit récit contraire est diffamatoire et fabuleux ; ne s’étant rien passé en l’action dudit jour 7 août dernier, que de grave, modéré, dévot, édificatif, et convenable au sujet entrepris. […] D’après l’auteur de la Conviction, les pères de l’Eglise n’ont pas condamné le théâtre en tant que tel, mais ils ont seulement critiqué le théâtre païen de leur temps, contraire aux vérités chrétiennes.