/ 582
104. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE. De M. Racine au Père Bouhours. » p. 81

Je vous prie de tout mon cœur, d’en vouloir donner un au R. […] Je suis de tout mon cœur, Votre très-humble & très-obéissant serviteur, Racine.

105. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

 » On pardonne tout à qui sait troubler le calme du cœur, on méprise celui qui lui laisse la paix et l'innocence. […] A peine est-elle passée, qu'on se retrouve toujours le même, inquiet, le cœur flétri, dégoûté, fatigué de tant de secousses, et cherchant à se délasser de son plaisir. […] Il attire l'esprit et le cœur au dehors, et les y retient par l'amusement et la volupté. […] L'homme est à lui-même un grand spectacle, dont la scène est dans son cœur, comique par ses défauts, tragique par ses crimes et sa réprobation. […] L'Être suprême, dans la paix et l'élévation de son essence divine, nous donne le plus parfait modèle de ce calme du cœur, de cette grandeur de l'âme que produit la véritable vertu.

106. (1846) Histoire pittoresque des passions « RELIGION » pp. 158-163

Mobile de la plupart des institutions qui ont eu pour but d’influer sur le cœur humain, la religion joua un grand rôle dans l’établissement du théâtre en France. […] Dès qu’on s’écarte des bornes de la sainte morale pour suivre des exercices qui n’en sont ordinairement que les signes, on hâte les graves progrès du fanatisme, qui dévore le cœur d’une ardeur sacrilège, et nous mène au crime ; on néglige insensiblement la raison pour embrasser la cause, et on ne recherche plus l’exercice de la sainte vertu qui nous porte à faire le bien, pour s’appliquer à fuir les moyens qui peuvent nous conduire au vice ; devenant ainsi inutile à la société et à soi-même, et ressemblant parfaitement à ces hommes que Le Dante, dans ses chants, nous peint indignes du paradis, parce qu’ils n’ont rien fait pour le mériter, et que l’enfer même refuse d’admettre parmi les siens, parce qu’il n’aurait aucune gloire de les posséder. […] Mais jetons un coup d’œil rapide sur les ministres d’une religion austère, sur ceux mêmes qui en suivent extérieurement les préceptes, sur tous ceux qui la font servir à leurs lâches projets, soit pour satisfaire leur envie, soit pour protéger leur ambition, et nous trouverons comme compagnes inséparables de leurs caractères : l’insatiabilité, qui les rend avides de richesses, d’honneurs et de vénération servile ; l’égoïsme, qui les porte à tout faire pour eux-mêmes et à ne rien rapporter aux autres ; insensibilité, qui, après avoir endurci leurs cœurs à la vue des maux qui accablent l’humanité, à l’aspect des souffrances qui précèdent la mort, et que, dans leurs exercices, ils sont appelés à contempler, rend leur âme inaccessible aux douces impressions de la vertu et aux charmes de la sociabilité ; la cupidité, qui les rend sévères pour ceux dont la misère réclame des soins qu’elle ne peut assez récompenser, adulateurs et serviles auprès de ceux à qui les richesses et le faste permettent de faire de nombreux sacrifices. […] Ce sont là pourtant les prétendants à la formation des mœurs, les concurrents à la direction de l’enseignement et de l’éducation, les juges de nos secrètes iniquités, les conseillers de nos devoirs envers Dieu et envers l’humanité, les conciliateurs des cœurs, les consolateurs des affligés et les prétendus bienfaiteurs du genre humain !

107. (1646) Science du chrétien « Des comédies. » pp. 638-643

Salvien n’ose seulement en parler, parce que, dit-il, les choses qui s’y font sont, telles qu’on ne saurait les dire ni même s’en souvenir, sans se souiller, et la langue, et le cœur. […] Belle Sentence du grand Arnobe sur ce sujet. « Le comédien raconte les adultères, ou les représente, et le bateleur efféminé, fiche l’amour au cœur des assistants, lors qu’il les contrefait. […] Si vous tenez ferme dans cette volonté, je vous assure déjà de la victoire sur ce sixième ennemi : mais ce n’est pas assez, il faut qu’un cœur Chrétien soit le vainqueur de tout ce qui peut attaquer sa chasteté.

108. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

Les uns n’exercent aucune surveillance sur eux ; il les abandonnent à tous les désirs de leur cœur ; les autres, plus coupables encore, les y poussent aveuglément. […] On ne peut faire réussir une pièce, ajoute Nougaret, qu’en flattant les passions des cœurs corrompus. […] pour rallumer tout leur feu dans un cœur sensible et privé justement alors des grâces, qui les lui auraient fait vaincre. […] Nous avons constaté dans ce petit écrit des faits, qui sont bien propres à éclairer tout, esprit droit, et à toucher tout cœur sincère. […] -C. dans votre cœur par la grâce.

109. (1700) IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, etc. [Sermons sur tous les sujets de la morale chrétienne. Cinquiéme partie] « IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, &c. » pp. 95-126

elle se prend de cette maxime incontestable, & de cette décision reçûë de tous les Docteurs, que c’est déja un peché grief, que de s’exposer volontairement & de gayeté de cœur, à commettre un peché. […] Dans les concerts qui entrent souvent dans ces divertissemens, si ce que l’on chante n’est passionné, & n’amollit le cœur, peut-on seulement les écouter ? […] & pour cela ; qu’ils l’impriment eux-mêmes dans leur cœur, afin de l’exprimer par leurs gestes, & par leurs paroles ? […] Peut-on se figurer que leur cœur en soit fort dégagé, lorsqu’il marque y avoir tant de passion ? ou du moins n’y a-t-il point de danger que leur cœur ne s’y corrompe par le plaisir même qu’ils ont à le voir ?

/ 582