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29. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — Méthode et règlement pour réformer le Théâtre. Avant Propos. » pp. 87-98

Quand on objecte aux Défenseurs du Théâtre l’autorité des Pères de l’Eglise qui l’ont si formellement condamné, ils ne manquent pas de répondre, que ces Spectacles, qui ont attiré l’indignation des premiers Chrétiens, étaient des Ecoles de Paganisme, et qu’ils faisaient partie du culte que les Gentils rendaient à leurs fausses Divinités. […] Mais allons plus loin, et pénétrons les motifs qui ont déterminé nos Docteurs à interdire les Spectacles modernes aux Chrétiens. […] Je crois qu’il n’est pas hors de propos de remarquer aussi que tous les Spectacles des Grecs et des Romains subsistent encore, du moins en partie, parmi les Chrétiens. […] Car enfin, la plupart de ces Jeux, qu’on voit en usage parmi les Chrétiens, ne sont-ils pas une image vivante de ce que nous ont conservé les différents Ecrivains de l’antiquité. […] Je ne m’y oppose pas ; mais cette protection et cet avantage ne doivent être accordés par les Princes, et ne peuvent être mérités par les Comédiens, que temps que le Théâtre sera dans un état tel que les honnêtes gens et les Chrétiens puissent y assister, sans avoir rien à se reprocher.

30. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre III. De la Fable Tragique. » pp. 39-63

Fatime ouvre la Scène, en rappellant à Zaïre, ses sentimens passés pour la Religion Chrétienne. […] Vous êtes née Chrétienne, dit Fatime, cette Croix que vous portez, & dont je vous ai souvent parée, en est la preuve. […] On apprend à Orosmane, que l’Esclave Chrétien, qu’il avoit laissé partir sur sa parole, est revenu. […] D’un autre côté, Fatime est Chrétienne, & il n’est pas dans les mœurs Turques, de confier des enfans qu’ils ne manquent jamais de faire élever dans leur Religion, à des Esclaves Chrétiens. […] Cependant sa gouvernante lui parloit sans cesse de la foi de ses peres ; elle est Chrétienne où Musulmane au gré du Poëte.

31. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXI.  » p. 480

Car le Chrétien n'y peut rechercher qu'un simple délassement d'esprit, qui le rende plus capable d'agir chrétiennement et dans des dispositions chrétiennes. Or tant s'en faut que la Comédie y puisse servir, qu'il n'y a rien qui indispose l'âme davantage, non seulement aux principales actions chrétiennes, comme la prière; mais aux actions mêmes les plus communes, lorsqu'on les veut faire dans un esprit de Chrétien, c'est-à-dire recueilli et attentif à Dieu, qu'il faut tâcher autant que l'on peut, de conserver dans les actions extérieures.

32. (1675) Traité de la comédie « XXI.  » p. 309

Car le Chrétien ne peut rechercher qu'un simple délassement d'esprit, qui le rende plus capable d'agir Chrétiennement, et dans des dispositions Chrétiennes. Or tant s'en faut que la Comédie y puisse servir, qu'il n'y a rien qui rende l'âme plus mal disposée, non seulement aux principales occupations Chrétiennes, comme la prière, mais aux actions mêmes les plus communes, lorsqu'on les veut faire dans un esprit de Chrétien, c'est-à-dire recueilli et attentif à Dieu, qu'il faut tâcher, autant que l'on peut, de conserver dans les actions extérieures; ainsi comme le besoin que nous avons de manger ne fait pas qu'il nous soit permis de manger des viandes qui ne servent qu'à affaiblir le corps; de même le besoin de se divertir ne peut excuser ceux qui cherchent des divertissements qui ne font que rendre leur esprit moins propre à agir Chrétiennement.

33. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Comment donc le Docteur peut-il espérer que Dieu pardonnera à des Chrétiennes, ce qu’il a puni avec tant de sévérité dans des Juives ? […] Aussi était-ce là une des marques par où on reconnaissait les Chrétiens dans les premiers temps de l’Eglise, ainsi que l’assurent les Pères. Et en effet, comment démêler les Chrétiens d’avec les mondains dans des assemblées de divertissements, où il ne peut rester aucuns traits de la Croix de Jésus-Christ, qui est le Signe des Chrétiens ? […] Or des conclusions qui ne sont fondées que sur des principes humains, ne font pas toujours des règles bien sûres pour conduire les Chrétiens dans la voie du Salut, et particulièrement si ces conclusions tendent à favoriser les divertissements et les plaisirs contre lesquels un bon Chrétien doit être toujours en garde. […] Néron autrefois a monté sur le Théâtre, mais nous n’avons point, que je sache, d’exemples de Princes Chrétiens qui se soient piqués de l’imiter.

34. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VII. De l’idolâtrie du Théâtre. » pp. 143-158

Les Empereurs Chrétiens n’y souffraient plus rien d’idolâtrique ; il ne fut plus toléré que comme amusement. […] Le christianisme n’a point changé, il a augmenté ces idées ; l’infamie subsiste, et n’est que plus méritée, puisqu’ils osent se dire Chrétiens. […] Les Empereurs Chrétiens ont suivi leurs traces ; ils ont renversé de fond en comble les monuments de l’idolâtrie. […] On y dégoûte des choses saintes, on y tourne en ridicule les vertus chrétiennes : c’est un nouveau paganisme au milieu de l’Eglise. […] Est-ce à un Chrétien qu’on le tient ?

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