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100. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

Ils étaient Idolâtres ; et nous sommes Chrétiens. […] Et c’est ce que Solon n’aurait pas manqué de dire, s’il eût été Chrétien ; je gage même qu’il en aurait dit autant des fictions, pour peu que Thespis lui eût résisté. […] Mais cela ne veut pas dire qu’on ne puisse mettre sur le Théâtre un héros Chrétien. […] Vous verriez un Capitaine Chrétien assez généreux pour refuser l’Empire qu’on lui avait offert. […] [NDE] Procope fut victime des persécutions de Dioclétien, au début du IVe siècle ; c’est sa mère Théodosie qui le dénonça comme chrétien.

101. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « Instruction chrétienne sur la Comédie. » pp. 443-453

Instruction chrétienne sur la Comédie. […] Je le ferai aussi pour confondre par là, les mauvais Chrétiens et les libertins. […] L’on pourrait néanmoins y apporter d’autres remèdes plus doux, plus Chrétiens, et moins violents. […] qui assurent que l’ancienne croyance de l’Eglise, est qu’aux renonciations du Baptême contre le Démon, ses pompes, et ses œuvres, les Spectacles et les Comédies y sont comprises, et ajoutent, qu’on manquerait beaucoup de conduite d’exorciser d’une part le Démon, si d’ailleurs on laissait aux Chrétiens pleine liberté d’assister à telles occupations, et de renoncer par là à Jésus-Christ, ainsi qu’ils auraient avant fait au Diable. […] que les fidèles employassent une notable partie du temps à ces folies et extravagances, absolument contraires à la profession Chrétienne, et à la loi de Dieu, qui parlant par la bouche de S.

102. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre XI. Que les Poèmes Dramatiques n'ont point été condamnés. » pp. 230-236

C'est donc ainsi que les Chrétiens ont fulminé contre les Jeux Scéniques et contre tous les Mimes et Bateleurs qui n'y paraissaient que pour faire les divertissements du peuple, par des actions et des paroles dignes de la plus grande sévérité des Lois, et qu'ils ont empêché que la sainteté des Chrétiens ne fut souillée par la communication de ces impudences, dont le poison se pouvait aisément glisser dans l'âme par les yeux et par les oreilles : ils n'ont pas traité de la même sorte la représentation des Poèmes Dramatiques, et je ne trouve que fort peu d'endroits qui témoignent ce qu'ils en ont pensé « Comœdiae et Tragœdiae horum meliora Poemata. » Tertull. de Spect. […] En quoi il donne un conseil aux Ecclésiastiques, et non pas un précepte à tous les Chrétiens, autrement il faudrait dire qu'un des plus Saints et des plus doctes Evêques de ce Royaume, qui se faisait lire ordinairement les Comédies de Terence au chevet de son lit, a vécu dans un désordre condamné par les Canons, et que la lecture de Virgile est pernicieuse et criminelle.

103. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « III. Si la comédie d’aujourd’hui est aussi honnête que le prétend l’auteur de la Dissertation. » pp. 5-9

Il faudra donc que nous passions pour honnêtes les impiétés et les infamies dont sont pleines les comédies de Molière, ou qu’on ne veuille pas ranger parmi les pièces d’aujourd’hui, celles d’un auteur qui a expiré pour ainsi dire à nos yeux, et qui remplit encore à présent tous les théâtres des équivoques les plus grossières, dont on ait jamais infecté les oreilles des Chrétiens. Qui que vous soyez, Prêtre ou Religieux, quoi qu’il en soit, Chrétien qui avez appris de Saint Paul que ces infamies ne doivent pas seulement être nommées parmi les fidèlesb, ne m’obligez pas à répéter ces discours honteux : songez seulement si vous oserez soutenir à la face du ciel, des pièces où la vertu et la piété sont toujours ridicules, la corruption toujours excusée et toujours plaisante ; et la pudeur toujours offensée, ou toujours en crainte d’être violée par les derniers attentats, je veux dire par les expressions les plus impudentes, à qui l’on ne donne que les enveloppes les plus minces. Songez encore, si vous jugez digne du nom de Chrétien et de Prêtre, de trouver honnête la corruption réduite en maximes dans les Opéras de Quinault, avec toutes les fausses tendresses, et toutes ces trompeuses invitations à jouir du beau temps de la jeunesse, qui retentissent partout dans ses Poésies.

104. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien premier. Sentiment du reverend Pere Bourdaloue de la Compagnie de Jesus, touchant les Bals & les Comedies en general. » pp. 8-16

Et en effet, c’est de ce principe que naissent tous les jours les relachemens dans la Morale chrétienne. […] Ils parloient à tous Chrétiens comme vous, & ils leur parloient a tous. […] Et ne seroit-ce pas une temerité insoutenable, & ou nul Chrétien de bon sens ne tombera jamais, de prétendre que ces hommes de Dieu se soient tous égarez, qu’ils ayent tous porté trop loin les choses, & que dans le siécle ou nous vivons, nous soyons plus éclairez qu’ils ne l’étoïent ? […] Car du moins si c’étoient les Pasteurs des ames, si c’étoient les Maîtres de la Morale, si c’étoient les Ministres des Autels, les Directeurs, les Predicateurs de la Parole de Dieu, qui maintenant & parmi nous eussent sur la question, que je traite, des principes moins séveres que ceux de toute l’antiquité ; & si ces principes étoient generalement & constamment suivi par la plus saine partie des Chrétiens peut-être seroit-il plus supportable alors d’examiner, de déliberer, de disputer. […] Bourdaloue de la Compagnie de Jesus, dans lesquelles je n’ai rien trouvé que de très conforme à la pureté de la Foi & de la Morale Chrétienne.

105. (1733) Traité contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE TRAITÉ. CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 247-261

 » Tertullien fait apparemment allusion au triste état où se trouvaient les chrétiens dans le temps des persécutions : on les regardait comme des victimes dévouées à la mort. […] Je n’ai pas entièrement suivi ce que dit Pamélius dans l’argument de ce livre ; parce qu’il n’est pas vraisemblable que les gentils proposassent jamais à un chrétien la comédie, ou les autres spectacles ; comme un moyen propre pour s’instruire à braver la mort. […] Les folies du carnaval parmi les chrétiens ont malheureusement succédé aux fêtes lupercales des païens. […] Les chrétiens étaient accusés d’une cruelle inhumanité ; savoir, d’égorger dans leurs sacrifices un petit enfant, et de se nourrir ensuite de sa chair : « Dicimur sceleratissimi de sacramento infanticidii, et pabulo inde ». […] Il me souvient d’avoir lu que les premiers chrétiens répondaient amen à la fin de ces paroles corpus domini nostri, etc.

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