Ainsi appliquant ce motif au sujet qui se presentait ; et voulant aussi calmer le Peuple et maintenir la tranquillité des spectacles, il permit par « Sentence à ces Comédiens Forains de jouer pendant la Foire saint-Germain seulement, et sans tirer à conséquence ; à la charge de ne représenter que des sujets licites et honnêtes, qui n’offençassent personne : comme aussi à condition de payer par chacune année qu’ils joueraient deux écus aux Administrateurs de la Confrérie de la Passion, Maîtres de l’Hôtel de Bourgogne : Et par la même Sentence faisant droit sur les Conclusions du Procureur du Roi, il fit défenses à toutes personnes de quelque condition qu’elles fussent, de faire aucune insolence en l’Hôtel de Bourgogne lorsque l’on y représenterait quelques jeux, d’y jeter des pierres, de la poudre, ou autres choses qui pussent émouvoir le Peuple à sédition, à peine de punition corporelle ; et que cette Sentence serait publiée à son de Trompe devant l’Hôtel de Bourgogne, un jour de Comédie, » et aux lieux que besoin serait ; ce qui fut exécuté. […] Mandons aux Commissaires du quartier, en cas de contravention, d’en informer, de se transporter sur le lieu toutes fois et quand il sera nécessaire ; et au premier avis qui leur en sera donné, même de faire arrêter ceux qui auront fait ou excité quelque violence ou désordre, et contrevenu à la présente Ordonnance ; laquelle sera exécutée selon sa forme et teneur, nonobstant oppositions ou appellations quelconques, et sans préjudice d’icelles, lue, publiée et affichée par tout où besoin sera, afin que personne n’en puisse prétendre cause d’ignorance. […] Et sera la présente lue, publiée à son de trompe et cri public, et affichée en tous les lieux de cette Ville et Faubourgs que besoin sera, afin que personne n’en prétende cause d’ignorance, et exécutée nonobstant oppositions ou appellations quelconques, et sans préjudice d’icelles. […] Mandons aux Commissaires du quartier de se transporter sur le lieu, toutefois et quand il sera nécessaire, et au premier avis qui leur en sera donné ; même de faire arrêter en quelque lieu que ce soit ceux qui leur seront indiqués, et qui auront fait ou excité quelque violence ou désordre, et contrevenu à la présente Ordonnance ; laquelle sera exécutée selon sa forme et teneur, nonobstant oppositions ou appellations quelconques, et sans préjudice d’icelles, lue, publiée et affichée par tout où besoin sera, afin que personne n’en puisse prétendre cause d’ignorance. […] majesté étant informée qu’au préjudice des défenses ci-devant faites d’entrer aux Comédies et Opéra sans payer, et d’interrompre le divertissement du Public, quelques gens y ont depuis contrevenu : Sa Majesté a de nouveau fait très expresses inhibitions et défenses à toutes personnes, de quelque qualité et condition qu’elles soient, même aux Officiers de sa Maison, ses Gardes, Gendarmes, Chevaux-Legers, Mousquetaires et autres, d’entrer aux Comédies et Opéra sans payer, et à tous ceux qui y seront entrés, d’interrompre les Comédiens en quelque sorte et manière que ce soit, ni d’y faire aucun désordre, soit pendant les Représentations, ou Entre-Actes, soit devant ou après l’entrée auxdites Comédies et Opéra ; à peine de désobéissance : Enjoignant au Sieur d’Argenson, Conseiller du Roi en ses Conseils, Maître des Requêtes Ordinaire de son Hôtel, Lieutenant Général de Police de sa bonne Ville de Paris, de tenir la main à l’exécution de la présente Ordonnance, qui sera affichée par tout où besoin sera.
Le public comprend trois classes : le bas peuple, dont le goût et l’esprit ne sont point cultivés, et n’ont pas besoin de l’être, mais qui, dans ses mœurs, n’est déjà que trop corrompu et n’a pas besoin de l’être encore par la licence des spectacles ; le monde honnête et poli, qui joint à la décence des mœurs une intelligence épurée et un sentiment délicat des bonnes choses, mais qui lui-même n’a que trop de pente pour des plaisirs avilissants ; l’état mitoyen, plus étendu qu’on ne pense, qui tâche de s’approcher, par vanité, de la classe des honnêtes gens, mais qui est entraîné vers le bas peuple par une pente naturelle.
Point de reproches, point de réprimandes point d’humeur ; tout cela est banni de mon plan Je sais quelle est votre attention à ne pas quitter, lorsqu’on l’abandonne, une Nièce qui vous est chère ; c’est une suite de votre tendresse pour elle : mais je vous engage, dans les circonstances présentes, à lui laisser la liberté de la solitude, elle en a besoin ; à ne rien dire dans les entretiens que vous aurez devant elle avec monsieur D’Alzan, qui puisse augmenter ses inquiétudes ; il faut au contraire les dissiper. […] J’exagère nos craintes, mon amie, pour le mieux persuader, & te procurer toute la liberté dont tu peux avoir besoin.
Jérôme,13 « ne virginalis pauperculæ societate contempta, ditioris adulteræ quærat amplexus » ; Ce qu’Hincmar assure que les Conciles n’estiment pas être un moindre mal que la réitération du baptême ou de l’ordination. « Sed et colligendum est, dit-il, quam grande scelus sit hujusmodi translatio (qui se fait sans un besoin pressant ou une utilité publique de l’Eglise) quæ rebaptizationi et reordinationi comparanda conjungitur. […] Je n’ai pas besoin, mes Pères, d’examiner la 3. condition d’une légitime translation, qui est qu’elle ne se fasse que par obéissance, et l’Evêque y étant comme forcé, maxima exhortatione , dit le Canon Apostolique.
Ce n’est donc ni le besoin de la fable, ni l’instruction des spectateurs, encore moins l’intérêt de la vertu, qui fait mettre de la galanterie ; c’est le besoin du vice (affreuse verité) on ne met l’amour que pour l’amour, le vice seul le rend nécessaire au spectateur libertin : Trahit sua quemque voluptas. […] Est-il besoin de dire que les filles du beau monde seroient long-tems célibataires ? […] Il y a partout des remedes à la fievre, autre que le Qunquina, & en Amérique on a besoin du Quinquina comme en France ; avant sa découverte, Galien, Celse savoient guérir de la fievre. […] Les apologies du théatre ne roulent, & ne peuvent rouler que sur le besoin qu’a le peuple de quelque amusement ; besoin dont la coutume a fait une nécessité ; faute de quoi il tombera, dit-on, dans les plus grands désordres. […] On auroit donc beau dire le public a besoin de spectacle, la coutume lui en fait une nécessité, le Prince est forcé de le tolérer.
Quoi qu’il en soit, Monsieur, nous avons trop besoin de plaisirs, pour nous rendre difficiles sur le nombre ou sur le choix. […] Mais la raison ayant à combattre en nous des passions qui étouffent sa voix, emprunte le secours du Théâtre pour imprimer plus profondément dans notre âme les vérités que nous avons besoin d’apprendre. […] Ce n’est pas dans la prospérité ni dans l’élévation qu’on a besoin d’apprendre à l’aimer, c’est dans l’abjection et dans l’infortune. […] C’est en effet ce besoin, et non pas, comme on le croit communément, un sentiment d’inhumanité qui fait courir le peuple aux exécutions des criminels. […] Corruption pour corruption, celle qui laissera aux Genevois leur argent dont ils ont besoin, est préférable à celle qui le fait sortir de chez eux.