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88. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

L’intention des premiers Comédiens était aussi bonne que celle des derniers est mauvaise. […] Mais il est de la dernière indécence de travestir les Saints en Comédiens, et les Comédiens en Saints, de mettre la parole de Dieu dans des bouches infâmes, et les mystères de l’Evangile sur les autels élevés au vice. […] Les ordonnances ne parlent pas de l’usage ordinaire de ces habits, mais je suis persuadé qu’on ne souffrirait pas qu’un Comédien parût dans le monde habillé en Abbé ou en Moine, et une Comédienne en Religieuse. […] Paul, des Docteurs, des Prophètes, des Apôtres ; jamais il n’a envoyé des Comédiens. […] Il est moralement impossible qu’un Comédien, une Comédienne, remplissent un rôle pieux.

89. (1731) Discours sur la comédie « PREMIER DISCOURS SUR LA LETTRE DU THEOLOGIEN DEFENSEUR DE LA COMEDIE » pp. 2-32

Cependant le Concile de Constantinople en 692 ne laissa pas de décerner de grièves peines contre les Comédiens, et contre les Clercs et les Laïques qui assisteraient à leurs spectacles. […] et il verra qu’il est enjoint aux Prêtres d’inspirer aux Fidèles de l’horreur pour les spectacles des Comédiens, aussi bien que pour tous les Jeux déshonnêtes. […] Quel est le Comédien qui ait osé monter sur le Théâtre le Jeudi Saint, le Vendredi Saint et le jour de Pâques ? Non, Messieurs les Comédiens ne le prétendent pas ; et il n’y a que le nouveau défenseur de la Comédie, qui n’excepte aucun jour. […] Et en voici un, qui la tête levée engage les Comédiens à ne fermer jamais leur Théâtre, parce qu’il peut toujours se trouver quelqu’un qui sera bien aise d’en avoir le divertissement.

90. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

avant qu’il y eut des Comédiens, n’aimait-on pas les gens de bien ? […] Qu’a donc l’Homme de Chair de plus que le Comédien ? […] Combien de pieuses personnes pensionnent des Comédiens. […] Le Comédien ne peut faire un pas qu’il ne soit su de toute une Ville. Quelle différence d’un Pasteur à un Comédien, direz-vous !

91. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE VIII. Actes de fanatisme et avanies exercés par quelques prêtres, contre des Comédiens français. » pp. 141-148

Actes de fanatisme et avanies exercés par quelques prêtres, contre des Comédiens français. […] Ces prêtres orgueilleux frappent de réprobation des comédiens, à raison de leur profession d’acteur de comédie, et ils feignent d’ignorer que ces citoyens sont autorisés à exercer leur art sous la protection de l’autorité ecclésiastique et séculière ; mais Dieu vous désapprouve et il vous frappera lui-même, « percutiet te Deus, paries dealbate ». […] Par quels motifs voudraient-ils faire éprouver aux comédiens, à des époques plus ou moins rapprochées, des outrages non mérités ? […] C’est ce que nous avons vu, il n’y a pas longtemps, à l’occasion du décès d’un acteur10, et c’est à cet événement qu’est due la composition du livre intitulé des Comédiens et du Clergé. […] Or, puisque nos souverains, nos lois et nos règlements de police ont fondé des théâtres et créé des comédiens auxquels ils accordent protection, salaire, pensions et honneurs, aucune puissance ecclésiastique, telle qu’elle puisse être, n’a de droits à exercer sur la profession de comédien.

92. (1641) Déclaration du roi

[TITRE] Déclaration du Roy Louis XIII, au sujet des comédiens, du 16 avril 1641Paris, Impr. de SevestreM. […] A ces causes nous avons sait, et faisons très expresses inhibitions et défenses à tous Comédiens, de représenter aucunes actions malhonnêtes, ni d’user d’aucunes paroles lascives, ni à double entente, qui puissent blesser l’honnêteté publique : Et ce fut peine d’être déclarés infâmes, et autres peines qu’il y échera. […] Et en cas que lesdits Comédiens contreviennent à notre présente Déclaration, nous voulons que nos dits Juges leur interdisent le Théâtre, selon la qualité de Faction ; sans néanmoins qu’ils puissent ordonner plus grande peine que l’amende, ou le bannissement. Et au cas que lesdits Comédiens règlent tellement les actions du Théâtre, qu’elles soient du tout exemptes d’impureté ; nous voulons que leur exercice, qui peut divertir nos peuples de diverses occupations mauvaises, ne puisse leur être imputé à blâme, ni préjudicier à leur réputation dans le commerce public.

93. (1764) Comédie pp. 252-254

De sorte qu’on appelle Comédien ; celui qui monte sur un théâtre, et qui par le rôle dont il s’est chargé, aide aux autres à y représenter publiquement quelque Pièce Dramatique, afin de divertir le peuple, et de gagner par là de quoi subsister. […] Licinius, Comédien, connu pour tel, s’étant présenté à Pâques à la Communion, à la vue de tout le monde, son Curé la lui a refusée. […] Puisque ce Comédien est connu publiquement pour tel, son Curé a dû lui refuser la Communion, après néanmoins lui avoir demandé publiquement s’il s’était confessé et avait renoncé pour toujours à sa profession. […] Philométor, Comédien, étant au lit de la mort, et n’ayant pas voulu promettre de renoncer à sa profession, est mort sans recevoir les Sacrements, et a été privé de la sépulture Ecclésiastique. […] Puisque les Comédiens sont excommuniés, infâmes, attachés à une profession criminelle, le Curé de Philométor a fait son devoir en lui refusant les Sacrements, à cause de l’opiniâtreté où il était de vouloir persévérer dans sa profession, et par conséquent il a dû refuser à son corps la sépulture Ecclésiastique ; puisqu’elle n’est due qu’à ceux qui meurent dans la Communion de l’Eglise, et que le Rituel Romain défend de la donner aux pécheurs publics.

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