Neptune corrompit la belle Meduse dans le temple, & aux pieds des autels de Minerve. […] Les autres sont moins estimés, quoique aussi beaux, parce qu’ils flattent moins la passion. […] Il manqueroit quelque chose de bien essentiel à l’art de la toilette, si l’on n’avoit l’art de composer un beau fard. […] Dubuisson, Perruquier-Coëffeur, fabrique un beau rouge superfin qui ne gâte point la peau. […] & devient plus beau peu de tems après qu’on l’a appliqué.
Il est plus ordinaire de trouver beau ce qui ne l’étoit pas, que médiocre ce qui est beau. […] Il est à la vérité une espéce de beau, au-de-là de laquelle l’esprit humain s’égare & se perd. […] Le beau est un Protée qui semble ne changer de forme que pour dérober son éclat. […] Si l’empire du beau n’a de bornes que celles de la nature entiére, comment cinquante Poëtes que nous comptons tout au plus, en auroient-ils pu tarir les sources ? […] La critique, si susceptible de prévention, si facile à séduire, prend trop souvent le faux merveilleux pour le beau.
Il est vraisemblable que les Ægyptiens, les Assyriens & les autres Peuples, qui ont brillé dans les premiers tems, par leurs belles inventions, ont eu des Spectacles. […] Virgile a fait un beau Poéme, l’Iliade en est un grand. […] Les Auteurs des plus belles idées, n’étant plus depuis longtems, semblent remettre la postérité dans le droit de se les approprier à son tour. […] Dans son plus beau siècle, sous Auguste, Rome connoissoit à peine la Tragédie. […] On m’objectera sans doute que Rome, jusqu’à Auguste, n’avoit point connu l’Epopée, & que cela n’empêcha pas que Virgile ne fît un beau Poéme épique.
Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat Je suis de l’avis de ceux qui pensent que les bons citoyens dans leur belles pièces sérieuses peuvent inspirer, entretenir et fortifier l’amour pour la patrie et des sentiments de courage, de justice, et de bienfaisance ; je crois de même que dans leurs pièces comiques ils peuvent inspirer du dégoût et de l’aversion pour la mollesse, pour la poltronnerie, pour le métier de joueur, pour le luxe de la table, pour les dépenses de pure vanité, pour le caractère impatient, chicaneur, avaricieux, flatteur, indiscret, hypocrite, menteur, misanthrope, médisant, en un mot pour tous les excès qui font souffrir les autres et qui rendent les vicieux fâcheux et désagréables pour plusieurs des personnes avec qui ils ont à vivre. […] Je sais bien qu’un nouvel Auteur peut traiter le même sujet que l’ancien, mais de peur de passer pour plagiaire, il évitera de copier les plus belles scènes et de se servir des plus beaux vers ; il fera peut-être mieux à tout prendre que l’ancien Auteur, qui a traité le même sujet, mais sa pièce aurait été beaucoup meilleure, s’il avait pu sans scrupule et sans rien diminuer de sa réputation se servir de tout ce qu’il a trouvé d’excellent dans l’ancienne pièce ; or pour cela il faudrait qu’il lui fût imposé par un prix proposé de perfectionner telle pièce, alors il ne perdrait rien des beautés de telle pièce de Corneille, de Racine, de Molière et de leurs successeurs, ou s’il se trouvait forcé de perdre quelques-unes de ces beautés, il leur en substituerait de plus grandes et y en ajouterait de nouvelles. Il y a un autre grand obstacle à l’exécution de ce projet, c’est que l’Auteur qui serait capable de perfectionner une des plus belles pièces de Molière est capable d’en faire lui-même une nouvelle qui sera bonne, mais moins bonne que celle de Molière perfectionnée, et que pouvant se donner le titre d’inventeur il ne se contentera pas du titre de Perfectionneur, à moins que par une récompense honorable et utile telle que serait un prix proposé, il ne soit dédommagé par une pension du sacrifice qu’il fait au public, de donner son temps et son talent à perfectionner l’ouvrage d’autrui et à préférer ainsi l’utilité publique à sa réputation particulière. […] Cette pièce réformée porterait le nom du Réformateur jusqu’à ce qu’elle fût elle-même un jour réformée quelques années après sa mort ; il est aisé de voir que les ouvrages excellents ne périraient pas faute de quelques retranchements et de quelques additions nécessaires pour les rendre aussi beaux et plus utiles dans le siècle suivant qu’ils l’étaient dans le siècle précédant ; car il faut toujours faire en sorte que les spectacles se perfectionnent à mesure que la raison humaine se perfectionne, et la meilleure manière d’avancer beaucoup en peu de temps vers la perfection, c’est de se servir de ce qu’il y a de bon dans les ouvrages des morts, en diminuant ou corrigeant ce qu’il y a de défectueux, et en embellissant ce qu’il y a de beau. […] Quand les poètes comiques auront pris soin de jeter de la haine, du mépris, ou du ridicule sur les crimes, sur les vices et sur les défauts que produit ou l’injustice, ou la paresse, ou la vanité, il sera bien plus facile aux Poètes sérieux de mettre en œuvre à l’égard des spectateurs le ressort ou le motif de la belle gloire ; car il faut bien que l’homme marche vers quelque espèce de gloire, ou de distinction entre ses pareils ; c’est son penchant naturel, c’est un de ses grands plaisirs de se sentir distingué parmi ceux avec qui il a à vivre ; ainsi quand les bons Comiques nous auront bien dégoûtés de toutes les sortes de distinctions qui gâtent le commerce, nous marcherons naturellement vers la distinction vertueuse qui naît de l’acquisition des talents et de la pratique des vertus qui rendent le commerce agréable.
Elle recevoit tous les ornemens que la magnificence des Magistrats vouloient faire ; & tantost elle faisoit paroistre de beaux morceaux d’Architecture, de Perspective ou de Païsage. Quelquefois mesme ces Edifices quoy qu’ils ne fussent que de bois, offrirent aux yeux des Spectateurs de si belles choses, que l’on se passoit fort aisément de tout autre ornement. […] Le premier fut de Marbre, le second de Verre, & le troisiéme de la plus belle dorure. […] Le plus souvent toutefois le bastiment estoit effectif, & d’un bel ordre d’Architecture, Buleng. 3 hic. c. […] Les Machines ont esté sans doute parmy eux fort ingenieuses : & il en est des descriptions plus belles que croyables.
Ne vous enquérez d’Isabelle, Si son âme divine et belle Etait de toute éternité : Si elle fut aussi savante, Toute sage et toute éloquente, Portraite en la divinité. […] Puis ayant cet esprit agile Recouru le premier mobile, Et vu l’heureux trône des Dieux Il passe les deux Hémisphères, Et revolant sur les neuf Sphères, Apprit le bel ordre des Cieux. […] Ainsi cette fleur sans pareille, Ce Parnasse, et Ciel de merveille, Vint illuminer nos […]l D’une flamme si pure et belle Que les Dieux font par Isabelle, Reluire leurs divinités.